Villes et métropoles

SIGNIFICATIONS DE LA MÉTROPOLE

Billet de blog
le 12 Août 2018
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Dans une série d’articles, « Marsactu » se penche en ce moment sur la métropolisation de Marseille et sur les logiques urbaines qui structurent l’espace de la métropole « Aix-Marseille Provence ». Sans doute, au-delà des observations sur les différentes villes qui en font partie, importe-t-il de réfléchir à ce que signifie le fait métropolitain.

Qu’est-ce qu’une métropole ?

Une métropole est un espace urbain qui regroupe plusieurs villes associées dans une identité institutionnelle commune. C’est, en réalité, une longue histoire. En 1959, ont été institués les S.I.V.O.M., syndicats intercommunaux à vocation multiple, qui s’inscrivaient dans une logique économique et fonctionnelle : il s’agissait de mettre en commun un certain nombre de services municipaux, comme la voirie ou l’enlèvement des déchets, afin d’en réduire le coût et d’en améliorer l’efficacité. Une nouvelle étape a été franchie en 1966, avec l’institution descommunautés urbaines : il s’agissait, alors, de quatre métropoles, Bordeaux, Lille, Lyon et Toulouse, qui articulaient une logique d’identité politique à l’intercommunalité. En fait, il s’agissait de grandes villes qui avaient depuis longtemps institué une logique de réseau associant des villes voisines les unes des autres et engagées dans des projets communs et des initiatives partagées. Marseille s’est longtemps tenue à l’écart de cette logique de métropolisation – en particulier parce qu’au sein d’une métropole ou d’une intercommunalité, la municipalité marseillaise aurait risqué de perdre son pouvoir et son influence sur l’aire métropolitaine, ce que refusait Gaston Defferre, maire de Marseille de 1953 à sa mort, en 1986. Au-delà, les E.P.C.I., établissements publics de coopération intercommunale, ont regroupé plusieurs communes, et, en particulier, depuis la loi « NOTRe » de 2015, ont associé plusieurs villes dans une fiscalité locale commune. Une métropole, c’est, ainsi, une intercommunalité inscrite dans un fait institutionnel : c’est un ensemble de villes qui s’unissent dans ce que l’on peut appeler une institutionnalité partagée.Au-delà même des pouvoirs partagés et des services communs, c’est une identité urbaine particulière qui s’institue et qui s’exprime dans le fait métropolitain.

 

L’espace de la métropole d’Aix-Marseille Provence

Tandis que Lille ou Lyon, par exemple, ont toujours été au centre d’intercommunalités anciennes (Lille, Roubaix et Tourcoing ont, ainsi, associées depuis longtemps, et, dans l’aire lyonnaise, des villes comme Villeurbanne ont toujours été associées à Lyon, ne serait-ce que parce que, géographiquement, elles étaient limitrophes, comme, par ailleurs, Bordeaux et Talence, la métropole marseillaise regroupe des villes, parfois éloignées, comme peuvent, par exemple, l’être Istres ou Salon de Marseille, et des villes dont les logiques urbaines, sans doute associées depuis toujours à Marseille, comme Aix, n’en demeurent pas moins très éloignées de celles de Marseille. C’est ainsi, pour prendre un autre exemple, que la Ciotat, dont parle V. Artaud dans Marsactudu 11 août, s’inscrit dans un espace et dans une culture urbaine profondément éloignées de Marseille. L’espace de la métropole marseillaise est, ainsi, un espace très hétérogène, dont les villes s’inscrivent dans des logiques économiques et urbaines très différentes les unes des autres, qui ressemble ainsi davantage à un puzzle de villes diverses qu’à une véritable identité urbaine commune. Mais, si l’on va un peu plus loin dans la réflexion, on peut se rendre compte qu’en fait, l’espace de la commune marseillaise proprement dite a toujours associé aux quartiers du centre de la ville de véritables villages indépendants de Marseille, comme, par exemple, Mazargues, Saint-Loup, Saint-Menet ou l’Estaque. En fait, Marseille a toujours inscrit son urbanité dans une logique de réseau, dans une culture associant au centre de l’aire métropolitaine des quartiers qui ont toujours été un peu plus que des quartiers, qui ont toujours eu une identité propre.

 

Apports et impasses du fait métropolitain dans l’aire marseillaise

C’est dans ces conditions qu’il importe de s’interroger sur le devenir du fait métropolitain. S’il est vrai que, par exemple dans le domaine des transports ou de la voirie, la métropolisation peut permettre de partager des coûts et des activités, et, ainsi, de construire une véritable économie métropolitaine, permettant, au-delà, une régulation de l’implantation des entreprises et des emplois dans l’ensemble de l’aire marseillaise, s’il est vrai que des villes comme Marseille et Aix ont toujours mis en commun des institutions comme la justice, la culture et l’université, en revanche, sans doute peut-on observer certaines impasses du fait métropolitain, liées ou à des villes dont l’identité est trop ancienne pour se fondre dans une identité partagée – sans doute est-ce le cas de la Ciotat – ou dont les activités et les logiques d’économie et de développement sont trop différentes les unes des autres pour être réellement mises en commun. Sans doute aussi serait-il important de s’interroger sur le fait que la métropolisation n’a, pour le moment, pas permis de résoudre les difficultés et les conflits liés à la ségrégation économique et sociale de certains quartiers comme les quartiers Nord de Marseille.

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