L’ex-député Jean-Pierre Maggi en procès pendant quatre jours

Actualité
le 18 Jan 2021
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Maire de Velaux pendant 43 ans et ancien député, Jean-Pierre Maggi répond cette semaine devant le tribunal correctionnel de détournement de fonds publics, prise illégale d'intérêts et favoritisme. Les faits reprochés datent de plus de dix ans.

Jean-Pierre Maggi et son avocat Gilbert Sindres. Photo d
Jean-Pierre Maggi et son avocat Gilbert Sindres. Photo d'archive Julia Rostagni.

Jean-Pierre Maggi et son avocat Gilbert Sindres. Photo d'archive Julia Rostagni.

Maggi est dans le bouillon. L’intéressé a fait suffisamment de fois cette blague sur son patronyme pour qu’il nous pardonne d’en faire autant. Jean-Pierre Maggi est attendu pendant quatre jours à partir de ce lundi dans la grande salle du tribunal de commerce de Marseille transformée en tribunal judiciaire pour l’occasion. L’homme politique, ex-maire de Velaux et député, doit répondre de détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts et favoritisme. Mais c’est pour une autre de ces activités politiques qu’il est ainsi traduit en correctionnelle : la présidence du service départemental d’incendie et de secours (SDIS 13).

Ce lundi, la  présidente Céline Ballerini aura ainsi face à elle un baron de la politique locale, comme le Parti socialiste en a produit de nombreux. Jean-Pierre Maggi cumule à lui seul 87 années de mandats. Il a ainsi dirigé Velaux pendant 43 ans jusqu’aux dernières municipales. Il a aussi été réélu sans discontinuer conseiller général de Pélissanne de 1992 à 2012, quand le cumul des mandats l’a forcé à abandonner l’institution départementale. Il aura occupé de nombreux postes au sein de cette institution, dans le sillage de Jean-Noël Guérini, son ancien président, passant de la vice-présidence de l’office HLM à la gestion de la précieuse aide aux communes avant d’atterrir à la présidence du conseil d’administration du SDIS 13 et de ses 5000 agents.

“Je me suis demandé si on allait arriver à un procès”

C’est pourtant en récent retraité de la politique que Jean-Pierre Maggi se présentera devant le tribunal. L’affaire a beaucoup trainé, des premières dénonciations de trois lanceurs d’alerte en 2010 à aujourd’hui. Le dossier a connu deux changements de juge d’instruction avant d’échoir à Henri Pons qui a décidé d’un procès en décembre 2019.

“Ça aurait eu une meilleure répercussion s’il avait eu encore un mandat. Ceci dit, il faut quand même qu’il y ait une notion de justice et je suis satisfaite qu’il y ait un procès. À un moment, je me suis demandé si on allait vraiment arriver au bout de cette instruction”, reconnaît Angélique Gallucci, l’avocate de l’association anti-corruption Transparency international qui s’est constituée partie civile.

Les faits examinés concernent la fin de la décennie 2000 et les charges retenues contre Jean-Pierre Maggi se sont resserrées depuis sa mise en examen en janvier 2016. Désormais, il n’est plus poursuivi que pour trois dossiers : des embauches ou des promotions au sein du SDIS 13, les relations avec un centre de formation privé basé à Fos-sur-Mer et la vente d’un terrain communal de Velaux à la fille de sa compagne et son mari. À ses côtés comparaîtra le colonel Luc Jorda, ancien directeur du SDIS 13, poursuivi lui pour favoritisme et complicité de détournement de fonds publics.

Trois embauches familiales et des dizaines de Velauxiens

Le dossier des embauches renvoie directement à l’intérêt personnel de l’ancien élu. Il est soupçonné d’avoir favorisé au sein du SDIS l’embauche ou la carrière de trois membres de sa famille proche. Il y a d’abord Josiane Goud, sa compagne, à qui il a offert un CDI au grade de technicien supérieur chef quand elle n’était qu’une technicienne en CDD. Le fils de celle-ci a été recruté et promu. Le gendre de cette dernière a lui aussi connu la même fortune.

Mais cet appétit pour les ressources humaines ne s’est pas arrêté là. L’enquête s’est intéressée au recrutement du personnel saisonnier. Il témoigne d’un véritable privilège velauxien. Sur les deux années étudiées, 2009 et 2010, la prédominance des résidents de sa commune, 8500 habitants, dans un service couvrant l’ensemble du département hors Marseille est flagrante : 51,3 % des recrutés en 2008, 83 % en 2009. Pour le juge d’instruction, Jean-Pierre Maggi a agi ainsi pour servir ses intérêts électoraux. L’intéressé tentera de démontrer à la barre que rien ne l’empêchait de mettre en avant les CV de ses administrés.

L’ancien édile devra enfin répondre du dossier plus complexe du Cireex, un centre de formation continue pour les pompiers et les professionnels de la sécurité situé à Fos-sur-Mer. Avec Luc Jorda, ils se voient reprocher une série de faveurs envers la société SCT qui a obtenu les marchés de travaux et des formations dans ce centre pour un montant cumulé dépassant les 360 000 euros. Le juge estime aussi que la mise à disposition du terrain et de personnel du SDIS 13 alors même que la société réalisait des formations privées au Cireex constituaient des détournements de fonds publics. Là encore, Jean-Pierre Maggi prévoit de contester ces accusations en rappelant notamment que, président du conseil d’administration, il n’intervenait pas au quotidien dans la gestion du SDIS 13. Une interprétation qui renverrait les regards vers l’autre prévenu, Luc Jorda.

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Ah , enfin ! , la trêve des confiseurs est terminée , nous retrouvons notre lot quotidien d’élus et de fonctionnaires de la région à la “une ” de Marsactu pour fraudes diverses , et abus de biens sociaux. Il y avait comme un vide jusqu’à aujourd’hui.

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  2. julijo julijo

    Un qui s’est fait prendre pour combien qui passent au travers.
    finalement pas malin maggi !! gaudin et ses incompétents profiteurs sont toujours restés dans les limites. et pourtant…

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  3. Input Output Input Output

    Après Guérini, Jibrayel, encore un socialo aux prises avec la justice ? Noooooon….?!?!

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    • Jacques89 Jacques89

      « rien ne l’empêchait de mettre en avant les CV de ses administrés ». Socialo mais dans le plus pur style Sarko qui, pour sa défense, ne voit rien d’autre à dire aux juges que : « toute ma vie j’ai donné des coups de pouce ». Si Hidalgo arrive au 2ème tour, je ne suis pas sûr que le temps du débat sera suffisant à son adversaire pour faire la liste de tous les malfrats de ce parti.

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  4. jean-marie MEMIN jean-marie MEMIN

    ”…Jean-Pierre Maggi cumule à lui seul 87 années de mandats. Il a ainsi dirigé Velaux pendant 43 ans jusqu’aux dernières municipales. Il a aussi été réélu sans discontinuer conseiller général de Pélissanne de 1992 à 2012…”

    Lorsque les élus ne feront qu’un seul mandat voire deux, je pense que ces pratiques diminueront…Espérons le. Militons pour le non-cumul se développe et refusons de voter sans discontinuer pour des élus qui se représentent sans cesse. La démocratie c’est le renouvellement car les Français sont divers…!

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    • Alceste. Alceste.

      et lui avarié

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  5. Manipulite Manipulite

    Hommage aux lanceurs d’alerte ; je relis avec intérêt votre article de janvier 2018.
    La manifestation de cette année autour des lanceurs d’alerte méritera d’être renouvelée.

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  6. Jacques89 Jacques89

    « Maggi est dans le bouillon » Belle intro Jean-Marie !

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