La radio numérique bientôt en expérimentation à Marseillle

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le 13 Oct 2011
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Bon anniversaire les radios libres. Le 9 novembre, cela fera 30 ans que les ex-radios pirates sont rentrées dans la légalité avec la fin du monopole de l’Etat sur les ondes. Une date choisie pour le lancement à Marseille d’une expérimentation de radio numérique terrestre (RNT). « C’est symbolique, on va appuyer sur le bouton, voir comment ça prend, si les gens s’équipent », commente Valère Correard, directeur du réseau associatif Raje à l’initiative de l’opération.

Lorsqu’ils allumeront leur poste compatible RNT, les Marseillais découvriront sur l’écran un bouquet de onze radios : Raje bien sûr, mais aussi Africa n°1, Hot Mix, Lengua d’Oc, Maritima, Ouï FM, Radio Emotion, Radio Sud-Est, RFI, RTS et Séquence FM.

La preuve par l’exemple

Une démarche volontariste qui, comme d’autres à Nantes ou Lyon, vise à faire la preuve par l’exemple de l’intérêt de cette technologie de diffusion. « Nous avions répondu en 2008 dans le cadre d’un appel à candidature pour la RNT et nous avons été retenus en 2009″, raconte Valère Correard. Seulement depuis, l’appel a été enterré, au grand dam de Raje qui, comme d’autres, s’était préparé à entrer dans le bain du numérique. « Les grands groupes ont vu que le CSA concédait des fréquences à beaucoup de médias indépendants. Le parallèle avec la TNT est facile : il y avait pour eux un risque d’érosion de l’audience », avance-t-il.

Dans un rapport remis en mai au premier ministre, l’ancien directeur de France Culture David Kessler ne fait en effet pas mystère de l’opposition franche des radios commerciales, qui dans un contexte économique tendu n’ont aucune envie d’investir dans une technologie où elles ont tout à perdre. Mais développe d’autres arguments comme le coût, pour les radios comme pour l’Etat, qui devrait mettre la main à la poche pour accompagner le lancement, ou encore la question de la norme (la France ayant, comme à son habitude, fait pour l’instant cavalier seul en choisissant un autre système que ses voisins européens). Malgré les avantages de la RNT, « il nous semble donc clairement établi qu’il n’y a pas aujourd’hui d’espace économique pour un lancement national de la Radio Numérique », estime le conseiller d’Etat.

Une qualité, interactivité et diversité

Conclusion : il est urgent d’attendre, voir comment la situation évolue dans les autres pays européens, tout en ouvrant la porte à des expérimentations locales. « On ne pouvait pas être dans l’attentisme, dans cette situation où tout le monde se regarde en attendant que quelqu’un bouge », lance le directeur de Raje, qui lui croit à l’avenir de la RNT. « Cela permet de mieux capter, d’avoir une meilleur qualité et c’est plus que de la radio. Pendant que vous écoutez votre émission, votre poste peut avoir accès à des données associées », détaille-t-il. Applications possibles : « télécharger des podcast, acheter la chanson diffusée, consulter les itinéraires bis sur la route »

Mais l’essentiel est pour lui ailleurs : « cela permet surtout de faire 40% de place en plus par rapport à la bande FM. Or, combien y a-t-il de radios vraiment nationales aujourd’hui ? Très peu et on a de plus des groupes (Lagardère, NRJ…) qui détiennent des bouquets importants. On ne peut donc pas parler aujourd’hui d’une grande diversité radiophonique ». Mais qu’est-ce qui nous dit que la RNT ne suivra pas les traces de sa cousine de la télé, où les chaînes supplémentaires sont trustée par les mêmes qui dominaient déjà le poste ? « La RNT a plutôt une vocation sur de grands bassins régionaux, je ne pense pas qu’ils aient la capacité et la volonté d’aller dans cette chirurgie », assure-t-il.

Dans son multiplexe, Raje s’est en tout cas attelée à démontrer des « vides » à Marseille : « il y aura une radio martiniquaise (Radio Sud-Est), une africaine (Africa n°1), RFI… Vous vous rendez compte que cette dernière n’était pas diffusée à Marseille, une ville cosmopolite… » Autre exemple : Maritima, créée par la ville de Martigues et qui traite de l’actualité de l’Etang de Berre. Sans que les Marseillais, pourtant très proches voisins, puissent en profiter. Raje se chargeant, avec Ouï FM, de séduire les jeunes dans leur ensemble.

Qui ont un coût

Mais au fait, les petites structures pourront-elles faire la bascule ? Certes, dans une première phase de « double diffusion » cela coûtera plus cher, mais « des fonds de l’Etat sont prévus pour aider cette transition » et ensuite la RNT seule coûtera moitié moins cher. Sauf qu’on l’a compris, l’Etat n’est pas très chaud pour mettre la main à la poche, et surtout la double diffusion risque de durer longtemps… Et quel est l’intérêt de la RNT alors que tout ça est déjà disponible en Web radio, bref qu’il existe des alternatives ? « Vous avez déjà essayé d’écouter une web radio en faisant Marseille-Montpellier ? La radio doit être simple, mobile et gratuite, c’est-à-dire sans abonnement ».

Reste tout de même le prix du matériel pour recevoir les stations.Outre le fabricant Pure, l’opération associe de grands distributeurs qui proposeront les appareils, aujourd’hui rares, dans leurs rayons. « Les industriels ont déjà planché dessus. Dans les voitures grâce à des adapateurs il n’y aura pas à changer d’appareillage. Bien sûr pour le reste il faudra acheter des récepteurs, mais l’entrée de gamme de notre partenaire est à 49 euros, ce qui n’est pas excessif », assure-t-il. Les partenaires, qui comprennent la mairie de Marseille, le conseil général et la Région, se donnent trois mois pour voir si la mayonnaise prend, avec éventuellement une reconduction.

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