L’audience surréaliste du chauffeur poids lourds qui avait forcé un barrage de grévistes

Autant par le fait examiné que par les échanges entre les différents protagonistes, cette audience avait tout l’air d’une scène “surréaliste”, selon les mots de La Provence, qui en fait le récit dans son édition du jour. L’homme jugé par le TGI d’Aix, chauffeur poids lourd, avait foncé sur un barrage tenu par des grévistes à Vitrolles le 26 mai dernier. Lui qui nie toute animosité à l’égard du mouvement social, évoque un accrochage avec un syndicaliste monté sur le marchepied de sa cabine pour lui donner un tract. Déséquilibre ou réelle empoignade, l’échange dégénère, le conducteur est aspergé de gaz lacrymogène et le syndicaliste tombe au sol, à hauteur des roues. Le chauffeur, avec “les yeux qui brûlaient et le nez en sang”, dit-il, voyant une foule de grévistes venir en sa direction, démarre. S’ensuit une scène effrayante, entraînant un autre véhicule et des piétons dans son carambolage.

Mais l’audience au tribunal qui a suivi n’a pas manqué de rebondissements non plus. “Nous étions dans le cadre de ces fameuses grèves de la CGT qui prennent la France en otage”, commente d’emblée la présidente. “Voilà ce que peut produire une foule folle et avinée”, poursuit-elle plus tard, “Et après, on appelle ça des syndicalistes ! Moi j’appelle ça des voyous. Ils défendent les travailleurs ? Monsieur était debout depuis 2 h du matin!”

“Bon, enfin, il n’y a qu’un seul prévenu”, tente l’avocat des manifestants victimes. “Et pourquoi ? À cause de l’anonymat des foules”, rétorque du tac au tac la juge. “Même énervé, on ne roule pas sur les gens”, nuance le même avocat. “Ce dossier, c’est une victime qui a fait des victimes”, essaye de conclure le défenseur du chauffeur, qui sera fixé sur son sort le 28 juin. Il risque 6 mois de suspension de permis et cent jours d’amende à 3€.