À peine réélu, le maire d’Istres François Bernardini travaille déjà à sa succession

Enquête
le 25 Mai 2020
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Réélu maire ce samedi et empêtré dans les affaires, François Bernardini songe déjà à sa succession. Pressenti pour lui succéder, son directeur des services Nicolas Davini a longtemps songé à se présenter pour revêtir l'écharpe d'élu. Le projet a achoppé.

François Bernardini (à gauche), son directeur des services Nicolas Davini et sa directrice de cabinet Marlène Picon-Prospéri (à droite) lors du conseil municipal du 7 août 2017.
François Bernardini (à gauche), son directeur des services Nicolas Davini et sa directrice de cabinet Marlène Picon-Prospéri (à droite) lors du conseil municipal du 7 août 2017.

François Bernardini (à gauche), son directeur des services Nicolas Davini et sa directrice de cabinet Marlène Picon-Prospéri (à droite) lors du conseil municipal du 7 août 2017.

Sa victoire le 15 mars dernier avec 54,8 % des voix a considérablement renforcé François Bernardini. Samedi 23 mai le conseil municipal réuni exceptionnellement à la halle polyvalente qui abrite habituellement le club de handball de première division, il a “assuré son maintien” pour un troisième mandat consécutif maire d’Istres. Au pupitre, l’élu s’est montré offensif : “Les chiffres sont indiscutables. La liste “Nous sommes Istres” a relégué à 40 points derrière ses concurrentes.”

Ce seront ses ultimes années à la tête de la mairie : “J’ai dit que ça serait mon dernier mandat et je respecterai ma décision”, a-t-il assuré. La question de sa succession est donc déjà sur la table. Le 6 février, il indiquait lors de la présentation de sa liste au théâtre de l’olivier : “Certains d’entre nous ne seront plus là en 2026. [Cette liste] est porteuse d’une transmission.” L’intervention est toujours visible sur la page Facebook de la campagne.

En privé, le maire a pendant des mois fait part de sa préférence : il verrait bien son actuel directeur général des services, Nicolas Davini, s’installer dans son fauteuil de maire. Lors de ce même meeting du 6 février, il s’est laissé aller à une allusion :[cette liste] est porteuse d’une transmission qui sera soit à l’intérieur, soit légèrement à côté”. Les connaisseurs des rouages de la politique istréenne ne s’y sont pas trompés. Il désignait bien par cette formule finale son fidèle collaborateur. L’homme a des qualités, expliquait-on parmi ses soutiens, il connaît les affaires municipales et est le fils d’une personnalité de la commune, l’ancien adjoint au maire de François Bernardini et figure sportive locale, René Davini dont un complexe sportif de la ville porte le nom.

Son parcours ressemblerait alors à celle de son patron. François Bernardini a eu un temps un pied dans l’administration et un autre dans la politique. Il a été pendant plus de vingt ans le directeur du syndicat d’agglomération nouvelle Ouest Provence, une intercommunalité regroupant alors Miramas, Fos et Istres aujourd’hui fondue dans la métropole Aix-Marseille Provence. Ce n’est qu’en devenant maire de la Ville qu’il a quitté cette fonction.

Une étude juridique pour placer son DGS sur les listes

Ce samedi 23 mai, Nicolas Davini siégeait toujours à ses côtés au conseil municipal, à la place dévolue au chef de l’administration municipale. Il aurait pu en être autrement. Il y a quelques mois en effet, la rumeur de la présence de Nicolas Davini sur les listes revenait avec insistance. Selon nos informations, cette hypothèse était largement sur la table : le DGS avait même commandé une étude juridique pour connaître la compatibilité de sa fonction avec une candidature.

Le directeur général des services aurait dû dans ce cas quitter son emploi avant le premier tour perdant ainsi une rémunération confortable que n’auraient pas compensé les indemnités d’un éventuel poste d’adjoint. Selon nos informations, l’idée était alors de s’appuyer sur les bonnes relations entretenues avec Jean-Claude Gaudin puis Martine Vassal à la métropole.

Se définissant comme un homme de gauche, ancien premier secrétaire du parti socialiste des Bouches-du-Rhône, François Bernardini y a toujours fait partie du groupe majoritaire composé essentiellement d’élus de droite. Il a pu bénéficier de la bienveillance de Jean-Claude Gaudin quand il s’est agi d’arranger les affaires de sa directrice de cabinet et de sa (trop) belle villa. Cette fois, il espérait y recaser son protégé à un poste de cadre de l’administration. Il ne s’est pas entendu avec l’administration Vassal et le poste s’est envolé.

Lui aussi est visé par l’enquête du parquet national financier

Nicolas Davini n’a finalement pas figuré sur les listes. “Cela aurait aussi pu être mal vécu par certains élus sortants qui ont des ambitions”, confie un des membres de la majorité hétéroclite de François Bernardini, où siègent des membres du parti communiste comme des militants Les Républicains. Entre-temps, lui et son DGS ont connu des déboires avec la justice. Tous deux sont visés par une enquête du parquet national financier. Le 10 décembre, ils ont tous deux été placés deux jours en garde à vue par les gendarmes chargés de l’enquête.

Les chefs de l’enquête préliminaire sont forts : “associations de malfaiteurs en vue de commettre les délits de prise illégale d’intérêts, de trafic d’influence par une personne chargée d’une mission de service public, de complicité et recel de ces délits”. À son retour, s’il s’est affiché serein, François Bernardini a rejeté une bonne part des fautes présumées sur son administration. Mais la collaboration entre les deux hommes se poursuit. À une nuance près : si François Bernardini devait être rendu inéligible par la justice dans le cas d’un potentiel procès, le successeur serait choisi dans les rangs du conseil municipal. “Juste à côté”, Nicolas Davini ne pourrait, au mieux, qu’accompagner un nouveau maire.

Le retour d’un adjoint aux finances
Dans son rapport de juillet 2017 qui a initié l’enquête du parquet national financier, la chambre régionale des comptes (CRC) avait déploré que la Ville ne compte plus d’adjoint aux finances depuis 2008. Elle avait ensuite relevé “un nombre élevé d’irrégularités“dans la gestion municipale.  Le nouvel exécutif corrige cette absence. Le poste sera occupé par Olivier Mayor, ancien adjoint à la sécurité et membre du Mouvement radical. Cet huissier de justice de métier s’était exprimé au nom du groupe majoritaire lors de la présentation du rapport de la CRC en conseil municipal.

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Notre région est étonnante . Nous avons les dynasties d’élus : Andrieux, Masse , Weygand, Joissains, Jybrael et tant d’autres . Avec Bernardini , nous mettons en place maintenant des dynasties de justiciables.
    Les dynasties qui commencent ont, comme les enfants, des langes tachés.
    (Honoré de Balzac)

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  2. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    La décentralisation n’est-ce pas le retour des féodaux et de leurs privilèges ? C’ertains de ces élus n’osent-ils pas dire “ma” ville” tandis que la presse leur fait écho en parlant de “leur fief ” ?

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  3. vékiya vékiya

    il connaît les affaires municipales…
    donc il a toute sa place pour assurer l’héritage

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    • Alceste. Alceste.

      Quel sens donnez vous au mot affaires ?

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  4. jemamo13 jemamo13

    Incroyable manipulation des chiffres la réalité c’est que le score de Bernardini c’est 31% des inscrits en 2014 et 26% en 2020… 7912 électeurs sur 29904 inscrits.

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