Au conseil métropolitain, Martine Vassal et Benoît Payan mettent en scène leur entente

Le conseil métropolitain, le 5 décembre 2024. (Photo : ML)

Au conseil métropolitain ce jeudi 5 décembre, il y avait une ambiance de miracle de Noël en plein chaos institutionnel. Le gouvernement de Michel Barnier est tombé la veille avec le vote inédit d’une motion de censure par les députés de l’Assemblée nationale. L’avenir du projet de loi de finances, qui donne la trajectoire du pays pour l’année à venir, est incertain. Mais face à cette situation, les élus locaux ont décidé d’afficher un front uni. Un fait rare sur les bancs de l’hémicycle métropolitain, qui répond donc à une conjoncture exceptionnelle.

Cette entente de circonstance s’est notamment caractérisée sur le vote du budget et l’approbation du programme d’aménagement du tram de la Belle de Mai. Avec, en tête de file de cette démonstration, la présidente de la métropole Martine Vassal (divers droite) et le maire de Marseille Benoît Payan (divers gauche) en personne. Tous deux ont laissé de côté leurs piques habituelles au profit de nombreux remerciements respectifs pour leur travail en commun. Un moyen de jouer la carte de la solidité locale, en opposition au flou parisien global.

Ce petit ballet commence dès le mot d’introduction de Martine Vassal. La présidente de la métropole insiste sur “l’obligation de ne plus se perdre dans les confrontations stériles”. Elle réitère cette idée à plusieurs reprises lors de la séance, demandant à ce “que les petits différends restent de côté pour avancer dans le bon sens pour les habitants”. Le maire de Marseille partage cette position dans “une période particulièrement troublée”. “Malgré nos différences, il ne peut pas y avoir de fracture entre nous, déclare ainsi Benoît Payan. Si nous trouvons des points d’accord, nous sortirons grandis.”

Touche pas à mon budget

Face à ce brouillard national, la métropole a décidé de présenter au vote un budget pour l’année 2025 qui ne tient pas compte des efforts budgétaires demandés initialement par le gouvernement aux collectivités territoriales dans le projet de loi de finances. Pour l’institution, cela aurait représenté un effort de 90 millions d’euros, estiment les services. “Je refuse de choisir entre nos priorités. Nous avancerons sur tous les fronts. Même si l’État nous demande de réduire les dépenses, nous tiendrons bon”, justifie au micro Martine Vassal.

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“Cela montre notre volonté d’investissement sur les communes”, insiste par ailleurs la présidente de la métropole. Benoît Payan tient alors à remercier Martine Vassal de ne pas avoir touché au montant de la dotation de solidarité intercommunale versée à la Ville de Marseille, qui est de 45 millions d’euros pour 2025. Ce montant avait fait l’objet en 2022 d’un accord financier, après une longue période de tensions. Du côté de la municipalité, on s’attendait à voir la métropole piocher dans cette enveloppe pour répondre aux exigences budgétaires gouvernementales. Cette agréable surprise justifie en partie l’entente, explique-t-on dans les couloirs du conseil métropolitain.

Ce choix remporte une adhésion inédite au sein de l’hémicycle. Les élus aixois, en opposition systématique depuis la naissance de la métropole, votent même en faveur du budget. Les conseillers du Rassemblement national et ses alliés, ainsi que ceux du groupe Pour une métropole du bien commun, la majorité municipale marseillaise, s’abstiennent. Mais Benoît Payan tient à préciser : “Nous sommes passés d’une opposition frontale à une abstention constructive.” “On va dans le bon sens, on suit une trajectoire vertueuse”, poursuit-il. Pour Martine Vassal, “c’est un vote à marquer dans les mémoires. On arrive à quelque chose qui fonctionne, qui donne satisfaction”.

Pas de baguette magique

L’autre sujet à l’ordre du jour du conseil métropolitain était l’occasion d’appuyer sur cette entente : l’approbation du programme d’aménagement du tramway de la Belle de Mai. Il y a quelques jours, après des mois de discussions, Ville et métropole ont trouvé un accord sur son tracé. “Nous en avions la volonté, vous en aviez la compétence”, résume au micro le maire des 2e et 3e arrondissements, Anthony Krehmeier (PS). “C’est Noël. Enfin, nous arrivons à un consensus et à trouver des solutions, réagit de son côté la conseillère métropolitaine Solange Biaggi (LR). Le bon sens a pris le dessus, ainsi que notre responsabilité vis-à-vis des Marseillais.”

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Du côté du camp de Martine Vassal, on insiste sur cette idée de “responsabilité”, plus que sur une “alliance” calculée avec Benoît Payan. “Les élus locaux font preuve de responsabilité et ça fait plaisir vu ce qu’il se passe au niveau national”, détaille ainsi la présidente en aparté à la fin du conseil métropolitain. Elle se félicite également que la métropole soit enfin “une collectivité pour les communes et pas les unes contre les autres. C’est ce que je souhaite depuis 2018, même si ce n’était pas évident au début”.

Les deux camps veulent faire avancer leurs projets, alors que tout le monde a dans un coin de la tête les échéances électorales à venir. Quitte à s’entraider sur le moment. La présidente de la métropole tient ainsi à préciser : “On n’a pas la même vision. Mais si on ne s’entend pas, par exemple sur les projets transports ou de rénovation urbaine, l’État nous retirera les sous et retoquera les projets.” Benoît Payan insiste de son côté : “Nos différences ne seront pas effacées en un coup de baguette magique.” Voyons déjà si cette ambiance tiendra jusqu’à jeudi prochain, date du dernier conseil municipal de l’année à Marseille.