Chez les Winners, Guérini ne peut s'empêcher de faire campagne

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le 17 Oct 2013
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Chez les Winners, Guérini ne peut s'empêcher de faire campagne
Chez les Winners, Guérini ne peut s'empêcher de faire campagne

Chez les Winners, Guérini ne peut s'empêcher de faire campagne

Le grand portail du local des Winners est ouvert. Sur les côtés, des affiches vantent "la courageuse" Samia Ghali. La voiture de Jean-Noël Guérini s'arrête juste devant, à cheval sur le trottoir. Le président du conseil général est ici comme chez lui, il a un accès backstage car "le conseil général nous a toujours soutenu, même quand c'était difficile, souffle un responsable de l'association. D'habitude, on ne laisse rentrer personne". Au sous-sol, Guérini découvre la fabrique des tifos, la peinture, les banderoles, s'enquiert des conditions du prochain déplacement à Nice ou du futur adversaire en Ligue des champions. La visite n'a en fait pas de but précis : pas d'annonce, pas d'événement particulier. Pourtant elle a toutes les caractéristiques d'un déplacement de campagne.

"Mon petit doigt me dit que j'aurais fait ce déplacement une semaine plus tard, il y aurait eu moins de monde", jubile Guérini qui s'empresse d'ajouter : "Je fais ce déplacement tous les ans, c'est normal. Parce qu'ici, ils ne font pas que mettre des tifos dans les stades, ils encadrent les jeunes avec leur club de taekwondo. Ça fait trois mois que c'était prévu." Mais la presse n'a été prévenue que la veille, logique.

Nous, comme les autres journalistes, sommes bien sûr là pour guetter les signes d'une position en vue des seconds tours des primaires socialistes. À la Belle de mai, Jean-Noël Guérini retrouve une terre dont il fut maire de secteur. Lui-même ne se fait pas prier pour raconter l'histoire : "C'est ici, dans des quartiers populaires que j'ai débuté ma carrière. J'ai été élu pour la première fois en 77 dans les 2e et 3e arrondissements dont ces quartiers font partie. J'ai toujours beaucoup d'amis, il n'y a qu'à voir comment je suis accueilli. J'ai de bons souvenirs ici."

"Si je parle, il y aura interprétation"

Nos vaillants confrères du Supplément politique de Canal +, qui réalisent cette semaine un portrait de Samia Ghali, essaient de glaner une phrase sur la sénatrice. Ils tentent une, deux, trois fois… Guérini est inflexible : "Si je commence à parler sur qui que ce soit, il y aura une interprétation. Je ne m'occupe pas de ces primaires. Dimanche, comme prévu, je n'ai pas voté, je suis allé promener mon chien".

Mais, affaires ou pas affaires, le président du conseil général ne peut s'empêcher de se mêler d'une élection. Si on était sur la toile, certains y décèleraient l'activité d'un troll, celui dont le seul objectif est de pourrir une discussion. À défaut de pouvoir le faire lui-même, Guérini passe les messages et les allusions plus ou moins fines. Entre deux rayons de tissus à banderole, il s'arrête et interroge ses hôtes : "Combien vous êtes les Winners ?" 5750, lui répond-on. "Petite association", s'amuse, sourire en coin, la conseillère générale et maire de secteur Lisette Narducci, fidèle parmi les fidèles de Guérini.

Dans l'escalier qui mène au bar du club, entre deux minots en kimono, on s'approche de l'élue. Dimanche dernier, elle n'a pas fait que promener son chien. À la sortie du bureau de vote, à deux pas de sa mairie, elle n'avait pas voulu faire part de son choix assurant seulement : "C'est vrai je n'ai pas voté pour Patrick Mennucci". Va-t-elle faire la même chose dimanche ? Elle hésite un peu à répondre puis glisse : "Oui".

"Il a mal parlé à Jean-Noël"

Le journaliste de Canal + ne lâche rien. Pour à peu près la dixième fois, il tente de faire plier Guérini pour savoir s'il incline plutôt vers Samia Ghali. Bonhomme, l'élu réussit une dernière esquive. Le micro de Canal passe alors de main en main, les supporters entourent leur bienfaiteur affublé pour l'occasion d'une casquette et d'une écharpe bleues et blanches et entament leur chant fétiche et sautent les bras levés.

Une dernière interview pour LCM et Guérini, le sentiment du travail bien fait, pourra s'en aller. Sauf que, très vite, son oeil vire. Au fond de la salle, le ton monte. Le journaliste n'a toujours pas revu son micro. On ne reste pas éternellement impuni d'avoir été l'actionnaire majoritaire du PSG époque Ginola, pense-t-on. Mais l'antre des Winners bruisse d'une toute autre préoccupation. "Il a mal parlé à Jean-Noël", justifie l'un d'entre eux. "Il l'a emmerdé avec toutes ces questions, renchérit un autre. On a déjà bien voulu le faire rentrer, faut pas qu'il exagère."

"C'est justement ce qu'il ne faut pas montrer", corrige Narducci quand Guérini raccompagne l'équipe de la chaîne cryptée vers sa voiture. Dans l'escalier qui ramène tout ce petit monde, un autre fan s'agace : "C'est quoi qu'ils font là ? C'est un spécial investigation ou pas ?", s'énerve-t-il. Le patron du département joue l'apaisement avec la presse. Surtout ne pas gâcher l'image d'un Guérini toujours populaire dans son secteur. À l'écart de supporters toujours énervés, il s'arrête quelques instants avec nous sur le trottoir de la rue Loubon. Des habitants le saluent, il prend la pose pour la photo, s'attarde un petit peu.

"Par le passé, personne n'a fait de clientélisme"

Derrière lui, des restes d'affiches du premier tour, Samia Ghali, Eugène Caselli, Christophe Masse et Patrick Mennucci. Le week-end précédent, c'est ce dernier, député du coin, qui est arrivé en tête dans le 2/3. Mais au fait, Guérini pense-t-il comme la maire de secteur, tout sauf Mennucci ? "Elle fait ce qu'elle veut, elle fait comme elle l'entend. Moi, je ne me mêle de rien. Je m'exprimerai dans quelques jours, sur l'actualité. Je donnerai ma définition du clientélisme. Car je suis convaincu que par le passé, personne n'a fait du clientélisme". Le discours ressemble alors trait pour trait à la défense de Samia Ghali depuis dimanche dernier après l'arrivée impromptue des transports en commun dans les quartiers Nord.

Mais la porte entrouverte se referme. On lui dit tout de même que cela ressemble furieusement à un déplacement de campagne. "Quand on est président de collectivité, on travaille 15 heures par jour, on n'a pas le temps pour des visites de médecin… Même si je n'ai rien contre les médecins". Son amour des blouses blanches est donc toujours aussi vif comme ce sourire en coin figé depuis son arrivée chez les Winners. En regagnant sa voiture, il interpelle "Lisette, il ne faut pas parler des primaires quand je suis là". "Je ne parle pas, répond-elle. Je réponds aux questions".

Ali, un habitant du quartier passe par là, s'enquiert de la teneur du scrutin de dimanche et se dirige vers Lisette Narducci car "elle, elle est toujours bien avec les Comoriens". "Je suis bien avec tout le monde", sourit l'élue. L'homme a déjà récupéré une écharpe de l'OM et voudrait celle offerte à l'élue "pour ma femme, vous savez, elle vote, elle aussi". Coincée, l'élue lui la donne "pour les nuits d'hiver". Ali demande son numéro pour la laisser filer. "J'espère avoir un logement, même pas un T2, juste un logement". L'histoire ne dit pas si ces échanges rentreront dans la définition du clientélisme par Jean-Noël Guérini.

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Commentaires

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  1. Hervé Hervé

    C’est lamentable, tout simplement lamentable. Les citoyens qui jouent ce jeu, jouent contre le camp de l’intégrité et de la véritable démocratie. Toujours prêts à se vendre … élus et citoyens.

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  2. Anonyme Anonyme

    Moi je ne suis pas du tout bien avec vous , ma “chère” élue de secteur si invisible et qui ne sert à rien si je puis dire , mes simples demandes ayant toujours été déboutées ..

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  3. Belle_de_mai Belle_de_mai

    Menucci va gagner c’est sans surprise ! Cette ois ci l ère Guérini prend fin. Ghali n était là que pour se aire écraser par Gaudin pendant la guerre de 14 on appelait ça de la chair à canon !!!!!!

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  4. Anonyme Anonyme

    Ce type est la honte absolue … Et ses enfants politique aussi !!
    Tout le monde à mangé avec lui, et si après tout il souhaite tout faire péter avant de sortir… Pourquoi pas ?
    Allez, ouste !! QUE CETTE GÉNÉRATION D’ESCROCS D’EGAGE !

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  5. Anonyme Anonyme

    Les gens ne comprennent pas que ce n’est pas les aparatchyks ou l’appareil qui decide depuis paris mais la rue et le pouvoir de cette meme rue pourrait leur peter a la figure il n’est pas un endroit une manifestation ou jng n’est pas acclame meme carlotti pourtant ministre n’arrive pas a se faire aimer,jamais jng n’a ete hue que se soit a marseille ou dans le departement et d’ailleurs il est toujours au ps quoi qu’on en dise tous les anciens secretaires nationaux (et meme un president de la republique) se sont servient de ses relations meme avec les affaires un sondage lui donne 30% d’intention de vote vous pouvez hurler avec les loups mais les faits sont tetus il est aime a marseille ville ou les heros ont toujours etes des anticonformistes (on aime les voyous et pas les balances)

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  6. Anonyme Anonyme

    DE GRACE GUERINI AYEZ AU MOINS LE COURAGE DE PARTIR ? EST CE QUE LE MOT COURAGE EST DANS LE VOCABULAIRE DE CE MONSIEUR..CES SOCIALISTES SONT TERRIBLES AUCUNE HONTE?????

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  7. Anonyme Anonyme

    Ah oui ils l’aiment les winners!!,le conseil général à toujours été la pour nous,pour sur!!,les places de matchs gratos de nos impôts qu’ils nous revendent devant le stade…..c’est eux!!!!….pitié sortez le,j’en peux plus de lui!!!

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  8. Silencieux Silencieux

    Je vais finir par supporter le PSG… Non, je déconne.
    Mais ma ferveur en prends un sacré coup. Encore un peu plus déçu…

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