J.J. Romatet : "Je suis un homme libre. C'est pour ça qu'on m'a fait venir à l'AP-HM"

J.J. Romatet : "Je suis un homme libre. C'est pour ça qu'on m'a fait venir à l'AP-HM"

Natif du sud-ouest, le nouveau directeur de l'AP-HM Jean-Jacques Romatet est un homme du sud avec sept ans passés au Centre hospitalier universitaire de Nice et quelques années au CHU de Toulouse, pour un même poste de directeur général. D'ailleurs, il ne cache pas avoir quitté Toulouse à regrets, près d'un mois plus tôt, lorsque François Hollande est venu le chercher pour remplacer Jean-Paul Ségade à la tête des hôpitaux marseillais, en disgrâce prolongée avec plusieurs rapports salés sur sa gestion. "Mais l'enjeu et l'ampleur des chantiers à mener à Marseille font vite passer la frustration", tempère-t-il.

Actions collectives

Il est certain que les gros chantiers ne manquent pas. En préambule, il faudra "essayer de comprendre le coeur des choses, ce qui n'est pas facile dans une maison de 15 000 personnes." Et le premier travail, pour le directeur, va consister à jouer les capitaines d'équipe et renforcer le moral des troupes : "Je souhaite aider les acteurs à retrouver confiance en eux. Cette grande maison, exceptionnelle par la qualité de ses professionnels a besoin de découvrir qu'elle est capable d'actions collectives". Pour poursuivre avec les métaphores sportives, prisées par Jean-Jacques Romatet, si "le ballon c'est le soin", cela signifie, en clair, qu'il faut remettre le soin au centre du jeu.

Avant cela, un peu de pragmatisme s'impose. Face au déficit lourd de l'AP-HM, pas question de tergiverser : "pour que l'institution fasse bien son travail, que le malade soit bien soigné, elle doit être bien gérée. Car on ne peut pas être un bon médecin, un bon chercheur et un bon soignant si elle ne l'est pas," martèle Jean-Jacques Romatet. "La bonne santé financière de l'établissement ne dépend pas des pouvoirs publics mais de la capacité de faire de toute l'institution. Il faut avoir suffisamment d'esprit collectif pour aller chercher les difficultés d'organisation qu'il faut modifier." Concrètement, les chantiers auxquels il doit s'atteler relève à la fois de la réorganisation des méthodes de management que dans la fin des travaux de La Timone, vaisseau amiral des hôpitaux marseillais.

Être à l'écoute

Redonner une cohérence au maillage hospitalier figure également sur la liste des travaux d'Hercule du nouveau directeur. A ce titre, la Timone sera "bien sûr le vaisseau amiral de l'AP-HM même si tout le monde est utile". En exemple, Jean-Jacques Romatet rappelle qu'à l'hôpital de la Conception, "très facilement accessible à la population", il existe un vrai pôle de spécialités. L'Hôpital Nord présente lui l'avantage d'offrir une médecine de proximité et de vrais secteurs d'expertise comme la chirurgie thoracique. Alors que l'hôpital de Sainte Marguerite sera dédiée aux soins de suite. Bref, "chacun aura sa spécialité" dans le nouveau maillage des hôpitaux. Quant aux difficultés d'accès à l'Hôpital Nord, le directeur promet d'engager une réflexion. "C'est notre devoir d'être à l'écoute des besoins de la population".

Devant la sévérité des rapports récents de la Chambre régionale des comptes et de l'Inspection générale des affaires sociales, fustigeant le système de primes et d'indemnités pratiqué par la direction précédente, le nouveau chef promet de remettre l'AP-HM en bon ordre. "Ces rapports sont des guides, il n'est pas imaginable de ne pas appliquer les réglementations en vigueur". Autrefois secrétaire général du syndicat FO des cadres hospitaliers, majoritaire à l'AP-HM, Jean-Jacques Romatet se dit aujourd'hui "libre tant du point de vue syndical que politique. C'est peut-être pour cela que l'on m'a proposé de venir ici. Et en tant qu'ancien responsable syndical, j'ai l'avantage de comprendre le fonctionnement des syndicats. Nous nous sommes d'ailleurs rencontrés et nous nous sommes parlés franchement. Je n'ai pas l'habitude d'être dans la langue de bois. Je crois d'ailleurs que nous nous sommes compris".