Guérini au CG13 : fluctuat nec mergitur

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le 24 Fév 2012
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Guérini au CG13 : fluctuat nec mergitur
Guérini au CG13 : fluctuat nec mergitur

Guérini au CG13 : fluctuat nec mergitur

Le (maigre) ordre du jour de la séance (express) du conseil général de ce vendredi matin offrait une occasion idéale pour l'UMP de porter le fer sur les affaires : entre un rapport annuel de développement durable et les orientations budgétaires, Jean-Noël Guérini devait présenter un compte-rendu des actions en justice de l'institution.

Un long tableau où, après une série d'affaires concernant le RSA ou divers contentieux, figurait la "constitution de partie civile en raison du préjudice subi par le département dans le cadre d'une affaire judiciaire révélée par la presse portant sur des autorisations administratives d'ouvertures de maisons de retraite qui auraient été obtenues moyennant le versement de sommes d'argent", formulée début 2012.

Après l'avoir interpellé ce dernier sur sa stratégie ces derniers mois – entre vrai-faux retrait de la présidence, refus de répondre au juge, demande de dépaysement – où elle voit autant de "subterfuges", la conseillère générale de Saint-Giniez s'est tournée vers ses homologues socialistes : "quelle sera votre position si la demande de levée d'immunité parlementaire est acceptée par le Sénat ? S'il s'agit d'un contrôle judiciaire, le président du conseil général sera contraint et forcé de pointer au commissariat ! Bel exemple !"

Le budget comme levier de pression ?

Dans la panoplie de mesures possibles, le juge Duchaine n'aurait sollicité que le mandat d'amener avec recours à la force publique, mais elle n'en appelle pas moins à utiliser l'arme d'un vote négatif le 28 mars sur le prochain budget. "Le budget ne sera pas rejeté, la droite s'amuse. Est-ce qu'on peut arrêter les travaux, bloquer le département ?", balaye Michel Pezet, pourtant l'un des rares qui pensent que "dans son intérêt et celui de l'institution, Jean-Noël Guérini ne peut pas rester".

Mais la perspective pour ce dernier de devoir endosser la responsabilité d'un "blocage" du CG13 ne pourrait-il pas le faire plier ? "Ce n'est pas ce qui l'amènera à quitter son siège", répond Michel Pezet, pour qui cela relève d'"une décision totalement personnelle", par exemple si ses conseillers lui indiquent qu'au vu des évolutions futures cela devient une nécessité pour mieux assurer sa défense.

"Ça commence à bouger"

De toute façon, les partisans de cette option sont encore "minoritaires" sur les bancs socialistes, reconnaît-il. Sans parler des communistes qui se tiennent à leur soutien passif… "Il ne manquera pas une voix dans ma majorité, et peut-être même quelques unes de plus", a d'ailleurs lancé sur de son fait Jean-Noël Guérini, qui a été réélu en mars 2011 avec trois voix de droite et non inscrits.

"A la dernière réunion de groupe, on a vu des collègues qui commençaient à s'interroger. Ca commence à bouger", nuance Michel Pezet. "J'ai interrogé Jean-Noël Guérini sur sa stratégie de défense, que je ne comprend plus", confirme Loïc Gachon, maire de Vitrolles. Que la réponse n'a "pas convaincu. J'en ai assez de ne pas pris au sérieux quand je dis que je suis conseiller général des Bouches-du-Rhône". Des états d'âme qui ne l'amènent de toute manière pas à appeler à une démission. Et qui sont "réveillés" par la perspective d'une "succession", a estimé Martine Vassal.

Surtout, à côté des très proches, comme la maire du 2/3 Lisette Narducci, il y a ceux qui comme Michel Amiel, maire des Pennes-Mirabeau, considèrent que "c'est trop simple de le pousser vers la sortie quand le bateau tangue, et je reconnaît qu'il tangue".

Il reconnaît "une pollution par les affaires de l'ambiance, mais pas du travail de l'institution". Et fait "le distinguo entre le conseil général, ses délégations,ses services ser ses services et l'affaire judiciaire du président". Ce n'est pas la vision de Martine Vassal : "les habitants du département en ont assez de ne pas pouvoir compter pleinement sur notre institution et nous le disent régulièrement".

Guérini fidèle à lui-même

Le président est lui resté "fidèle à [sa] ligne de conduite", oscillant entre une position bravache, d'assurance et de victime. A son opposante qui citait l'auteur latin Syrus ("le courage s'accroît par l'audace, la peur par l'hésitation"), il a répondu en citant… JNG : "le courage c'est de rester debout, rassemblés, fiers de nos valeurs, au service de nos concitoyens".

Sur le volet dénonciation, la "violation du secret de l'instruction", les "atteintes à la présomption d'innoncence" et l'"instruction à charge dans la presse", y sont passées. "En particulier un organe, vous voyez de qui je parle. Quand c'est l'UMP on n'a pas de Une". On vous aide : l'organe honni publie depuis l'avenue Salengro…

Au rayon bravache, cette perle : "je le redis, l'instruction ne concerne en rien le CG, aucun marché public du conseil n'est concerné". Savoureux lorsqu'on s'est porté partie civile sur le volet maisons de retraite… Mieux : la présidente du groupe UMP Martine Vassal a égréné une liste d'élus socialistes condamnés ou mis en examen : "Bernardini (qui n'appartient plus au PS, ndlr), Belviso, Andréoni, Granié, Andrieux, et vous". Jean-François Noyes, ex-président de l'office HLM passe entre les gouttes, et Guérini lance goguenard : "Et moi, oui !"

Des condamnés UMP face aux innocents PS

Autre classique de JNG : "j'ai une liste de 107 noms", tirée du site Wikistrike (prononcez oui qui se trique), d'élus UMP ayant maille à partir avec la justice. "Ils sont au CG ?", sourit Martine Vassal. Son interlocuteur se rengorge : "Ah de la région, du département, de la France. Sans parler de l'affaire Karachi, il y aurait là de quoi écrire 150 livres !" On ne connaissait pas le dicton (possibilité de) faute partagée à moitié pardonnée…

Dernière tirade de ce florilège non exhaustif (on vous laisse écouter les débats dans les bonus au bas de l'article) : "Lorsqu'on est mis en examen, on est innocent. Lorsqu'on est condamné en première instance ou en appel et qu'on va en cassation, on est innocent". Est-ce à dire que si les choses tournent mal, tant qu'il lui restera un recours judiciaire, il ne descendra pas du 9e étage du Paquebot bleu ?

Rendez-vous le 28 mars

Au risque de décevoir Robert Assante (Nouveau Centre) – qui nous soufflait "j'imagine que l'environnement alors ça ne vous intéresse pas, le sujet aujourd'hui ce n'est pas ça…" – on ne s'étendra pas sur les deux autres rapports. Surtout parce que le débat d'orientations budgétaires n'a rien vu de très inhabituel : dénonciation de la politique du gouvernement contre scepticisme de la droite sur "comment [la majorité] le mettra en musique" dans le budget, le vrai.

On attendra nous aussi. Ce qui nous permettra de profiter des montants budgétaires "notamment en matière de fluides (dépenses énergétiques etc., ndlr)" promis pour fin mars par Loïc Gachon, chargé du dossier développement durable, dans son rapport sur le sujet.

Comme promis, en bonus, l'intégrale des débats à réécouter :

L'intervention de Martine Vassal

La réponse de Jean-Noël Guérini

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Commentaires

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  1. mohidan mohidan

    Lors des prochaines élections il ne faudra pas oublier les membres de ce club “qui se tiennent par la barbichette”… lamentables et amoraux.. A quand la relève des socialistes… car l’opposition locale est hélas du même type.

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  2. druide67 druide67

    Ils sont tous pareils, ils n’ont aucune morale, seul un petit groupe de gens de valeurs ose dénoncer cette situation intolérable pour notre république.
    Celà devront prendre la relève et les autres s’en aller ou subir la punition des urnes aux prochaines échéances locales ou nous n’hésiterons pas à rappeler les prises de positions qu’ils ont eu.

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  3. Manipulite Manipulite

    Le CG13 entame une lente agonie. Un vaisseau dont le capitaine n’est plus légitime mais qui se contente de fanfaronner va droit dans les récifs.Les conseillers généraux qui assistent avec complaisance à ce naufrage en deviennent les premiers responsables.

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  4. Rustine13 Rustine13

    N”oublions pas les contractuels recrutés pour leur complaisance car ce sont eux qui ont investi les postes de responsabilité de certaines collectivités et tirent contractuellement d’énormes avantages. Par exemple cette délibération votée à la Région qui permettrait d’après ce que j’ai compris à la quarantaine de hauts responsables de toucher jusqu’a 4 fois le SMIG mensuel(4200 euros mensuel) sous forme de prime en plus de leur salaire, surement une juste mesure de répartition entre bas et hauts salaires de la Région.

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  5. Rustine13 Rustine13

    la responsabilité est politique mais aussi administrative et le recrutement systématique de contractuels complaisants aux plus hauts postes de responsabilité de la collectivité ont permis ce laxisme.
    N-oublions pas que l’obligation de contrôle lors de l’émission du paiement reléve du service administratif!!!!!
    La responsabilité de la faute est alors laissé aux petits cadres rt.Les contractuels plus hauts placés et donneurs d’ordre quand il y a un problème lévent les bras au ciel en psalmodiant qu-ils n’étaient pas au courant, qu’ils n’avaient pas été prévenus…leur responsabilité est inversemnt proportionnelle à leurs salaires et à leurs avantages (voiture, portable…).

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  6. Rustine13 Rustine13

    Si les politiques sont responsbles, le recrutement de contractuels aux plus hauts postes de la collectivité a affaibli la rigueur administrative. ceux-ci pour des raisons évidentes étant plus complaisants.
    Un paiement ne peut être effectué qu’aprés vérifications ce sont en général ce que les haut gradés(contractuels) appellent “les petits cadres” (fonctionnaires) qui signent le titre de paiement et engage leur responsabilité.
    Les contractuels ou hauts gradés (meme chose) mettent la pression pour la réalisation des paiements si un problème survient, ils lévent les bras au ciel en jurant qu’ils n’étaient pas au courant, qu’ilsz n’avaient pas vu….leur responsabilité est inverse à leurs salaires et à leurs avantages (voiture, téléphone portable…).
    Combien de titulaires de la fonction publique territoriale parmi le niveau des DG,DGA dans l’ensemble des collectivités Mairie, MPM, CG, Région?

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  7. piéton en colère piéton en colère

    peut-on savoir combien le CG 13 met pour l’opération de tennis Open 13 qui se veut un “événement” sportif conséquent ? Est-ce bien le rôle d’un CG d’être le “partenaire exclusif” de cet événement plus la com, omniprésente, les coulisses, les privilégiés…
    Merci de nous renseigner !!!

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