Michèle Poncet-Ramade : "Assécher les dealers de leurs clients"

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le 3 Sep 2012
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Michèle Poncet-Ramade : "Assécher les dealers de leurs clients"
Michèle Poncet-Ramade : "Assécher les dealers de leurs clients"

Michèle Poncet-Ramade : "Assécher les dealers de leurs clients"

Marsactu : de quel exemple de politique alternative la France pourrait-elle s'inspirer ?

Michèle Poncet-Ramade : le Portugal a onze ans d'expérience. Leur schéma part du postulat que ne se drogue pas n'importe qui, il y a des personnalités à risque, qui pourraient bénéficier d'une prévention – à l'école déjà s'il y avait un entourage un peu plus vigilant de la jeunesse… Ensuite, il faut accompagner les toxicomanes dans des filières médico-sociales, qui sont très sérieuses, avec des commissions de probation toutes les semaines. Au début, la consommation a augmenté, puis elle a diminué progressivement et le nombre de consommateurs a baissé.

Qu'est-ce que ça change par rapport au trafic ?

On part du consommateur, pas du dealer. Il est repéré, rentre dans une filière médico-sociale, où il est traité. On lui propose éventuellement la drogue sur ordonnance dans des pharmacies, comme c'est déjà le cas en France avec la méthadone pour remplacer l'héroïne. Il n'a plus besoin de s'adresser à un dealer. Celui-ci continue à vendre, mais il aura de moins en moins de clients. On les assèche de leurs clients. Et si la consommation n'est pas illégale (plus précisément ne conduit qu'à une sanction administrative et non pénale, ndlr), la vente le reste. Les Suisses eux ne poursuivent pas les producteurs de cannabis, jusqu'à un certain nombre de plants, ils n'ont par contre pas le droit de revendre. Le but est que ça ne donne pas lieu à de la délinquance dans les rues.

Quid des acteurs de ce qui reste une filière économique, bien qu'elle soit illégale ?

Ils feront autre chose, ils feront un travail légal. Les gens ont le temps de se reconvertir, largement. Le gamin qui a quitté la 4ème pour devenir guetteur, pour moi il aurait dû faire autre chose. Peut-être que si on avait une vraie politique de l'emploi…

Cette volonté de sortir de la criminalisation n'est que peu partagée, y compris dans votre parti. On a vu aussi les déclarations de Samia Ghali sur les "pseudo-gaucho-intello-bobo qui vous disent que fumer un chichon ce n'est pas grave". Idem au niveau national où cela ne semble pas la ligne du ministre de l'Intérieur Manuel Valls...

Nous étions en désaccord avec Karim Zeribi, mais nous avons beaucoup échangé et il a raison : le temps de mettre en place les filières médico-sociales – pour lesquelles il faut des éducateurs, des médecins, des infirmières, des assistantes sociales – il y a une phase nécessaire pour remettre la paix dans la ville et qui passe par les forces de police. Samia Ghali, elle, a le nez dans le guidon, il faut qu'elle regarde la route. Il y a des expériences ailleurs. Sa solution de mettre des barrières à l'entrée des cités tenues par l'armée, je ne vois pas l'intérêt… Les ventes ne se font pas forcément dans les cités. Un des hauts lieux de la vente de drogue, c'est Pastré ! Au niveau national, [l'ex ministre socialiste de l'Intérieur] Daniel Vaillant, qui lui était pour la légalisation, lui était pour la légalisation,, a fait un exposé très clair. [Le maire EELV de Sevran] Stéphane Gatignon a écrit un livre dessus. Mais non, ce n'est pas fait…

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Commentaires

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  1. Mistral Boy Mistral Boy

    Consternant de méconnaissance de la problématique, Madame Poncet-Ramade avez-vous une idée du nombre de fumeurs de cannabis et du coût que pourrait avoir votre projet de médicalisation des toxicomanes? Mais où vivez-vous Madame, avez-vous déjà rencontré un fumeur de cannabis? On ne peut pas traiter la consommation de cannabis comme la consommation des drogues dures. Ce n’est pas avec des élus aussi déconnectés de la réalité qu’on va avancer…

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  2. Les tueurs ne doive pas être informé Les tueurs ne doive pas être informé

    Je viens d apprendre que le plus gros réseaux est à pastre! Incroyable que fait notre maire pour sécurisé son parc. La on peut pas accuser les bailleurs sociaux ils sont pas responsable

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  3. Anonyme Anonyme

    pastré un point de deal ??????
    arffff je veux bien que quelques jeunes si retrouvent pour fumer voir se refiler une barette mais franchement il faudrait qu elle aille voir a quoi ressemble le “drive” de bassens, ou de la castellane…. me feront toujours pleurer de rire ces bobo ecolo gaucho arf arf
    et franchement elle pense vraiment que les charbonneurs et autres chouffs vont rentrer dans le droit chemin et se lever à 05h00 pour 1200 euros/mois? mon dieux mais c est du peace and love… à quand le flower power ? allez fait tourner michele…..

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  4. MP MP

    Certes , je crois que je vois la différence, le cannabis se fume, non?
    A doses variables et les effets en sont donc différents, oui en consultation nous voyons beaucoup de jeunes fumeurs angoissés avec des dépendances dont ils souhaitent se débarrasser ou bien des parents qui sont inquiets des troubles de leur enfant .On examine , on teste l’attention, la mémoire,
    la rapidité de pensée bref on fait un bilan avant de donner notre avis et en plus on nous remercie et on nous rappelle.

    Le cannabis désocialise comme l’alcool mais ses effets sont réversibles. Et en ce moment chez les jeunes , les deux sont associés.

    Oui,Je connais Bassens et le petit séminaire et les Cyprés et Corot et Maison Blanche, je suis allée manger chez des amis qui m’y ont invité . C’était très bon merci.
    Oui, on deale à Pastré comme dans beaucoup d’endroit. Vous me reprochez de voir le problème du consommateur, c’est pour moi la seule solution, pas de vente, pas de vendeur.
    Moi , par contre ça ne me fait pas pleurer de rire. Et bobo ecolo gaucho ce sont des insultes immotivées.

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  5. Picard Picard

    Pastré mais aussi 26e centenaire et Borély, la Castellane, Bassens, Font-Vert et compagnie ne sont que de la rigolade par rapport à ces dangereux points de deal !

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  6. Anonyme Anonyme

    Madame on parle de drogues douces, le cannabis ne provoque pas d overdose quand au VIH….vous mélangez tout !!
    Comment peut on tenir ce discours alors que l alcool qui est considéré comme une drogue dure est en vente partout dans notre société….

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  7. jdeharme jdeharme

    tant d’ignorance pourrait faire sourire mais non ça fait plutôt peur de voir qui prétend s’occuper de nos vies

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  8. Mistral Boy Mistral Boy

    En 2010 on comptabilisait 1,2 millions de consommateurs réguliers de cannabis, traiter médicalement autant de consommateurs est impossible, sachant que 13,4 millions de personnes ont déjà fumés du cannabis, il faut être réaliste, on peut mettre en place des procédures de traitement pour les usagers des drogues dures qui sont beaucoup moins nombreux mais pour le cannabis le cout serait astronomique et donc irréalisable. Il est temps d’arrêter la démagogie et de travailler sur des projets réalistes et concrets.

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  9. Chris Chris

    Arf, c’est déjà un peu mieux que les autres, on sort la problématique du registre pénal pour aller vers le médico-social, mais il y a toujours cette idée que le consommateur est FORCEMENT un malade….
    .
    Presque un demi-siècle après Olivenstein, non, décidément, “il n”y a pas de drogué heureux”, ce sont toujours des malades..
    .
    Je sais j’en demande trop, mais il faudra bien un jour faire admettre aux bien pensants, de gré ou de force, que l’on peut déguster un grand crû de l’Himalaya comme d’autres le font d’un verre de Haut-Brion..
    .
    Non, tous les consommateurs de vin ne sont pas alcooliques.
    Et non, tous les consommateurs de psychotropes illégaux ne sont pas toxicomanes.
    La grande majorité est insérée socialement, et si elle se fait discrète c’est parce qu’elle n’a pas d’autre choix, délinquante de fait qu’elle se retrouve, à son corps défendant.
    Et ceux en précarité où dans des situations pathologiques sont l’arbre qui cache la forêt et que les politichiens de tous bords récupèrent pour les agiter comme un chiffon rouge.

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