De la rue Pythéas à la rue de la Palud, “la psychose” des bâtiments fissurés s’étend

Actualité
le 8 Nov 2018
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Après le drame de la rue d'Aubagne, les opérations de sécurisation d'immeubles lézardés se multiplient en centre-ville, provoquant une crainte parmi les riverains et les habitants. Dans l'après-midi, les services de la Ville ont évacué deux immeubles, rue de la Palud et rue Pythéas.

De la rue Pythéas à la rue de la Palud, “la psychose” des bâtiments fissurés s’étend
De la rue Pythéas à la rue de la Palud, “la psychose” des bâtiments fissurés s’étend

De la rue Pythéas à la rue de la Palud, “la psychose” des bâtiments fissurés s’étend

Ce mercredi, en fin de matinée, une dizaine de policiers municipaux déploient un périmètre de sécurité autour du 4, rue Pythéas (1er). La circulation automobile est coupée, les passants de cette rue très fréquentée qui donne sur le Vieux-Port s’arrêtent sur le trottoir, encore plus étriqué que d’ordinaire à cause du cordon de sécurité. Les gens se prennent la main, lèvent les yeux au ciel, l’un d’eux soupire : “il va s’effondrer !”. Depuis l’effondrement de trois immeubles rue d’Aubagne, la vigilance et la peur se sont accrues. Les rumeurs aussi : quelques heures plus tard, lors d’une réunion d’habitants de Noailles, sera annoncé l’effondrement de l’immeuble.

La façade droite de l’immeuble est traversée par de larges fissures laissant voir, par endroit, des parties de mur à nu, érodées. Un agent du service de prévention des risques est sur place. Un par un, il dénombre les habitants de l’immeuble et leur statut de locataire ou de propriétaire. En cas de péril, les premiers doivent être relogés par la Ville au frais de leurs propriétaires. Ces derniers, s’ils habitent sur place, doivent se reloger par leurs propres moyens. En revanche, l’agent municipal qui coordonne l’évacuation des personnes refuse de parler à la presse et de confirmer qu’il y a là un péril imminent.

Quelques temps plus tard, un marin-pompier présent sur place confirme bien que le bataillon a bien été envoyé pour “un péril imminent” sans confirmer sa nature. Présents sur place, certains habitants se refusent à céder à la “psychose” du moment.

“Quand j’ai acheté en 2003, les fissures étaient déjà là. Puis, il y a environ quatre ans, des couches de peinture se sont détachées et donc maintenant quand il pleut, il y a des petits bouts de pierre qui tombent, mais c’est tout !”, dédramatise Joseph Mimouni, propriétaire serein, et vedette malgré lui, pour la dizaine de chaînes de télévisions et radios nationales venues du quartier de Noailles voisin.

Une journaliste s’aventure : “est-ce que la situation est comparable à la rue d’Aubagne ?” Regard accusateur de l’habitant : “j’espère que c’est une blague votre question ! On est sérieux là ? Si mon immeuble présente un péril, alors on devrait retaper les trois-quarts des immeubles marseillais d’abord !”

“Dans un tel contexte, c’est inadmissible”

Ce relativisme n’empêche pas Joseph Mimouni d’être conscient qu’une telle façade n’est pas “normale”. D’ailleurs, quand l’érosion a débuté il y a quatre ans, le propriétaire se remémore la venue des pompiers pour refixer un volet qui menaçait de se détacher. Suite à cet épisode, les propriétaires de l’immeuble ont décidé d’engager des travaux.

“J’ai réglé 4 500 euros, mais je ne sais pas si tous les propriétaires ont payé. Ce que je sais, en revanche, c’est que le dossier a été transmis au syndic, qui assure avoir formulé une demande de financements à l’ANAH (agence nationale d’amélioration de l’habitat).” Le dossier est au point mort depuis juin 2017. “Alors c’est bien que la mairie se bouge maintenant, mais qu’elle attende un tel contexte, c’est inadmissible”, s’indigne Joseph Mimouni.

En début d’après-midi, le périmètre de sécurité s’est réduit au seul trottoir. Quelques habitants, davantage inquiets pour leur hébergement que pour l’état de leur façade, sont postés devant leur porte et attendent les consignes d’une équipe d’experts qui examine les lieux. Lorsque les fonctionnaires sortent, et après une longue discussion vraisemblablement tendue, la décision de la stricte évacuation de l’immeuble est prise. Des travaux vont être réalisés dans la cage d’escalier, car une fuite d’eau, en 2016, aurait fragilisé quelques marches. Quant à la façade, elle va être protégée pour éviter les chutes. C’est en tout cas ce que rapportent des propriétaires présents sur place, les experts refusant catégoriquement de répondre aux questions de la presse.

Même scène rue de la Palud

À quelques mètres de là, le même ballet se déroule au pied d’un immeuble de la rue de Palud. Une grande échelle est déployée et vise les fenêtres d’un immeuble de cette petite rue qui longe la la rue de Rome. Toutes les fenêtres sont barrées d’étais de métal. Aucune d’entre elles n’offrent des angles droits. Une policière municipale explique que les habitants ont tous été évacués. Les pompiers vérifient par les fenêtres que l’immeuble est bien vite. Là encore, personne ne sait s’il s’agit d’un péril imminent. En revanche, l’opération concentre une foule importante qui gêne même la circulation du tramway. Là encore, parmi la foule, revient le mot “psychose” que ces mesures d’apparente précaution contribuent à susciter.

Le midi, la mairie centrale a déclenché une campagne d’appels téléphoniques automatiques. L’un d’eux est arrivé sur la ligne fixe de Marsactu, informant de la mise en place d’un numéro d’urgence pour l’accompagnement des sinistrés et d’information pour les riverains. En marge du déploiement rue Pythéas, un policier explique que ses services “reçoivent beaucoup d’appel.” Le drame de la rue d’Aubagne a entraîné une multiplication des signalements. Mais dans la petite foule agglutinée rue Pythéas, on rit jaune : “ils vont s’activer partout, là !” Et pour les passants, comme pour Joseph Mimouni, “c’est du pur théâtre”.

Lors d’un point presse, l’adjoint aux marins-pompiers, Julien Ruas a reconnu que lessignalements se mutipliaient depuis plusieurs jours et que des arrêtés de péril ont été pris à leur suite. Il a refusé de confirmer leurs lieux et leur nombre.

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