La conciliation Mélenchon permet à la gauche marseillaise de discuter un peu plus

Actualité
le 15 Nov 2019
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Convaincu que l'union doit se faire à gauche, Jean-Luc Mélenchon a joué les médiateurs lors d'une réunion de plusieurs heures jeudi soir. Aucun accord n'a été trouvé, mais le député affiche un optimisme "mesuré".

Jean-Luc Mélenchon au siège marseillais de la France insoumise, le 15 novembre 2019 (Image LC)
Jean-Luc Mélenchon au siège marseillais de la France insoumise, le 15 novembre 2019 (Image LC)

Jean-Luc Mélenchon au siège marseillais de la France insoumise, le 15 novembre 2019 (Image LC)

L'enjeu

Jeudi soir, Jean-Luc Mélenchon a invité les constituantes de la gauche marseillaise à se réunir pour trouver des passerelles de convergence.

Le contexte

Depuis des mois, les organisations marseillaises de gauche cherchent à construire l'union pour les municipales, sans succès jusqu'ici. En septembre, les écologistes ont déjà quitté le processus.

“Je ne peux me résigner à voir toute notre énergie dispersée. Non, nous ne sommes pas voués aux confrontations sans espoir de victoire”, écrivait Jean-Luc Mélenchon aux composantes marseillaises de la gauche pour leur proposer de mener une médiation, il y a quelques jours.

La réunion marathon a bien eu lieu, ce jeudi 14 novembre en début de soirée, pour se terminer après minuit, avec plusieurs dizaines de personnes réunies dans les locaux de la France insoumise, sis dans le 2e arrondissement. Une assemblée bien remplie, pour finalement, ne rassembler que deux entités autour de la table : le Printemps marseillais et le Pacte démocratique – les Verts ayant décliné l’invitation.

À la sortie, pourtant, aucune décision ni l’ombre d’un accord n’a été évoqué. Et c’est Jean-Luc Mélenchon lui-même qui s’est chargé de présenter un premier bilan à la presse. “Un accord dès hier, ce n’était envisageable pour personne”, assure-t-il. Le député du centre-ville de Marseille affirme avoir vu l’urgence d’une intervention extérieure pour remettre sur les rails le projet d’union à gauche. Surtout après la prise de distance du Pacte démocratique – avec qui il confie avoir des “accointances” et qui rassemble un bon nombre de militants insoumis – vis-à-vis du second mouvement où siège sa suppléante, Sophie Camard. “Tout ça avait l’air d’avancer à son rythme. Mais il y a quelques semaines, les grains de sable sont venus se multiplier, remarque-t-il. J’ai senti qu’on était à la limite à partir de laquelle les choses pouvaient être irréversibles”

“Un optimiste mesuré”

Ces heures de discussions encadrées par le patron de la France insoumise auront-elles permis de renouer des liens déjà abîmés par de nombreuses autres réunions infructueuses ? “Vous avez face à vous un optimiste mesuré”, sourit Jean-Luc Mélenchon devant les journalistes. S’il reconnaît qu’à certains moments, les participants ont pu “hausser le ton”, il assure que la bienveillance était de mise. “J’ai bien vu que tout le monde était à fleur de peau entre les tenants d’assemblées populaires et ceux qui sont plus habitués aux structures traditionnelles”, observe celui qui se présente comme “candidat à rien” et donc extérieur aux tensions locales. Chacun a pu vider le sac de ses ressentiments, sans atteindre le seuil du pugilat, se félicite-t-il.

“Cela fait des mois qu’on échange avec le Pacte sans réussir complètement, il fallait essayer une autre configuration, admet Mathilde Chaboche, qui siège au comité de pilotage du Printemps marseillais au nom du collectif Mad Mars. De fait, c’est ce qui s’est passé, les échanges ont été très francs, parfois atomiques, mais très constructifs et on va essayer d’aller de l’avant”. Côté Pacte démocratique, on se refuse à tout commentaire avant d’avoir pu présenter un compte-rendu en assemblée générale.

Se recentrer sur le programme

Jean-Luc Mélenchon n’avait pas apporté de baguette magique dans sa besace, tout au plus a-t-il suggéré la mise en place de “points de rencontre” pour poursuivre les échanges entre mouvements, qui doivent décider de prochains rendez-vous. Il avait aussi fixé trois points à évoquer : le programme, la constitution des listes et enfin la question de la tête de liste. Pour le premier point, la convergence a été plus aisée. “La conviction qu’a exprimé Jean-Luc Mélenchon, mais aussi la CGT, c’est d’arrêter de parler de nombre de places dans les instances, de calcul, de choisir entre démocratie permanente ou démocratie participative, mais de se demander ce qu’on veut pour les écoles, les services publics … relate Mathilde Chaboche. On a plus de choses à se dire là-dessus. Ça a remis un peu de sens des priorités”. 

Pour la constitution des listes, comme pour la gouvernance, les points d’achoppements restent sensibles, le Pacte démocratique n’étant pas prêt à lâcher sur la question de sa représentation au sein des instances de pilotage de la campagne, et de la désignation des candidats (Lire notre reportage au sein d’une assemblée générale du mouvement). Enfin, pour la tête de liste, le sujet a été pudiquement évité.

Le tabou de la tête de liste

“Personne n’en a parlé, c’est assez impressionnant”, souffle Jean-Luc Mélenchon qui croit comprendre que la défiance vis-à-vis du politique au sein du Pacte démocratique sera difficile à surmonter. “Le portrait robot, il est en train de se dessiner : on ne va pas pouvoir se retrouver sur une tête de liste issue d’un parti. C’est cruel et injuste pour les personnes qui ont donné toute leur vie à la politique, mais la France d’hier doit comprendre que les choses ont changé”, estime-t-il, évoquant régulièrement le terme de “dégagisme”, pour la situation locale comme nationale.

Et le député de remettre délicatement dans les cartons les ambitions de sa suppléante Sophie Camard qu’il estimerait pourtant être “la personne idoine” pour mener les listes ou encore celle du socialiste Benoît Payan, “assez intelligent pour comprendre” que son temps n’est pas venu. “Une tête de liste socialiste à Marseille, ça ne s’envisage pas pour la plupart des gens que j’ai entendus hier. Ce n’est pas la personnalité de Benoît Payan qui est en cause”. Mais de personnalité non venue du monde politique qui saurait rassembler, Jean-Luc Mélenchon n’en cite pas devant les journalistes, en dehors des exemples espagnols d’Ada Colau à Barcelone ou de Manuel Carmena à Madrid, laquelle “défendait les délogés”, souligne-t-il

“Le tour de force de ne pas réussir à s’entendre”

Les échanges devraient donc poursuivre leurs cours. Jean-Luc Mélenchon estime désormais avoir “rempli son rôle”, mais dit se tenir à disposition. Le Pacte démocratique ne devrait pour le moment pas dévier de sa stratégie annoncée le 6 novembre, et continue de rencontrer une à une les composantes de la gauche, individuellement : à l’agenda ce vendredi Europe-Écologie-Les Verts, demain la France insoumise. Une façon de contourner l’obstacle d’une fusion à marche forcée.

Le Printemps marseillais aussi se donne le temps de la réflexion. “Chacun est tenu par sa gouvernance, et on comprend beaucoup d’organisations, cela nécessite du temps pour faire les retours à nos troupes”, admet la représentante de Mad Mars. Pour ce qui est de sa formation politique, Jean-Luc Mélenchon a arrêté la date du 13 décembre. “Au delà, il faut être réaliste, on ne peut pas abuser de la patience de tout le monde”.

Lui ne désespère pas de voir les écologistes revenir à la table des négociations. “S’il n’y a qu’eux qui n’y vont pas, ils vont être obligés de revoir leur position”, prophétise-t-il, avant de revenir à sa conviction profonde : “Comment dans une ville avec une équipe de droite épuisée, divisée, on réussirait le tour de force de ne pas arriver à s’entendre ?”

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Commentaires

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  1. jean-marie MEMIN jean-marie MEMIN

    Vite fait.
    Et si le R.N. allait mettre tout le monde d’accord ???

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  2. skan skan

    Ce que dit jlm sur une tête de liste “civile” semble évident depuis des mois, mais il est largement temps de la trouver ce mouton à 5 pattes…ça peut pas être un point de blocage indéfiniment il faut un geste fort vers la société civile et dans le sens ce degagisme politique. Plus facile de reparler programme par la suite

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  3. Titi du 1-3 Titi du 1-3

    Magnifique illustration du “faites ce que je dis, pas ce que je fais”.

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    • julijo julijo

      ????

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  4. julijo julijo

    Je pense depuis longtemps qu’un programme cohérent peut fédérer davantage qu’une tête de liste, peut être prématurée.
    définir des objectifs communs est essentiel.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Bien sûr, mais la crédibilité d’une liste se joue aussi, même si on peut le regretter, sur la notoriété et le charisme de celui ou celle qui la conduit. Ça sera quand même mal barré pour la gauche si elle met en avant un•e parfait•e inconnu•e deux mois avant le premier tour, quelles que soient ses qualités : elle/il n’aura pas le temps de se faire connaître.

      Ce n’est pas pour rien que la Martine s’est achetée une notoriété avec l’argent du contribuable en multipliant les opérations publicitaires sur son nom depuis 2016.

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    • julijo julijo

      oui bien sûr la crédibilité et une certaine notoriété sont importantes.
      Mais on ne se refait pas, et j’ai encore un peu confiance. Après des décennies d’incapables, on finira bien par trouver une tête de liste qui tiendra la route, ou des têtes de listes sérieuses par secteur. Et a-t-on vraiment besoin d’un “chef de file” parfait, il suffirait qu’il croit suffisamment en un travail collectif.
      j’ai encore un peu confiance aussi en les électeurs, citoyens et contribuables marseillais qui se mobiliseront sûrement pour sortir de cette nullicipalité.
      je suis consterné par tout ce temps qui me semble perdu à éviter untel ou l’autre…alors que la ville est dans un tel état de délabrement général. un consensus pour un programme, des priorités, me semble vraiment possible. quel gaspillage d’énergie inutile.

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  5. Massilia fai avans Massilia fai avans

    Il convient toujours de se rappeler quelques chiffres: sur une ville de près de 900 000 habitants, la majorité sortante a recueilli environ 97 000 voix, soit 10% de la population.
    Dans une ville où l’absentention est aussi importante, il faudra plus qu’un beau programme pour faire du dégagisme. L’incarnation est très importante pour arriver à mobiliser suffisamment d’électeurs car dans bien des cas ceux qui votent pour ceux qu’ils connaissent.

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    • Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

      C’est un point de vue et il n’est pas faux. Mais qui connaissait Claire Pitollat (exemple parmi d’autres) avant qu’elle ne batte Dominique Tian ? La notoriété ne fait peut être pas tout… Faute de pouvoir en doter un.e inconnue, il serait bon de légitimer le mouvement qui le/la portera et dans lequel les électeurs de gauche, toutes nuances rassemblées, pourront se reconnaître
      https://marsactu.fr/agora/le-printemps-marseillais-passera-til-lhiver/

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  6. Raymond Dayet Raymond Dayet

    On reprend un peu d’espoir: c’est déja une très bonne chose que Jean-Luc Mélenchon ait acté que la tête de liste ne pouvait pas être un socialiste. il a compris qu’on ne ferait pas du neuf avec du vieux. C’est d’autant plus vrai que les socialistes n’ont personne ni de connu, ni de reconnu ni de charismatique. Dès lors, à quoi ça servirait (à part de se suicider politiquement) de se plomber avec un parti qui ne représente plus rien en France et encore moins à Marseille?

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  7. Ribiata Ribiata

    ça aurait été tellement génial si ç’avait été à Marseille que le gauche avait recommencé à se regrouper et à trouver les nouvelles lignes directrices… Cela dit, si c’est à Angers ou Nogent-le-Rotrou, ça sera bien aussi… ou Washington, Hong Kong, New Delhi ou Vladivostok ?

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