Un projet de stade à l’Estaque incarne les rêves de grandeur de l’Athlético Marseille

Décryptage
le 16 Août 2018
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Alors que Consolat, équipe de quatrième division, s'est mué durant l'été en Athlético Marseille, le club rêve d'une enceinte de 20 000 places, à l'Estaque. Mais le chemin pour y arriver est encore très long.

Dessin Philippe Puvieux.
Dessin Philippe Puvieux.

Dessin Philippe Puvieux.

Samedi à 18 heures, le GS Consolat relooké en Athlético Marseille joue son premier match à domicile de la saison de National 2, la quatrième division, contre l’US Endoume au stade de La Martine (15e). Mais le club de foot ancré dans les quartiers Nord rêve déjà d’autres derbys, avec l’OM en Ligue 1. Derrière ce nouveau nom aux accents espagnols, se dessine le projet souvent fantasmé d’un second club de foot professionnel à Marseille. Et pour l’accompagner, les dirigeants imaginent une nouvelle enceinte rien qu’à eux, à l’Estaque. Ce stade fantasmé de 20 000 places est l’image de communication la plus forte pour incarner le projet.

À lui seul, un tel équipement pourrait obliger la Ville à repenser l’aménagement du quartier, en terme de transports notamment. Pour l’Athlético, “cet outil permettra au club d’être aux normes en cas d’accession en Ligue 2 ou Ligue 1, mais aussi de créer une source de revenus supplémentaires sur le plan économique”, avance la présentation du projet sur son site. Mais pour l’heure, ce n’est qu’un dessin sur papier glacé de l’architecte marseillais Philippe Puvieux, une corolle posée face à la mer sur l’actuel stade Jean-Jacques-Vernazza à deux pas du lycée professionnel de l’Estaque. “En réalité, ce sont des tuiles que rappelle la couleur intérieure rouge. Il y avait à cet endroit une ancienne tuilerie”, corrige Rachid Yahiaoui, le nouveau président de l’association sportive.

De nouveaux investisseurs attendus mais pas Riner

L’actuel stade Jean-Jacques Vernazza. Photo Mathilde Ruchou

Ce doux rêve doit être rendu possible par l’arrivée d’une série d’investisseurs. Les anciennes stars de l’OM Souleymane Diawara, dont la société dirige la SAS Athlético Marseille créée en parallèle de l’association sportive et Mamadou Niang, conseiller du président, sont déjà de la partie. D’autres investisseurs devraient compléter le tableau. Là encore, des noms pailletés sont lâchés comme ceux de l’animateur télé Cyril Hanouna ou de la star du judo Teddy Riner. “Teddy est un ami mais ne viendra pas car il est sous contrat avec le PSG judo et il ne peut pas s’engager avec un autre club de football. Quand à Cyril, il communiquera dans les semaines qui viennent”, explique Rachid Yahiaoui. Enfin, une association est souhaitée avec un opérateur immobilier. “Nous échangeons avec des professionnels très solides. Si ce n’était pas le cas, nous ne nous lancerions pas”, veut rassurer le président de l’association.

Cette présentation clinquante a été faite il y a quelques mois à la Ville de Marseille par l’intermédiaire de son adjoint au sport, Richard Miron. Celui-ci avoue avoir porté un regard bienveillant sur “ce projet privé porté par le privé qui semble plus structuré que ce que l’on voit d’habitude”. Qui plus est, il n’est pas question d’argent public, ce qui ne peut que satisfaire une mairie qui doit déjà rembourser le fort coûteux stade Vélodrome. “Nous ne demanderons rien à la mairie de Marseille en terme de financements”, redit à Marsactu Rachid Yahiaoui.

“Un projet immobilier avec un stade au milieu”

L’investissement n’est pourtant pas mince, “entre 40 et 50 millions d’euros” évalue l’élu quand les porteurs de projet attendent des études pour se prononcer. Et c’est un véritable complexe immobilier qui est imaginé. “Ce stade sera un pôle d’activités majeur (hôtel, résidences et commerces) ainsi qu’un véritable lieu de vie pour les entreprises locales, les associations et les jeunes créateurs d’entreprise”, avance le club sur son site. “C’est un projet immobilier certes mais avec un stade au milieu, on n’a pas vraiment de raison de dire non d’emblée, c’est bien pour Marseille, pour l’économie, pour le sport, pour le foot”, résume pour sa part Richard Miron.

De là à voir la première pelleteuse débarquer au stade Vernazza, le chemin est encore très long. D’abord, le plan local d’urbanisme devrait être modifié pour permettre un tel équipement. Surtout, il faudrait trouver un accord avec la Ville pour le rachat du terrain. “Ils espèrent une mise à disposition d’un terrain mais ça ne marche pas comme ça. Ces ventes sont très réglementées et il faudra une mise en concurrence pour ce genre de projet, tempère Richard Miron. Ils sont très enthousiastes mais je ne crois pas qu’ils mesurent le temps administratif qu’il faut pour ce genre de projet.”

Pour l’heure, aucune rencontre n’a encore eu lieu avec les services d’urbanisme. Une chose est sûre, rien ne pourrait se faire sans garantie d’investissements. L’épreuve de vérité économique du nouvel Athlético Marseille sera là.

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Commentaires

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  1. Cyrille Cyrille

    Le projet d’extension de la ligne de tramway Nord jusqu’à Saint-André pourrait être une manière pour la part publique d’accompagner ce projet…

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  2. Alceste. Alceste.

    Et puis nous pourrions aussi faire un téléphérique pour aller à Notre Dame de la Garde.

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  3. lilicub lilicub

    Pourrait-on savoir quelle est l’équipe de maitrise d’oeuvre qui est derrière ce projet de stade afin d’en identifier le réseau économique et politique. Merci d’avance à masactu

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  4. LaPlaine _ LaPlaine _

    Dans le contexte actuel et vu le niveau de ce club (fort sympathique au demeurant) ce projet me laisse perplexe…

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  5. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Un “projet immobilier avec un stade au milieu” financé à 100 % par de l’argent privé : on comprend que la nullicipalité de cette ville sans politique foncière et où tout s’achète, y compris les modifications du PLU, le regarde avec “bienveillance”…

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  6. Thomas McCumber Thomas McCumber

    Le terrain pressenti ( l’actuel stade de l’Estaque situé en fait à Saint-Henri) n’est pas une ancienne tuilerie mais bien une ancienne carrière de tuilerie avec des résurgences d’eau entre les couches d’argile et de gravats. Il est absolument inconstructible. Les promoteurs s’y sont déjà intéressés il y a quelques années et n’ont pu construire du logement qu’en périphérie. Alors, un stade de 20 000 places là ? Délirant et inimaginable sur ce site.

    Et qu’est-ce qu’il dit l’architecte des quelques 10 000 places de parking à trouver alors que les résidents peinent à garer leur voiture près de chez eux ?
    Faut arrêter de délirer …..

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  7. gabeloupasfou gabeloupasfou

    Curieux que cette annonce de projet de stade sur le site officiel

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  8. meriem24 meriem24

    Quid du stade de foot actuel et du terrain de basket, équipements publics au service notamment des établissements scolaires en face : Lep et Collège.
    Projet ambitieux , mais apparemment pas de concertation avec les habitants de L’Estaque….
    Si l’Athlético Marseille mérite bien évidemment une belle structure, tout comme Marseille un autre véritable stade de foot, il y avait un endroit plus favorable sur les terrains au Grand Littoral où le problème du stationnement de 20000 personnes serait sans doute plus facile à gérer.
    On aimerait bien que des grands noms du sport français se mobilise pour la rénovation de la piscine Nord

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  9. petitvelo petitvelo

    Un partenaire dans le bâtiment saura certainement construire un stade à vil prix contre un renvoi d’ascenseur municipal: une concession prolongée par exemple … ou le marché des infrastructures publiques rendues nécessaires par ledit projet :o)) Non, bien sûr ce serait illégal.

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  10. Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

    Avec trois divisions à monter et une affluence moyenne de 1000 spectateurs, l’Athletico à un peu de temps devant lui. Mais pour la folie des grandeurs, il est déjà en ligue 1, gros ! #oueskonva #keskonfait

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