l'Ecureuil a encore cassé quelques noisettes pour aider Marseille

l'Ecureuil a encore cassé quelques noisettes pour aider Marseille

Les médias officiels viennent de l’annoncer, cette fois, c’est juré, c’est la bonne. Le grand projet de « Manhattan sur Mer » sur Euroméditerranée serait définitivement lancé. Et comme d’habitude , on est prié de croire  les communiqués officiels. Pourtant , compte -tenu du démarrage chaotique du projet, pas sur que la suite soit également un long fleuve tranquille. Un petit rappel des faits s’impose donc.

Au départ, l’idée était de construire 4 grandes tours en bord de mer, à côté de la tour CMA CGM. Et c’est le promoteur Marc Piétri patron de Constructa, qui l’a eue. Après avoir construit quelques hôtels à Chicago et Miami, Piétri revient tel l’enfant prodigue à Marseille, rêvant de transformer sa ville natale. Le personnage sait y faire. Il est aussi charmeur que rusé, adoré des médias, c’est un  méditerranéen pure souche, passé à la dure école du business américain,  une sorte de  Saadé de l’immobilier. Très vite son projet de « skyline » met tous les politiques d’accord à Marseille, ce qui est déjà en soit un exploit. Gaudin, Guérini, Muselier, Teissier,  pourtant pas bien connus jusqu’à présent, pour leurs goûts pour l’architecture moderne, ils sont néanmoins tous séduits par le projet. Gaudin utilise même les maquettes en « 3D » de Piétri, pour illustrer ses dernières cartes de voeux. Ce qui  fait même dire à quelques mauvaises langues, dont à marsinfos nous ne faisons évidemment pas parti, « tiens, c’est marrant, on a reçu cette année les voeux du Maire de Sydney ». Le projet est donc lancé en 2008,en pleine campagne municipale, à grand coup de spots de pubs en 3 D, d’encarts en quadri dans la presse locale… ce qui au passage aide bien Gaudin à garder son fauteuil. Merci qui ?

Et puis patatras, un an plus tard, une des plus grandes crises économiques que le monde ait connu depuis 1929 s’abat sur les maquettes des tours. Faillites des banques américaines, les bourses plongent et l’immobilier avec.. pas de chance. Malgré les discours incantatoires de Gaudin  » Marseille résiste à la crise, Marseille fait mieux que les autres… »et  sur l’air bien connu ici de « tout va très bien Madame la Marquise… », les acteurs économiques locaux savent eux, que la situation est catastrophique. Les uns après les autres, les investisseurs pressentis pour financer « la sky line marseillaise », fonds de pension, banques…  déguerpissent rapidement.
Même la Banque Populaire régionale dont on nous expliquait pourtant encore sans rire début 2009, en plein coeur de la crise, dans Le Figaro , qu’elle allait investir : « Le quatrième immeuble de 10 000 m² est déjà vendu à la Banque populaire provençale pour 40 millions d’euros » .Evidemment, personne n’y croit et la vérité tombe quelques mois plus tard,toujours dans les colonnes du quotidien parisien  « La Banque populaire provençale et corse (BPPC), qui avait réservé l’immeuble de 10.000 m² de ce projet, a fait machine arrière, remettant en cause le démarrage de l’ensemble »… Le plus comique dans cet épisode, si l’on peut-dire, c’est que La Banque Populaire régionale  est présidée par un certain Jean-Louis Tourret, qui n’est autre que  le Maire- adjoint aux finances de Gaudin ! Ce qui a fait évidemment très mauvais genre à la mairie mais surtout dans la communauté des banques et des investisseurs, ou on rigole encore en pensant à la tête de ce pauvre Tourret quand il a du expliquer à Gaudin, que sa banque ne finançait plus ses projets…Les gens sont méchants ( surtout les banquiers entre eux).
Mais heureusement,comme souvent à Marseille, la Caisse d’Epargne, est venue sauver « le soldat Pietri » et par là même un des projets les plus symboliques du 3 ème mandat Gaudin. Après s’être un peu fait tirer l’oreille , la Caisse d’Epargne vient donc d’ accepter de casser (un peu) sa tire-lire. Mais en ayant exigé et obtenu de Piétri bien évidemment des conditions très favorables : rabais conséquent sur le prix et surtout loyers garantis de la part de Constructa, qui du coup va devoir déménager et louer des bureaux dans l’immeuble…
Si cette première tour n’est en réalité qu’un modeste immeuble de 10 étages, ( on est encore loin de la carte de voeux de la mairie), au moins  le projet démarre. Et il y donc encore une chance pour que  » Manhattan sur Mer » ne finisse pas en « Cuges les tours ».

Les Tours d’Arenc racontées par Jacques Bouleistex sur son (très bon) blog

Un mariage de raison pour Constructa et la Caisse d’Epargne,  sur La Provence.fr

Marseille, ciel bleu à l’horizon,  pour Le Figaro.fr

Marc Pietri un promoteur réinvente Marseille, son portrait ( sympa) sur lepoint.fr