Marseille, un vote français

Marseille, un vote français

Dès le milieu de l'après-midi, les informations avaient commencé a circuler sur la toile. Les sites de presse belges et suisses, dont au passage celui du Soir.be, propriété du groupe Rossel, possible nouvel actionnaire de La Provence, ont publié d'abord les résultats d'outre-mer, qui donnaient de très bons scores pour François Hollande, puis quelques "SSU" (sondages sorties des urnes). Et tout ça bien entendu avant 18 heures. Des infos reprises par de nombreux tweetos, et par les petits malins de #radiolondres qui diffusaient des messages, codés forcément, mais plutôt marrants : "Carla Bruni est passée de mariée à "c'est compliqué" sur Facebook, je répéte, Carla Bruni est passée de mariée à "c'est compliqué" sur Facebook". Il faut bien passer le temps.

En attendant les annonces officielles, la messe semblait donc dite avec un Hollande devant Sarko, une liturgie cohérente avec les sondages des semaines précédentes. Mais la surprise, qu'on n'a pas vraiment vu arriver-et-c'est-bien-normal-car-c'est-une-surprise, y compris dans les SSU – comme quoi – a été la grosse perf de Marine Le Pen, annoncée dès 20 heures à 20%, même si son score a ensuite un peu baissé. "Le FN a 20% en France, ça veut dire qu'elle va être en tête à Marseille". Ils étaient nombreux ceux, et on en a fait partie, qui ont rapidement envisagé ce mauvais scénario.

Et pourtant, et c'est sans doute la vraie leçon de la soirée, si avec 21,22% à Marseille Marine Le Pen a surperformé son score national, elle est restée sur la troisième marche du podium, comme dans le reste du pays. Contrairement à 2002, où avec 23,34% son père était arrivé en tête dans la cité phocéenne. Même si, prisme déformant de la forte mobilisation de dimanche, le parti d'extrême droite réalise plus de voix qu'alors.

"Désormais, Marseille vote de plus en plus comme le reste de la France" : c'est l'analyse que fit rapidement Jean-Claude Gaudin, lors d'une conférence de presse depuis le PC de sa mairie, vers les 22 heures, dès qu'il su à peu près comment la soirée allait se terminer. Un Gaudin des mauvais jours, assez agressif, notamment envers les journalistes, si complaisants à l'égard de Hollande, forcément. Magnéto Esther : 

Mais voter comme le reste du territoire, ça veut dire aussi que Hollande est passé devant Sarkozy, "l'ami" du maire. Même si ça c'est fait de peu, 28,05 pour FH contre 26,93 pour NS, la chute est importante par rapport à 2007, où Sarko, toujours au premier tour avait terrassé Ségolène 34,25 contre 27,11. " C'est pas Waterloo, mais c'est pas Verdun non plus", commentait à son tour dans la soirée le fanamili Guy Teissier, et député maire UMP du 9/10, au sortir d'un plateau télé sur LCM. Qui a entre parenthèses fait le show, et bien, tout au long de la soirée sous le regard un brin envieux des journalistes marseillais de  France 3 qui n'avaient pas eu droit à un décrochage. "On va renforcer la régionalisation de nos programmes" comme l'annonçait dernièrement Rémy Pfimlin le président de France Télévision. Bravo, ca c'est vu hier soir.

L'autre signe du "lissage du vote marseillais" a été le score de Jean-Luc Mélenchon. Là-aussi, même si avec 13,83 ici il fait plus que sur le reste de l'Hexagone, et beaucoup plus qu'en 2007 où Marie-Georges Buffet et José Bové avaient réalisé tous les deux environs 5%, la déception a été grande chez ses camarades. La petite sauterie prévue cours Estienne d'Orves a été annulée de fait, et l'ambiance était plutôt morose du côté de la Marseillaise. Les lèvres du baiser de la méditerranée beaucoup plus fraîches que prévues… Un meeting ne fait pas l'élection.

Comme, c'est bien connu, on n'aime pas tirer sur les ambulances on passera rapidement sur le score marseillais de François Bayrou, qui avec 5,52% a fait moins bien qu'en national et nettement moins qu'en 2007 (14,10). Plus dure sera la chute. Eva Joly est restée à peu près au niveau de son score national avec 2,15 et à fait néanmoins mieux que Dominique Voynet (1,16 en 2007). 

Marseille a donc (à peu près) voté comme la France, y compris sur sa participation, qui avec 77% est un peu plus faible qu'ailleurs, et moins forte qu'en 2007, mais dans une ville réputée pour beaucoup aller à la pêche, ce score n'est pas si mal. Voilà ce qu'on pouvait dire à ce stade comme on dit sur BFM TV, et pour vous faire revivre cette petite soirée électorale, plutôt tristounette, les journalistes de Marsactu Esther, Elodie, Julien, Jean-Marie, et notre fidèle Hugo ont fait le tour des PC locaux des candidats, dévorant les chips des buffets des candidats, et errant dans les rues balayées par un mauvais vent. Du nord.

>>> La soirée au FN par Jean-Marie Leforestier 

>>> La soirée à l'UMP avec Julien Vinzent

>>> La soirée au front de Gauche avec Elodie Crézé 

>>> La soirée au PS avec Esther Griffe

Les résultats par arrondissements :

>>> Les communiqués de la Préfecture :