Avec “Inond’action”, la métropole tente de faire barrage aux conséquences des fortes pluies

Actualité
le 16 Oct 2024
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Ce mardi 15 octobre, la métropole a présenté, avec son partenaire Epage Huca, l'ambitieux plan Inond'action. Sur les 40 communes prises en charge, plus de 150 000 personnes sont concernées. L'objectif : réduire leur vulnérabilité face aux fortes pluies. Mais la simple information sur les zones susceptibles d'être inondées peine à circuler.

Martine Vassal, Laurent Simon et Didier Réault ont présenté le plan Inond
Martine Vassal, Laurent Simon et Didier Réault ont présenté le plan Inond'action aux bords de l'Huveaune.

Martine Vassal, Laurent Simon et Didier Réault ont présenté le plan Inond'action aux bords de l'Huveaune.

Sur la façade de sa grande maison familiale du 10ᵉ arrondissement, Yvan Fermy, moustache bien taillée et chemise blanche, désigne une pastille, située à près d’1,20 m du sol. “L’eau est montée jusqu’ici en octobre 2021, explique le propriétaire de la demeure du XIXe siècle. Ici, à Pont-de-Vivaux, de nombreuses habitations comme la sienne bordent le fleuve de l’Huveaune. À chaque orage, l’eau monte rapidement dans ce bassin versant. En cas de crue, des torrents peuvent se déverser dans les rez-de-chaussée et les caves des résidents.

En octobre 2021, l’eau était montée jusqu’à la pastille violette.

Face à ces incidents qui frappent régulièrement la côte méditerranéenne, la métropole a donc choisi de présenter son plan Inond’action chez le quinquagénaire, ce mardi 15 octobre. Martine Vassal (DVD), la présidente de la métropole et du département, s’est associée à l’établissement public d’aménagement et de gestion des eaux Huveaune-Côtiers-Aygalades (Epage Huca), pour faire part aux nombreux journalistes présents des avancées de ce dispositif, qui s’étend de Fos-sur-Mer à La Ciotat. L’objectif : aider les particuliers, les entreprises, les exploitations agricoles et les établissements recevant du public de 40 communes différentes.

“Il est impossible de se protéger des crues”

Pour le moment, Yvan Fermy a tenté de fixer une planche devant sa porte d’entrée en cas d’inondation, un système D peu efficace. Un diagnostic gratuit a donc été réalisé à sa demande par Osgapi, le prestataire d’Epage Huca. Le Marseillais va faire installer plusieurs dispositifs, d’une valeur de 4500 euros. Plusieurs fois, il rappelle son impatience, s’inquiète des “pluies de l’automne”, et mentionne à Martine Vassal la lenteur dans l’instruction de son dossier.

De plus, les batardeaux prévus pour ses portes, hauts de 80 centimètres, permettront de limiter considérablement les dégâts en cas de fortes pluies, comme celles de la semaine dernière, mais pas en cas de crue importante de l’Huveaune, qui coule au ras de sa propriété. Yvan Fermy et sa mère, dont il est aidant depuis trois ans, devront nécessairement se réfugier à l’étage.

Tous les acteurs sont sans appel : en zone inondable, “il est impossible de se protéger en cas de crue”. Ça, le propriétaire le sait : “Ça fait 45 ans que je suis là, donc je connais ce phénomène. Si je ne pouvais pas vivre avec, je serais parti. On accepte de vivre avec le risque.” Concernant l’efficacité des pouvoirs publics sur cet enjeu, le quinquagénaire triture sa cigarette électronique, souffle, puis sourit : “Question Joker.”

Les batardeaux, un système qui s’installe sur les portes, peuvent atteindre jusqu’à un mètre de haut.

Ces zones inondables concernent près de 50 000 personnes présentes sur le territoire concerné par les crues, selon les derniers travaux de la métropole. S’ajoutent à cela de très forts problèmes de ruissellement, dus à la bétonisation et au vallonnement du territoire, notamment de la ville de Marseille, qui toucheraient plus de 138 000 habitants. “Ici, il pleut fort en peu de temps, ce sont les conséquences du réchauffement climatique. C’est comme ça que les rues se transforment en rivières”, précise Estelle Fleury, directrice d’Epage Huca.

Un diagnostic gratuit… mais pas les installations

Comme Yvan Fermy, les particuliers, entreprises et établissements recevant du public (ERP) répertoriés en zone inondable ou de ruissellement peuvent réaliser un diagnostic gratuit. En revanche, le financement des installations, comme les barrières anti-inondation, les batardeaux ou la création de zone refuge, varie selon le demandeur.

Pour acquérir ces protections, les particuliers sont remboursés à 80 % pour le moment. Face aux micros tendus, Martine Vassal assure en revanche que le financement public s’élève à “90 % : 50 % par l’État, 30 % par le département et 10 % par la métropole”, contrairement à ce qu’écrit la métropole dans ses documents. Renseignement pris auprès de l’établissement public qui instruit les demandes, pour les 200 dossiers en cours de traitement, ce sera finalement bien 80 %. La prise en charge à 90 % reste pour l’heure une promesse. Un participant glisse : “En fait, peut-être que Martine Vassal n’est présente que pour annoncer ces 90 %…” Dans un communiqué tardif, la métropole confirme l’annonce de la présidente, qui souhaite “faire évoluer la prise en charge” publique.

Les entreprises de moins de 20 salariés recevront 40 % d’aide financière. En revanche, au-delà de 20 salariés ou pour les établissements recevant du public, aucun financement n’est proposé. Concernant les écoles, dont une trentaine avaient fermé mardi dernier à cause des fortes pluies, Epage est “en discussion avec la Ville de Marseille” pour intégrer ce dispositif Inond’action au plan écoles.

des informations méconnues par les habitants

Pour le moment, Epage n’a donc reçu que 200 dossiers, après des milliers de courriers envoyés aux concernés par les inondations. Beaucoup d’habitants, de commerçants, d’entreprises ignorent encore s’ils sont situés en zone inondable ou de ruissellement. Pourtant, “nul n’est censé ignorer le PPRI” (plan de prévention du risque inondation), ironise l’un des représentants d’Epage. “C’est très compliqué à comprendre quand même”, avoue Laurent Simon, le maire (DVD) de Plan-de-Cuques, une commune particulièrement concernée par le ruissellement.

Estelle Fleury espère que cette présentation du dispositif pourra démocratiser ces informations : “On compte sur vous pour en faire la publicité”, sourit-elle à l’assemblée. Une carte interactive, inconnue des habitants pour le moment, permet donc de savoir dans quel type de zone on se situe. Un premier pas pour faire réaliser un diagnostic et prendre des mesures de protection si besoin. En attendant, les pluies vont revenir cette semaine et créer peut-être de nouveaux dégâts. Face au propriétaire, Martine Vassal ironise : “Heureusement qu’on n’a pas prévu ça demain ! Vous avez un canoë ?”

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Commentaires

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  1. LN LN

    La carte est vraiment parlante sur le danger. Mais alors, pourquoi être passé outre en donnant tous ces permis construire le long de l’Huveaune ? Des immeubles en construction (des villes entières) y en à foison. On se pose pas la question Martine ?

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  2. JK JK

    Non visiblement elle ne le pose pas…
    On a tous une idée de pourquoi elle ne se l’est pas posée…
    Je plains les pauvres propriétaires inondés à chaque orage.

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  3. MarsKaa MarsKaa

    Quand il y aura des morts, Martine et ses amis garderont-ils le sourire et leur sens de l’humour ? La communication c’est bien, c’est encore mieux quand 1. Elle est sérieuse, précise, efficace (il est grand temps de diffuser publiquement quelles sont les zones à risque) 2. Quand elle est accompagnée d’actes précis, efficaces et sérieux.
    On est toujours loin du compte concernant la gestion des risques (naturels et industriels) dans l’aire métropolitaine et à Marseille en particulier.
    L’information de la population, et des responsables politiques, la documentation du risque sont des etapes essentielles pour limiter les dégâts et les morts.

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  4. leb leb

    Sinon, en prévision des nouvelles pluies diluviennes annoncées pour demain, est-ce que la métropole pourrait prendre l’initiative de lever les déchets à l’avance, de façon à éviter que le port de transforme à nouveau en décharge, la troisième fois depuis le rentrée.

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  5. ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

    Je ne sais pas qui conçoit les appellations des actions à la Métropole mais cette assonance entre “indond’action” et “inaction” sent réellement le lapsus révélateur

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Ah! Ah! Yessss

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    • julijo julijo

      ✌️🤣

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