S'il y va, Gaudin fera campagne contre le gouvernement

S'il y va, Gaudin fera campagne contre le gouvernement

De mémoire d'un observateur assidu des conseils municipaux, la séance de ce matin est à ranger parmi les plus agitées. Avec 306 rapports à l'ordre du jour, elle a progressivement dérivé pour finir, au bout de 6 heures, dans le brouhaha le plus complet. Maire et donc président de séance, Jean-Claude Gaudin a dû ferrailler entre la volonté d'expression d'une opposition au bout de son temps de parole et une majorité pressée d'en finir.

"Vous résumez hein, ne lisez pas votre feuille", a lancé, prévenant, le maire à la conseillère municipale Europe écologie – les Verts Nicole Hugon. "Allez il faut tirer la charrue", a-t-il ensuite maintes fois répété pendant la séance. Président du groupe Faire gagner Marseille, Christophe Masse (PS) est allé au pied du perchoir négocier une intervention sur les rythmes scolaires, dossier important remisé en fin de conseil.

"Vous me ferez passer votre intervention"

Inutile de dire que la qualité du débat s'en est ressentie. Aux deux tiers du conseil, beaucoup ne tenaient déjà plus en place. Christian Pellicani (PCF) a le premier essuyé les foudres du chahut pour avoir largement étendu la minute qui lui avait été accordée, lisant in extenso son intervention sur les transports. Et ce n'est qu'en s'égosillant que son homologue socialiste Nathalie Pigamo a pu aller au bout de la sienne sur la subvention à la fête de la musique.

"Vous me ferez passer votre intervention", a fini par répondre Jean-Claude Gaudin aux élus qui souhaitaient prendre la parole. "On ne peut plus se permettre d'avoir des conseils municipaux avec plus de 300 rapports, avec le vote du budget, les rythmes scolaires, le plan de déplacements urbains, réagissait Christophe Masse à la sortie. C'est un déni de démocratie, on en a assez d'être pris pour des imbéciles."

Marsactu avait déjà noté – à propos de la communauté urbaine – la faiblesse du nombre de conseils comparé aux autre grandes villes de France. En attendant une éventuelle augmentation de la fréquence des conseils municipaux, Christophe Masse prévient qu'"à partir de maintenant tous les rapports nous parvenant hors délai seront considérés comme hors du débat". Il a écrit mardi un courrier au maire dans ce sens.

La droite se délecte des primaires

À la décharge de la majorité municipale, les interventions se multiplient du fait des "fortes personnalités" que compte son groupe, comme il le concède à mots choisis. Autrement dit des candidats à la primaire socialiste : son prédécesseur à la présidence du groupe Patrick Mennucci, député et maire du 1/7, le président de la communauté urbaine Eugène Caselli, la sénatrice-maire du 15/16 Samia Ghali…

En particulier, Patrick Mennucci continue de se comporter en président de groupe bis. Asticoté par la droite, qui fait son miel de cette situation, l'officiel a fini par mettre le holà. Alors que Mennucci élevait la voix contre le maire qui refermait le débat sur le budget, il l'a contraint au silence, ne cachant pas son exaspération. "Je ne suis pas là pour brider les ambitions, mais je dois organiser le groupe, conserver le cap", nous a-t-il répondu, minorant l'incident.

Le PS face au bilan d'Hollande

Gaudin et ses troupes commencent en tout cas à se régaler des primaires qui s'annoncent. "Vous êtes jaloux de sa médiatisation", a lancé le maire à Mennucci à propos de Samia Ghali. Quand il n'enfonce pas des coins entre prétendants à la mairie, le président du groupe UMP Yves Moraine s'attache surtout à les confronter au gouvernement. Un tournant amorcé à l'automne où la question de l'aide de l'État à Marseille, en lien avec la métropole, a fourni l'occasion rêvée.

Dans la foulée, Bruno Gilles a enfoncé le clou sur l'avenir des hôpitaux Lavéran et Beauregard, puis le néo-cégétiste Roland Blum sur celui de la SNCM et enfin Caroline Pozmentier sur les effectifs de police. "Nous avons besoin de 1000 policiers supplémentaires", a-t-elle exhorté. Et dire que personne ne veut entendre parler de surenchère sécuritaire… "C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière", a déclamé Masse, citant Rostand, à propos d'une éventuelle alternance municipale. "Le président Hollande est en train de sombrer dans les ténèbres et vous allez plonger avec lui", a répondu plus tard Jean-Claude Gaudin.

La situation difficile du gouvernement était anticipée de longue date par Jean-Claude Gaudin, prophète de la théorie des courants, qui y a toujours vu un motif d'espoir pour conserver la mairie en 2014. Ce matin, son discours très offensif a  persuadé une partie des conseillers municipaux de sa volonté de concourir pour un quatrième mandat. Mais face à Christophe Masse qui le dépeignait déjà en candidat, le maire a ménagé le suspense : "Vous attendrez un peu."