En centre-ville, le foot se joue à l'extérieur

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le 30 Juin 2013
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En centre-ville, le foot se joue à l'extérieur
En centre-ville, le foot se joue à l'extérieur

En centre-ville, le foot se joue à l'extérieur

Entre le boulevard Longchamp et le boulevard de la Libération, l'étroite rue Consolat devient le terrain de foot favori des jeunes du quartier. En fin d'après midi, lorsque le soleil déclinant autorise des conditions de jeux plus agréables, ils chaussent leurs vieilles baskets pour faire un "1 contre 1" où les arceaux encadrant les poubelles remplacent les cages. A chaque fois qu'une voiture passe, les joueurs se décalent et en profitent pour se reposer. L'absence de grillage les oblige à courir derrière le ballon, lorsque celui-ci sort de l'aire de jeu. Les gestes techniques s'enchaînent aussi vite que les buts. Ces joueurs sont peut être dépourvus de terrain mais pas de talent.

Sébastien et Mehdi, des habitués de ces "street football", expliquent : "on est ici entre collègues, souvent se sont des jeunes d’en ville donc on se connaît. Puis ça nous permet de jouer sans se déplacer trop loin".  Les deux amis aiment jouer sous les lampadaires qui éclairent les ruelles du centre. Mais lorsqu’on leur demande s’ils préfèrent un vrai stade pour jouer, ils répondent en rigolant "bien sûr ! Synthétique et éclairé pour que l’on puisse jouer le soir. Ça serait le top. On deviendrait des phénomènes".

Loin des terrains de foot synthétiques et des vestiaires flambant neufs, les habitants du centre-ville et plus particulièrement les jeunes, prennent pour terrain de jeux quelques squares qui se transforment en mini stade Vélodrome. Il n’est pas rare de voir une partie de foot devant la faculté de Colbert, à la Plaine ou dans les petites rues des Réformés et de l’Opéra. Souvent de vraies règles sont mises en place et des "gagnes" remplacent l’équipe perdante. Ce turn over permet à tout le monde de tâter le cuir. Tous les ingrédients sont réunis pour établir un championnat non officiel.

Les cafards au vestiaire

Pour les puristes, qui refusent de jouer sur les pavés marseillais, il existe des solutions. Une de ces alternatives s’appelle l’AS Belsunce (ASB) né en 1998 en plein cœur du quartier. A l’intérieur, siège Abdelhakim Miloudi, président fondateur du club. La visite du local est rapide comme l'éclair.  En tout et pour tout deux épaisses portes en bois, une dizaine de chaises, une armoire pour ranger les nombreuses coupes et un ordinateur. Le tout entassé sur 30 m² grand maximum. Le président est amer : "j’aimerais avoir un local plus grand pour accueillir les enfants et les parents. Cela fait 10 ans que je le demande, mais je n’ai rien obtenu".

Les jours de match et d’entraînement, les joueurs qui n'ont pas eu la chance d'avoir une place dans le fourgon prendront les transports en commun. Un périple d’une trentaine de minutes jusqu'à Frais Vallon (13e) ou la Rosière (12e). Eddy, efficace milieu de terrain de l'ASB, dénonce des conditions qui dégoûtent les joueurs marseillais mais aussi les visiteurs : "on galère pour jouer. On va jusqu’au stade de Frais Vallon. Nous ne sommes pas trop mal là-bas, mais les vestiaires sont pourris. Ils sentent mauvais et il y a des cafards partout. Nous sommes plusieurs équipes à se les partager. On a surtout honte d’accueillir les équipes adverses". Le problème est le même pour tous les clubs sportifs du centre-ville. Ils sont obligés de s'exiler vers la périphérie de Marseille pour jouer dans des conditions parfois déplorables.

Sur le plan financier, on se serre la ceinture à l’ASB. Le Conseil Général  et le Conseil Régional assurent le financement du club à hauteur de "60 000 euros par an soit une cacahuète" selon Abdelhakim Miloudi. Le président du club tacle les élus et notamment ceux de la mairie du 1er et 7eme arrondissement : "le club de foot du 7eme c’est Endoume, son local s’étend sur trois niveaux climatisés et complètement neufs. Et dans le 1er, c’est l’ASB avec son local qui fait la taille des toilettes d’Endoume. Donc c’est une même mairie pour deux politiques". Le fatalisme s'installe dans la discussion et le président termine son intervention avec ces mots : "en ville, il ne reste que du béton. Tout le monde le sait, béton et pognon ça rime bien".

"le constat est accablant"

Face aux sportifs, les élus. Ils n’ont pas les mêmes maillots mais partagent la même passion… A priori. Nassurdine Haidari, maire adjoint délégué à la jeunesse et au sport du 1er et 7eme arrondissement, le concède : "le constat est accablant". Il évoque le cas de l’AS Belsunce et celui du club de basket 1er Omnisport qui se déplacent pour les entraînements comme pour les matches officiels. Pour lui, "il n’existe pas de solution miracle. Il faut libérer du foncier et avoir une vision globale du sport à Marseille". Une solution qui paraît compliquée à mettre en œuvre à l’heure où chaque parcelle est courtisée par des promoteurs immobiliers toujours plus offrant. Pour l’instant, la mairie de secteur "ne peut qu’optimiser les infrastructures existantes comme l’espace Velten et doit faire preuve de créativité à défaut d’avoir des moyens financiers comme la mairie centrale".

En parallèle, la mairie centrale par le biais de Richard Miron, adjoint au maire de Marseille délégué au sport et aux équipements sportifs, essaye de couper court aux idées reçues : "il faut arrêter de croire que Marseille est une fusion de petits villages. C’est une métropole de 850 000 habitants. Les Marseillais ne peuvent pas tout trouver sur leur palier. Il faut qu’ils utilisent les transports en commun". Richard Miron reconnaît qu’il manque des infrastructures mais pour lui, "il est préférable d’avoir 5 ou 6 grands centres sportifs avec plusieurs bassins, terrains et gymnases. Puis autour de ces grandes structures, il faut des équipements sportifs de proximité, plus petits certes mais plus nombreux".

Les voilà bien mal barrés ces jeunes "d’en-ville". En attendant des équipements sportifs de proximité ou des terrains aux normes pour les compétitions, ils n’ont guère le choix : perpétuer la tradition des matchs dans la rue ou accepter de se déplacer, loin de chez eux, pour avoir un créneau sur un stade digne de ce nom. 

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Commentaires

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  1. ALAIN PERSIA ALAIN PERSIA

    Votre constat est juste : les jeunes du Centre Ville ne sont courtisés par les élus qu’au moment des élections .
    Passées celles -ci la municipalité continue et à signer des programmes immobiliers et à vendre des terrains ( voir Korsec comme dernier exemple) .
    MIRON porte voix de cette politique qui tend à négliger la jeunesse du centre et à détruire aussi des équipements ( notamment des piscines ) tient des propos irrationnels .
    Souhaitons qu’en 2014 , à l’occasion d’une défaite de l’équipage GAUDIN , des mimi terrains de foot soient créés dans le Centre.

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  2. ThdeMars ThdeMars

    C’est vraiment une honte qu’il y ai si peu de terrain en centre ville et quand ils y sont (baille- vertues) on construit des immeubles à la place. C’est Normal, c’est Marseille et on a les politicards qu’on mérite…

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  3. un marseillais un marseillais

    Et dans le parc a coté de la piscine valier.
    Le terrain de sport à laisser place à un parking.
    Pffou, du balais les espaces dédiés aux bien être et aux sport , la bagnole avant tout. Alors c’est qui le maire qui a décidé cela?
    Marseille une fois de plus à 20 ans de retard dans ces décisions.

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  4. Anonyme Anonyme

    Très bonne analyse par contre quand même il faut préciser que l’AS Belsunce peut s’entraîner au centre municipal Velten. Frais Vallon c’est pour les matchs. Cela n’enlève rien au triste constat … A voir si un terrain sera bien construit à la porte d’Aix.

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  5. Marseillais indigné Marseillais indigné

    Certains bons bourges marseillais ,qui vont à la messe et votent FN ou Gaudin s’étonnent après que certains jeunes qui s’emmerdent fassent n’importe quoi !

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  6. Marseillais indigné Marseillais indigné

    Pour être complet on constate une fois de plus ici que Gaudin et sa bande n’ont aucun sens ou plutôt se foutent des priorités Ses titres de gloire :le tramway ,la couverture du Stade vélodrome et la pétrification du Vieux-Port n’apportent rien à l’ensemble des Marseillais ! Gaudin et sa gestion sont un cas topique des effets pervers d’une décentralisation mal conçue : cumul des mandats, investissements superfétatoires ,clientélisme

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  7. Lydia Lydia

    On est dans une ville qui oublie ses enfants et c’est vrai aussi dans les villages et les quartiers. Mais bon sang, ils ne se rappelle plus dans cette ville qu’ils ont aussi été des enfants?? C’est inquiétant même a la Joliette euromed rien pour les enfants. J’ai honte sincèrement il faut vraiment rajeunir les troupes

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  8. joseph joseph

    Trés bon article qui pointe le réél manque de structures sportives dans le Centre Ville Marseillais. Pour autant, il n’y a pas la place pour créer des grosses infrastructures (complexe sportif avec terrain de grands jeux, gymnases, plateaux,…). Pour ce type d’équipement, il faut plutôt se tourner vers Euroméditerranée (des équipements sportifs sont prévus dans l’extension et notamment dans le futur Parce des Aygalades, à coté du Métro Bougainville). La ZAC Saint Charles prévoit elle aussi un gymnase.
    Pour autant, une offre de petits équipements sportifs de proximité peut être envisagée dans des opérations de renouvellement urbain.
    Miron n’a pas tort quand il dit qu’on ne peut pas développer une offre sportive au pied de chaque immeuble. Par contre, il faut développer l’offre sportive en cohérence avec les actuels et surtout futurs transports en communs.

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  9. Anonyme Anonyme

    Encore un article très intéréssant, merci !
    M. Miron parle à droite à gauche de cette idée qu’il faut plutôt quelques gros points de rassemblements sportifs plutôt que des petits et moyens points un peu partout, ce que je trouve assez juste, le problème c’est de dépasser le stade de la parlotte : M. Miron quel est le projet concrètement ? Quels sont et ou seront ces fameux complexes ? Ou en sont les travaux ? Ou en est le plan stade ? Ou en est le plan piscine ? Ces deux plans ne sont ils en fait qu’un seul plan faisant emerger ces fameux points sportifs principaux ?
    Bref, on ne comprend rien, c’est du blabla (et encore du mauvais blabla) sans programme ni financement.

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  10. Anonyme Anonyme

    Dans cette ville n’y aurait-il que le foot qui compte ? Etre jeune est-ce jouer au foot… marre des clichés et de la bêtise véhiculée par ce sport …

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  11. Mistral Boy Mistral Boy

    Mr Miron n’a rien compris, les jeunes ont besoin d’espaces de proximité où jouer après la sortie de l’école, sans faire une heure de route en transports en commun, il serait intéressant de voir combien de terrains de proximité on aurait pu faire avec le prix de la couverture du vélodrome, qui va servir quelques jours par an.
    Dans le centre ville on ne veut pas des enfants puisqu’on ne fait rien pour eux, donc on ne veut pas des familles, mais on construit des immeubles avec des T3, T4 pour y mettre qui ?
    La mairie veut modifier la sociologie du centre ville, mais les familles qui ont le choix ne s’installent pas en centre ville, pas assez de places en crèches, pas d’espaces verts, pas d’équipements sportifs…, ne s’installeront en centre ville que les familles qui n’ont pas d’autre choix.
    Nos élus ne veulent pas que les marseillais vivent dehors, les espaces publics sont plus dédiés aux voitures qu’aux être humains, et ceux dédiés aux piétons n’ont pas de bancs ni de jeux pour enfants ou adolescents.
    Il est temps de rajeunir les décideurs de cette ville.
    Et si Mr Miron ne trouve pas d’espaces pour installer des installations sportives de proximité je veux bien lui faire la visite du centre ville.

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  12. Anonyme Anonyme

    La chose la plus folle en ce moment et l’état de ruine du complexe de Luminy. “2 Piscines dont un bassin olympique” un plongeoir, un stade, Piste athlétisme, des terrains de tennis.
    Richard, si tu as pas de crédit, si ton personnel ne veut pas bosser, c’est pas grave fait une DSP, mais de grâce ne laisse pas a l’abandon un site et un complexe proche de centre universitaire.
    Fais en sorte d’attirer des jeunes vers LUMINY plutôt que de les envoyer vers Lyon Bordeaux.
    Pu…. Richard, même en Californie ils ont pas un truc pareil.
    Y a que moi qui m’en aperçois?

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