Euroméditerranée en passe de s’étendre à Félix-Pyat
Depuis la mi-mars, le préfet Christophe Mirmand consulte les collectivités locales à propos de l'extension du périmètre de l'opération nationale Euroméditerranée. Pour l'heure, les scénarios d'extension concernent la copropriété de Félix-Pyat, Saint-Mauront, la Cabucelle et Campagne-Lévêque, au nord.
La tour B depuis le nouveau par Bougainville, livré par Euroméditerranée. Photo : Emilio Guzman.
Jusqu’à présent, la seule opération d’intérêt national marseillaise s’arrête au pied de la tour B de Félix-Pyat. Euroméditerranée vient d’y inaugurer la première partie d’un parc urbain. Les jeux d’enfants tout neufs contrastent fortement avec le pied de la tour, noircie par les feux de poubelles. Symbole du guêpier des copropriétés dégradées, la grande tour du parc Bellevue est promise à la démolition dans le cadre du projet de renouvellement urbain du centre-ville. Or, dans les semaines qui viennent, l’État et les collectivités locales doivent décider qui va porter la démolition de la tour B et plus largement opérer au redressement du quartier.
Parmi les hypothèses possibles, celle d’une intervention d’Euroméditerranée tient la corde. Symbole supplémentaire, la secrétaire d’État à la Ville, Sabrina Agresti-Roubache, y a grandi. “On parle de cité où nous sommes nées, moi à Félix-Pyat, à Bassens pour Samia Ghali, expliquait-elle, à l’issue de la récente revue des projets de rénovation urbaine à Marseille, en présence de la maire adjointe. Je ne prends jamais les interpellations des habitants à la légère. Je viens de là, je sais ce que c’est que d’y vivre“.
Qui pour démolir la tour B?
En revanche, la native du secteur refusait de répondre sur le choix de l’opérateur qui devra porter le projet de rénovation du quartier et démolir le bâtiment dans lequel elle a grandi. “Nous sommes en train de travailler là-dessus avec la Ville et la métropole“, éludait-elle, assurant suivre de près le dossier. Si elle n’en dit pas plus, c’est que le parc Bellevue fait partie des territoires visés pour une future extension d’Euroméditerranée, ce que confirme son entourage. “Pour nous, Euromed, cela fonctionne comme un totem d’immunité à Koh-Lanta, explique-t-on. Personne au sein des collectivités ne veut être celui ou celle qui ralentit Euroméditerranée. Cela permet de mettre en sourdine les fameuses chicayas.”
Le mot a fait florès depuis le discours d’Emmanuel Macron au Pharo, en septembre 2021. La Ville et la métropole s’efforcent à chaque occasion de lui donner du contenu. Lors du même discours présidentiel, trois petites lettres faisaient figure de recette miracle qui permettrait de passer la démultipliée sur les sujets de rénovation urbaine : OIN pour opération d’intérêt national. En France, la liste de ces OIN est courte. À chaque fois, elles offrent la possibilité de recourir à des moyens exceptionnels de l’État et à des dispositifs dérogatoires en termes d’urbanisme.
Ainsi, depuis 1995, sur le périmètre d’Euroméditerranée, c’est le préfet qui délivre les permis de construire, même si la Ville continue à en instruire la majeure partie. “On ne voit pas bien en quoi cela accélèrerait les choses. Tout ceci repose sur le principe qu’Euromed ferait mieux que les autres, avec moins de personnel, grince un fonctionnaire d’une collectivité locale. Mais ce n’est pas son métier de faire de la rénovation urbaine ou de redresser les copropriétés dégradées…”
Depuis septembre 2021, il est régulièrement question d’une extension de cette OIN, sans que l’on saisisse bien les contours du projet. Celui-ci vient d’entrer dans une phase concrète. En effet, depuis la mi-mars, le préfet Christophe Mirmand est doté d’une nouvelle mission confiée par la secrétaire d’État à la Ville et la Citoyenneté, Sabrina Agresti-Roubache et le ministre du Logement, Guillaume Kasbarian. Il doit consulter les collectivités locales “sur le projet de décret portant modification des statuts et distinguant les périmètres de l’opération d’intérêt national et de l’établissement public d’aménagement“. Reste à en connaître les contours.
Euromed partout
C’est là que ça se corse un peu. Deux scénarios sont à l’étude : le premier consiste à agrandir le périmètre de l’opération d’intérêt national et non pas l’opération elle-même. En clair, par ses statuts, l’établissement public peut déjà intervenir en dehors du périmètre fixé par décret. Il intervient sur ses franges, comme cela a été le cas à Maison-Blanche où les équipes d’Euromed ont bossé sur les différents scénarios de rénovation de cette copropriété du Canet, située hors périmètre.
Là, il serait donc question, non pas de créer une nouvelle OIN du type Euromed 3, mais plutôt d’autoriser l’établissement public à intervenir sur de nouveaux sites choisis en concertation avec les collectivités, membres du conseil d’administration de l’établissement. “Après leur accord, cela passerait par un simple décret, avec avis du conseil d’État“, détaillait Aurélie Cousi, la directrice générale d’Euroméditerranée, lors d’un point presse de l’établissement public, en février dernier.
En revanche, le scénario d’une nouvelle OIN prendrait beaucoup plus de temps, avec de nouvelles études pour définir le périmètre et justifier de son intérêt national. Ensuite, cela supposerait de revoir le rapport de force au sein du conseil d’administration où les collectivités apportent la majeure partie des ressources sans avoir la majorité au sein du conseil.
Le préfet à la manœuvre
“Pour l’heure, les scénarios d’une extension ne sont pas stabilisés“, prévient Christophe Mirmand quand on lui pose la question. Mais, après un large tour des collectivités locales en cours de consultation, tous concèdent que Félix-Pyat fait partie des projets visés. Pour l’heure, celui-ci fait consensus. D’autres plus au nord, à la Cabucelle et à Campagne-Lévêque, font moins l’unanimité.
“J’ai déjà dit que pour moi, cela avait du sens de poursuivre au nord, explique Laure-Agnès Caradec, la présidente d’Euroméditerranée. Ce sont des zones arrièro-portuaires, avec du foncier disponible et qui vont connaître une vraie transformation. Mais nous devons rester dans notre cœur de métier, celui d’aménageur qui intervient sur tout ce qui fait la ville : le logement, les espaces et équipements publics et les projets économiques. Il n’y a pas de raison qu’on se spécialise dans les territoires de politique de la ville“.
262 millions à engager en neuf mois
Du côté de la mairie, on ne voit pas forcément d’un très bon œil Euroméditerranée prendre la main sur des opérations de renouvellement urbain qui ne sont justement pas dans son “cœur de métier“. Dans l’entourage de Samia Ghali, on pointe le risque d’un effet gentrificateur si Euroméditerranée devient l’opérateur principal des projets de la Cabucelle ou de Campagne-Lévêque. Les deux quartiers font partie du territoire où la maire adjointe est régulièrement élue depuis plus d’un quart de siècle. Elle surveille donc de près la façon dont les pouvoirs publics entendent les transformer.
De l’autre côté, on met en avant la nécessité d’accélérer. Un mantra répété sur tous les tons lors de la visite surpris du président à la Castellane. 650 millions de l’agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) ont été fléchés vers les projets marseillais. Or, le temps est compté. Les règles de l’ANRU imposent que les opérations soient toutes engagées avant le 1er janvier 2026, sous peine de perdre les crédits de l’agence nationale “pour le plus grand chantier de renouvellement de France“.
Or, pour l’heure, le tableau de marche, tel qu’il a été présenté le 22 mars dernier, prévoit un engagement des crédits engagés à hauteur de 60 % à la fin de l’année. Une ambition qui suppose une sérieuse accélération : fin février, seuls 2,7 millions de crédits ANRU avaient été décaissés à Marseille. Il en reste 262 millions à engager avant le 31 décembre pour tenir le rythme. Pas sûr que le miracle OIN suffise…
Commentaires
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La question n’est pas tant “qui pour demolir la tour B de Félix-Pya”t, mais POURQUOI LA DEMOLIR?
L’étude commandée par Marseille Habitat à TDSO, rendue il y a un an aux pouvoirs publics, est toujours tenue secrète. Pourquoi?
Peut-être parceque au delà de 7 scénarios possibles, il y a une conclusion du Bureau d’études qu’il faut cacher aux habitants la voici:
« une réhabilitation qualitative du B11 et B12 est envisageable «
Oui oui, c’est le Bureau d’études que la Ville et son satellite MH a commandé qui l’écrit.
Et la réhabilitation est la solution la moins chère, la moins traumatisante pour les habitants, la moins coûteuse en émissions de CO2, qui est écartée d’emblée.
Pourquoi, si ce n’est pour entamer le “grand déplacement ” des populations modestes de ces quartiers vers un EUROMED 2 ou 3, toujours plus au Nord?
C’est bien le sens du hold-up de confier l’opération à Caradec et Euromed qui rêve depuis longtemps de casser ces tours “mal habitées”.
Et les remplacer par des tours de luxe, pour habitants aisés, qui se verraient peut-être tentés de payer 7 000 € le m2 pour un joli loft avec vue sur le nouveau joli parc Bougainville, le metro a 2 minutes, l’hôpital Européen a 3 minutes, le Lycée International à 300 mètres.
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Il est effectivement intéressant de voir ce qu’en dit par exemple le Collectif Félix Pyat https://www.facebook.com/FelixPyatcollectif
Le pompon étant la nouvelle solution miracle de Mme Agresti : mettre les délogés dans des conteneurs…
Sur votre dernier paragraphe qui imite à quelques inexactitudes près les brochures promotionnelles et leur fantasme “de standing” en revanche ne vous inquiétez pas trop : ici même le plafond Pinel (qui correspond à la moyenne du prix du neuf à Marseille) ça ne passait pas, alors maintenant qu’il n’y a même plus ça, vous n’êtes pas prêt de voir des ventes à 7 000 €/m2 à National…
https://www.labo-immo.org/wp-content/uploads/2023/11/carte-laboimmo-Marseille_evol-Novembre2023.jpg
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Bonne question
Pourquoi démolir des logements sociaux même si c’est encore en copropriété alors qu’on en manque
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C a fait 30 ans que la ville est incapable de gérer cette situation , payanzorro incapable
Mais en fait ce sont toute les services juridiques , technique, et sociaux qui sont incapables, je vous rappelle que depuis Defferre les directions ont été admisnistrés par des élus incompétent dans leur domaine et incapable
C’est de cela qu’ il faut sortir, bon
IL va y avoir la piscine a coté du mucem, ca nous changera ainsi que les ballades sur la grande jetée
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Ah oui, c’est vrai que National ce n’est pas luxueux aujourd’hui, mais ça peut changer vite.
A toutes les amenites que j’ai citées, il faut en effet ajouter la future piscine.
Et la fureur de Mme Roubache pour démolir la tout B de Félix-Pyat ça tient probablement aux anticipations des financiers et banquiers ( et leur opérateur EUROMED) sur les plus values magiques que vont faire les promoteurs, lors de la vente.
Prenons quelques prix délirants dans le voisinage :
– les appartements de la “Porte Bleue ” de Pietri : 7 000 à 8000€ le m2.
, et bon à 7 000 € c’est “vue nord-Est” tu vois pas la mer, juste les merdes de béton en face.
– les appartements de la future M99 (feu ex H99, sic) 9 000 à 12 000 € le m2.
Donc pourquoi pas demain à National ?
Pas sur que des Marseillais vont gober ce prix pour y habiter ? Pas de problème,
On retombe sur l’investisseur de fiscalisant, qui joue sur le déficit foncier et le Pinel.
Voyez donc ce programme des “Tulipes”
aux Crottes, avec “vue et bruit sur le Métro” , vendu entre 5 et 7 500 € le m2. ( Taper ” Tulipes déficit foncier Marseille ” sur votre navigateur).
Carrément délirant.
En tout cas PAS pour les habitants.
Vivent les rentiers et l’ Établissement Public d’aménagement qui leur fait la courte échelle !
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Je connais assez bien le marché immo du logement par ici (j’habite dans les “merdes de béton en face” 😄). Ne vous laissez pas intoxiquer vous-même par les discours des promoteurs, sans quoi vous aussi leur faites la courte échelle : d’ailleurs regardez sur DVF comment les vrais prix des transactions sont planqués : une fois sur deux le prix est affiché mais pas la surface, les parkings sont compris dans le prix… Constructa est en déroute, pour l’instant sauvée des eaux par la Cepac. Des apparts de La Porte Bleue ont dû être saucissonés pour pouvoir être vendus (en feu le dispositif Pinel) et d’autres restent à la vente. La M99 n’est pas prête de toucher le ciel. L’opération des Crottes est un épiphénomène. La vérité c’est qu’il n’y a plus d’acheteurs et que c’est plutôt une bonne chose car ça enraye temporairement ces modes de production mortifères. En revanche je ne doute pas que le système renaisse d’une autre manière et que les habitants soient à nouveau les dindons de la future farce.
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