La mort des pauvres est silencieuse.

Billet de blog
le 6 Nov 2018
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La mort des pauvres est silencieuse.
La mort des pauvres est silencieuse.

La mort des pauvres est silencieuse.

11h, ce matin. J’attrape mon téléphone et me demande si un attentat a eu lieu. Mes ami·es me demandent si je vais bien, une sorte de « security check » amateur. Le téléphone ébruite l’information qui n’avait jusque là pas encore traversé mes fenêtres double vitrage. Deux immeubles, en haut de ma rue, viennent de s’effondrer, à quelques mètres de là où deux amies habitent. Ce coup de canon là n’est pas encore arrivé jusqu’à moi.

Après-midi. Les politiques, ministres, médias ont fait tonner un certain brouhaha aujourd’hui, celle de l’émotion feinte et de l’irresponsabilité politique (Gaudin nous dit que c’est la faute aux « fortes pluies »). Dès la fin de matinée, les sons de la rue exprimaient ce que tout le monde savait : il y avait bien des habitant·es, des « disparu·es ». Il faudra attendre le début de soirée pour que Castaner finisse de sa voix grésillante fasse entendre cette réalité au reste du pays.

Fin d’après-midi, alors que je suis avec deux autres ami·es habitant le quartier, nous verrons le 3ème immeuble s’effondrer, quasiment devant nos yeux. La poussière arrive jusqu’à nous et nous alerte mais là encore, aucun son. Un immeuble qui tombe le fait silencieusement, respectueusement de la présence de celles et ceux qui sont encore là, contrairement aux politiques.

Janvier dernier. Dans une salle bruyante de colère, au mois de janvier dernier, les mêmes expliquaient calmement que malgré les 48% de logements indécents ou dégradés dans le quartier, il n’y avait pas urgence et que les travaux de rénovation des immeubles (de sauvetage devrait-on dire) pourraient attendre les prochaines élections.

Aujourd’hui, j’ai reconnu cette mélodie macabre d’une journée à Noailles, ce bruit sourd d’un effondrement, ce brouhaha politicien, cette clameur paniquée de la rumeur de rue. J’ai reconnu la mélodie de la vie des pauvres, de nos conditions de logements, de l’attention qui nous est portée, toujours exceptionnellement et par obligation.

Comme toujours, la mort des pauvres est silencieuse, ou plutôt couverte de l’hypocrisie climatique de notre édile.

Mais de tous temps, les pauvres peuvent faire du bruit.

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