Veolia et la SNCM, ça s'en va et ça revient

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le 28 Mar 2012
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Veolia et la SNCM, ça s'en va et ça revient
Veolia et la SNCM, ça s'en va et ça revient

Veolia et la SNCM, ça s'en va et ça revient

Après avoir fusionné il y a à peine un an sa filiale transport, Veolia Transport, avec celle de la Caisse des dépots, Transdev, pour créer un géant des transports ( Veolia Transdev) de plus de 8 milliards de chiffre d'affaires, Veolia environnement a décidé à la fin 2011, à la surprise générale, de se désengager de cette activité. C'est le virage stratégique insufflé par le nouveau PDG Antoine Frérot, avec l'idée de désendetter son groupe en sortant de cette activité très gourmande en cash, pour se recentrer sur les trois autres métiers de la multinationale : la propreté, l'énergie et l'eau.

Frérot s'est battu pour faire accepter cette stratégie à la fois en interne mais également auprès de ses actionnaires. Peu nombreux étaient d'ailleurs ceux qui pensaient que Frérot allait pouvoir trouver quelqu'un pour prendre la place de son groupe dans Veolia Transdev. La Caisse des dépôts avait donné son accord pour passer de 50 à 55% dans sa filiale, mais pas au-delà. Pourtant, Cube, un fonds d'investissement basé au Luxembourg et appartenant à Natixis, est en négociation avancée pour reprendre tout ou partie de la participation de Veolia Environnement dans Veolia Transdev. Si cet accord devait se concrétiser, ce serait une très belle victoire pour Antoine Frérot. C'est d'ailleurs en partie grâce à cette annonce qu'il a réussi à sauver son poste le mois dernier suite au putsch monté – et royalement- raté – par son ex patron, Henri Proglio.

Les futurs  actionnaires de Veolia Transdev ne veulent pas de la SNCM

Mais dans ce deal à quelques milliards, il y a un actif dont Cube ne veut absolument pas entendre parler, c'est la SNCM, dont Veolia Transdev possède 66% depuis la privatisation de l'armateur marseillais en 2005, aux côtés de l'Etat (25%) et du personnel (9%). Les auditeurs de Cube n'ont pas eu besoin de passer des heures en data room pour comprendre que la SNCM n'était pas un cadeau, et qu'on se dirigeait plus vers un scénario à la Seafrance qu'à la croisière s'amuse.

Du coup, Veolia environnement, après avoir tout fait pour l'éviter, va devoir sortir du deal sa compagnie maritime et reprendre en direct la participation de 66 %. C'est un scénario qui fuite depuis quelques heures du boulevard des Dames, siège marseillais de la SNCM, mais aussi de l'avenue Kléber à Paris, siège de son actionnaire. Et d'ailleurs Gérard Couturier, le président du conseil de surveillance de la SNCM et patron de Veolia transport dans la région l'a dévoilé du bout des lèvres ce matin lors d'une rencontre organisée par le club économique de La Provence. Une information qui n'a pas pour l'instant pas été reprise, mais qui, si elle se confirmait, serait un rebondissement de plus dans la vie mouvementée de la SNCM.

Retenez-moi ou je fais un malheur 

On rappelle en effet que la semaine dernière, l'assemblée territoriale corse a lancé un projet de nouvelle délégation de service public de continuité territoriale maritime entre la Corse et le continent. Jusqu'à présent, la SNCM touchait 74 millions d'euros annuels de subventions de l'assemblée corse – et son partenaire la Méridionale 28 millions – pour faire traverser leurs navires toute l'année entre Marseille et cinq ports corses. Une enveloppe dont le montant de 110 millions est gelé par l'Etat, et sur laquelle, en plus, les élus corses cherchent à faire des économies pour financer leurs projets aériens et ferroviaires eux aussi très gourmands. Pas vraiment une bonne nouvelle alors que les prix du carburant ont flambé.

Et ça tombe bien, comme le tribunal administratif de Marseille a annulé la dernière DSP, suite à une plainte de Corsica Ferries, l'occasion de passer la SNCM à la moulinette est idéale. La nouvelle DSP prévoit de supprimer 35 millions d'euros de subventions chaque année, ce qui signifierait pour la SNCM un plan social de plusieurs centaines de marins. Une bombe, cette fois difficile à désamorcer sur le port de Marseille, et vraisemblablement la mort à terme de la compagnie. Et malgré leurs discours assurés, les élus corses, dont au premier chef le rusé président exécutif de l'assemblée territoriale Paul Giacobbi (Radical de gauche), savent que personne n'a vraiment envie de prendre la responsabilité d'un tel maelstrom, surtout si un autre homme de gauche, François Hollande, arrive dans quelques semaines à l'Elysée.

Hollande à la rescousse ?

Démarrer par un nouveau Seafrance à Marseille, c'est pas terrible, terrible, pour inaugurer un quinquennat. Avec un autre petit souci : l'autre président de l'assemblée corse, même si il n'est pas exécutif, Domique Bucchini, est le seul président d'une région française issu du Front de Gauche. On le voit mal aller expliquer à ses amis marseillais de la CGT Marins, pourquoi il leur a fait un si beau cadeau. Du coup, François Hollande, qui était le week-end dernier en Corse, et Paul Giacobbi ont évoqué le sujet – ce qui nous a été confirmé par l'entourage du candidat socialiste à la présidentielle – avec l'idée d'obtenir une rallonge à l'enveloppe territoriale si son allié socialiste arrivait le 7 mai avenue du Faubourg Saint-Honoré. Et comme Giacobbi est au mieux avec Sarkozy, qui doit aussi venir en Corse dans quelques jours, nul doute qu'il ira lui taper aussi un peu d'argent. È cu u buccòne ch' ómu piglia a pèscia (c'est avec de l'appât qu'on prend la truite) comme on dit en Corse.

Après, il faudra simplement que cette rallonge puisse bénéficier à l'armateur marseillais ce qui est très, très loin d'être acquis, la SNCM n'étant pas très populaire auprès des Corses. Pour le dire gentiment. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'élu territorial communiste Michel Stefani, défenseur acharné du service public dans les transports corses et proche de Dominique Bucchini, s'est battu pour faire passer quelques petits amendements dans le projet de nouvelle DSP, passés plutôt inaperçus mais qui pourraient permettre à la SNCM, si bien sûr elle remportait le nouveau l'appel d'offres, d'éviter trop de casse. Sous réserve que le futur président de la république, sorte le carnet de chèque. Et rien n'est moins sûr. En attendant la nave va, avec de nouveau Veolia à la barre. 

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Commentaires

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  1. Ricou 24. Ricou 24.

    Pierre encore une fois un excellent travail,simple mais très clair et complet.
    Vive Masactu Pierre ,il faut faire connaître Votre journal à tous les Bucho Rhodaniens avec une campagne de pub,il le mérite.

    Ricou 24.

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  2. Olympien Olympien

    Cher Mr Boucaud,
    Comme a chacun de vos articles sur la SNCM, on se demande a quel vous jouez : votre société Raj Médias gère le blog de la SNCM, blog mis en place a l initiative de Marc Dufour et qui est un des outils de communication de sa stratégie de démantèlement de l entreprise (mission confiée par l Etat); ensuite vous écrivez des articles pour 24 ÖRE, magazine Corse dont l un des actionnaires fondateurs est la Corsica Ferry. Votre indépendance et votre impartialité sur le traitement des sujets concernant la SNCM peuvent donc être mis en doute (d autant plus pour les salaries qui connaissent la réalité de la situation) sachant que vous êtes rémunère par Marc Dufour et Pierre Mattei, 2 des principaux fossoyeurs du service public maritime sur la Corse.

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  3. Ricou 24. Ricou 24.

    merci lucide

    Ricou 24.

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  4. jardin jardin

    QUEL SENS TOUT CELA A T-IL?
    Les informations que vous publiez donnent elles un espoir aux centaines d’employés de cette compagnie menacés de perdre leurs emplois ou bien est-ce une confirmation de nos post sur le “naufrage organisé de la SNCM”?
    Décidément, les dès sont particulièrement pipés.
    Le retour “en direct” de VEOLIA ENVIRONNEMENT est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle?
    Pourquoi Hollande viendrait-il “à la rescousse”? Sachant que le PS (en Corse et en PACA joue un double jeu.
    Quel est le “grain à moudre”?
    Et toujours la même question “sans réponse”: qui protège la Corsica Ferries? Nous posons la question du qui, mais nous avons la réponse du Pourquoi? c’est pour permettre l’exécution du scénario du naufrage.

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