Sylvabelle 6 J’ai plus peur du monde d’après que du covid-19

Billet de blog
le 16 Avr 2020
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Sylvabelle 6 J’ai plus peur du monde d’après que du covid-19
Sylvabelle 6 J’ai plus peur du monde d’après que du covid-19

Sylvabelle 6 J’ai plus peur du monde d’après que du covid-19

Ça fait un mois que nous sommes confinés et que nous sommes entrés dans la réalisation des impossibles, des impensables, des tout à fait improbables : l’économie mondiale arrêtée, la solidarité d’Etat et l’argent qui coule à flot, le dévouement des uns et des autres, etc.
Après la stupéfaction de voir tout ce qu’on croyait impossible, se réaliser, les habitudes se prennent. On est confiné et, du coup, tout ce qu’on faisait avant s’estompe. On en vient à se demander pourquoi on donnait tant d’importance à des choses dérisoires. Et on commence même à s’ennuyer, après s’être inquiété ou amusé d’avoir tout ce temps disponible devant nous.
Notre quotidien est scandé par des informations qui tournent en boucle sur le coronavirus et on pourrait avoir le sentiment que plus rien d’autre n’existe : plus de réfugiés, plus de guerres, plus de famines, plus de réchauffement climatique, plus question de la biodiversité, de sécheresses mais plus non plus de productions artistiques ou culturelles, plus d’écoles, plus de savoirs (autres que sur le covid-19), etc. En fait, plus rien n’a l’air d’exister….
Même dans l’ordre politique, ce sont les allocutions présidentielles sur la situation sanitaire qui cristallisent toutes les attentions.

Une seule petite fenêtre s’ouvre qui s’essaie à donner à voir le monde d’après. Ça, on veut bien en parler, parce que c’est encore la crise qui en est le centre.
Ce grand chambardement que nous vivons génère l’opinion unanime selon laquelle une rupture est consommée et on ne vivra plus jamais comme avant.

Ce discours si partagé laisse en plan la question de savoir comment on vivait avant et qui vivait quoi, avant. Seule semble claire l’idée que nous vivions tous au temps de l’argent roi, dans un libéralisme financier dominant où les inégalités se sont développées largement. Plus jamais ça, est-ce plus jamais de pauvres, plus jamais de riches, plus jamais de violences, plus jamais de crises mal maîtrisées, plus jamais d’économie à l’arrêt, plus jamais de services publics dévalorisés, plus jamais d’écologie méprisée, etc…

Probablement mais pourtant pour l’heure, la question lancinante est plutôt « quand commence le monde d’après ? ». On veut sortir de la crise sanitaire, du confinement mais on ne veut déjà plus reprendre notre vie là où elle s’est arrêtée à la mi-mars. Si tous ces bouleversements dans nos vies étaient justifiés, on ne veut pas risquer à nouveau notre santé à l’extérieur, là où nous ne serons plus protégés. Tous les lieux deviennent suspects : ceux du travail, ceux des institutions, ceux des loisirs… et on ne sait plus trop si ce qui fait problème ce sont les risques sanitaires ou plutôt le sens que nous donnons à nos activités. Les soignants ne pourront pas rester sur le pont éternellement, les intellectuels dans leurs livres, les artistes dans leurs créations, les commerçants dans leurs affaires et tous ceux qui gagnent leur vie sans vocation particulière dans leurs emplois, comme avant. Par contre, il faudra bien que le chômage s’étale, que les banques fassent du profit, que les actionnaires reçoivent leurs dividendes, que la croissance permette le remboursement des dettes pharaoniques (et néanmoins totalement abstraites) que la crise a générées et donc que la planète y mette un peu du sien.

Tous ces discours récurrents traversent dans un flot continu notre vie et pour ma part, je ne suis pas sûre de m’y retrouver. C’est un peu comme si on était en pleine crise de schizophrénie sociale : toute l’injustice sociale doit disparaître mais toutes nos ressources sont mobilisées pour la maintenir. Les discours « verts » en sont une illustration parfaite. Toutes les erreurs qui ont conduit à la surexploitation de notre planète doivent être dépassées mais pour cela nous allons en augmenter l’allure. Et tout cela pour connaître à nouveau « les jours heureux » qui n’étaient peut-être pas si partagés que ça !

Bref, dans le train-train de la vie suspendue que nous procure la crise, l’inquiétude monte. Elle monte pour l’après dont on ne voit pas vraiment les perspectives.
Alors, si on se mettait quand même à faire des masques…

Commentaires

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  1. Tarama Tarama

    Les “jours heureux” cités par Macron fait référence au programme du Conseil National de la Résistance, d’inspiration sociale, et qui a présidé à la création de la Sécurité Sociale (mais pas que, même si d’autres mesures comme l’interdiction aux industriels de posséder les titres de presse ont été bien rapidement supprimées, dès le retour des conservateurs aux affaires.

    Macron citant “les jours heureux”, c’est un peu comme quand Sarkozy s’est approprié Jaurès. Sans vergogne.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_du_Conseil_national_de_la_R%C3%A9sistance

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    • corsaire vert corsaire vert

      entièrement d’accord ! le cynisme de ces gens là est écœurant .

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