Dans les couloirs de l'Evéché

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le 31 Jan 2012
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Dans les couloirs de l'Evéché

Après Les condés, sur les figures policières notoires des dernières décennies,  ou encore  Le brasier marseillais, sur le milieu de la pègre, Thierry Aguila livre Hôtel de police, un documentaire percutant, diffusé sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur, mercredi soir.

La démarche est originale, le pari audacieux. Cette fois, Thierry Aguila a choisi de montrer durant 52 minutes « l’envers du décor », le travail intra muros des policiers marseillais, avec la mise en avant des aspects quotidiens, les comportements au travail, la lenteur des procédures, le temps des enquêtes… Bref, « ce qu’on ne voit jamais », explique le réalisateur. Ne jamais sortir de l’Hôtel de police, tel était le leitmotiv de l’équipe de tournage.  « Je voulais amener un autre regard, au-delà des fantasmes, de la mise en scène habituelle que l’on voit sur la police. Il m’a paru important de démystifier les choses. Finalement, c’est un film sur le travail, le temps et… la police. »

Le côté « anti-héros » des personnages et anti-spectaculaire du film offre un singulier aperçu du milieu policier, à travers le prisme d’une réalité certes plus ordinaire, mais pour autant peu banale. Ainsi, une scène surréaliste dévoile des piles de dossiers entassées : il s’agit des procédures en cours… Un policier décrit les tracas administratifs, les incohérences et les frustrations techniques, autant de freins à la bonne marche des enquêtes. « Leur réalité est là », estime Thierry Aguila. « On suit surtout un petit personnage du film, notre fils bleu », le policier affecté à l’accueil. Dépité mais résigné, ce dernier confie à la caméra qu’il s’attendait à autre chose en revêtant l’uniforme, sans jamais se départir de son sens aigu du devoir.

Pour la productrice, Delphine Landes, « l’image de la police change avec ce film. On se rend compte qu’ils ont un travail compliqué, souvent éprouvant. L’équipe de tournage n’en pouvait plus au bout de trois mois ! » Le parti pris de ne jamais suivre d’affaires jusqu’au bout, de ne montrer que les silhouettes des gardés-à-vue, confère, selon la productrice, « une intemporalité au film ».

Et si l’équipe de police conviée à l’avant-première a chaleureusement applaudi le film, rien, au départ, ne laissait présager une telle réussite. Après trois mois d’attente pour obtenir l’autorisation de tournage, Thierry Aguila a du convaincre des policiers « assez remontés contre les médias et peu coopératifs ». Durant les deux mois précédant le début du tournage, le réalisateur s’est introduit auprès des policiers marseillais, afin de tisser des liens et leur expliquer le sens de sa démarche.

La technique utilisée pour filmer – inédite – à partir d’appareils photos numériques, participe « d’une volonté de se faire oublier ». D’un point de vue pratique, reprend Delphine Landes, « il était également plus facile et moins intrusif de filmer avec des appareils photos, dans les petits bureaux, qu’avec des caméras imposantes… ». Les images, riches en plans fixes, se rapprochent d’un traitement cinématographique, « davantage proche de Raymond Depardon que de Compléments d’enquête » espère Thierry Aguila.

Insistant sur la dimension artistique, Delphine Landes enchérit : « nous avons vraiment réfléchi au dispositif avant de nous lancer. Nous souhaitions trouver un moyen de recueillir les paroles des gens sans réaliser d’interviews. Il n’y a aucune voix off dans le documentaire ». En contrepartie, l’équipe de tournage s’efforce d’être continuellement présente sur les lieux.

Rattrapé par l’actualité, le film revêt une dimension politique. « Évidemment, ce qui se passe à Marseille ne se passe pas ailleurs. Le film s’adresse aux institutions, aux politiques », conclue la productrice. En guise de signature, le réalisateur a choisi de projeter l’image de la façade de l’Hôtel de police. Comme un dernier coup d’œil jeté en arrière vers des lieux désormais familiers.

Hôtel de police sera diffusé mercredi soir à 23 h 55 sur France 3 Provence-Alpes-Côtes d’Azur et rediffusé un matin sur la même chaîne. (nous vous communiquerons la date dès qu’elle sera fixée).  Le documentaire est  actuellement disponible en visionnage – gratuit – sur  dailymotion (vidéo ci-dessous) et sur le site internet de France 3

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