Pour la maire et ses adjoints, le grand chantier des écoles démarre avec la rentrée
Les adjoints en charge de l'éducation viennent de présenter les premiers travaux d'été. En tout, 128 écoles avec des "problèmes lourds" devront être traitées dans le cadre du plan école, promis durant la campagne.
(Photo : BG)
L'enjeu
Malgré la difficulté d'un budget échafaudé par l'ancienne majorité, les quatre adjoints en charge de l'éducation présentent les premiers travaux réalisés avant la rentrée.
Le contexte
La nouvelle maire Michèle Rubirola a fait de l'éducation son chantier prioritaire. Elle a promis un milliard d'euros pour la rénovation des écoles durant son premier mandat
Derrière les vitres, à l’étage, une agente des écoles s’affaire à nettoyer les vitres de l’école élémentaire François-Moisson, dans le 2e arrondissement. Dans la cour de l’école, les nouveaux adjoints du Printemps marseillais préparent eux aussi leur rentrée, dans un exercice médiatique bien huilé.
L’équation n’est pas simple : donner à voir le changement alors que l’équipe n’est en place que depuis quelques semaines. On annonce le curetage des gouttières, les stocks de papier toilettes, l’actualité du plan Covid… “Je ne suis adjoint aux écoles que depuis le 21 juillet”, explique Pierre-Marie Ganozzi, troisième adjoint chargé du plan école et du patrimoine scolaire. À ses côté, Pierre Huguet a la charge des cantines et du soutien scolaire tandis que Marie Batoux pilote le péri-scolaire. L’équipe est là. Quant à la feuille de route, elle est forcément limitée par le budget 2020, mis sur pied par l’équipe Gaudin. En juillet dernier, Michèle Rubirola avait fait voté 50 millions supplémentaires au titre d’une décision modificative dont 30 millions pour les écoles et 20 pour l’habitat indigne, deux priorités affichées de la campagne du Printemps marseillais.
10 millions engagés sur 30 votés
La nouvelle équipe a donc turbiné pour identifier les premiers chantiers à enclencher en priorité. Avec comme première gageure de trouver qui a gardé la clef de l’école quand la concierge est en vacances… “10 millions ont d’ores et déjà été engagés pour les travaux les plus urgents, explique Pierre-Marie Ganozzi, qui gère pour l’heure les questions patrimoniales. Sur cette somme, 600 000 euros ont été consacrés au nettoyage des gouttières, systèmes d’évacuation d’eau et déversoirs qui peuvent parfois empoisonner la vie des équipes éducatives. Ces travaux vont se poursuivre en septembre dans les 470 écoles marseillaises”.
Un second volet de travaux est d’ores et déjà prévus pour les vacances de la Toussaint, avec l’objectif de porter à 70 millions d’euros le budget, fixé à 40 millions par l’ancienne majorité pour 2020. Le dernier mandat de l’ère Gaudin avait déjà été celui d’une accélération sans précédent de l’effort de rénovation, après le scandale national pointé par Libération, qui qualifiait la situation des écoles marseillaises de “honte de la République”.
L’audit de la Ville toujours dans un tiroir
Une fois passée cette première phase de travaux d’urgence, la nouvelle équipe municipale lancera ceux du plan école à un milliard d’euros promis par la maire. Les élus appelés à le piloter ont déjà une idée plus claire des endroits où cet argent devra être dépensé en priorité.
Ils ont commencé par regarder le précédent audit commandé par leurs prédécesseurs, mais resté dans un placard fermé à clef depuis. “Nous ne pouvons pas le rendre public, commence par annoncer Pierre-Marie Ganozzi. Il est propriété des deux organismes mandatés pour le faire”. Un audit public d’un patrimoine public devenu privé…
Selon la Ville, cela s’explique surtout par la masse de données mises à disposition par les deux prestataires. “Il s’agit plutôt d’un logiciel complexe qu’une seule personne maîtrise à la perfection à la direction de l’éducation”, plaide Pierre-Marie Ganozzi.
“128 écoles ont des problèmes lourds”
L’élu a tout de même une idée de ce que cet audit contient. “J’ai parcouru l’ensemble des audits disponibles. Cela correspond aux quatre catégories que nous avions déjà identifiées au sein du patrimoine scolaire : un quart des écoles fonctionnent bien, un quart nécessite des travaux, un quart présente des problèmes récurrents. Enfin un quart, c’est-à-dire 128 écoles, ont des problèmes lourds”.
C’est la première fois depuis que l’état des écoles nourrit la polémique qu’un tel chiffre est avancé par un élu en exercice. “Cela représente des problèmes très divers : d’isolation, de sécurité incendie, d’infiltration, d’isolation thermique ou d’exiguïté des bâtiments… Dans tous les quartiers de la ville”, poursuit l’adjoint. Parmi ces écoles, de nombreux sites relèvent des fameuses GEEP dont le remplacement avait nourri le projet de PPP, depuis avorté.
Un groupe de travail sur la carte scolaire de l’école RuffiParmi les sujets clivants de la campagne électorale, la carte scolaire de l’école devrait refaire parler d’elle. À l’époque, les candidats de gauche reprochaient à l’équipe municipale sortante de réserver la nouvelle école construite dans le périmètre Euroméditerranée à d’autres élèves que ceux qui occupent les préfabriqués de l’actuelle école Ruffi. “La position de la maire n’a pas changé. La priorité doit être faite pour que soient accueillis les élèves de l’ancien groupe scolaire, glisse-t-on dans l’entourage de la maire. Un groupe de travail doit être mis sur pied avec le directeur académique de l’Éducation nationale pour tenir cet objectif”.
L’autre volet d’urgence de la rentrée sous les couleurs du Printemps est l’accent mis sur le recrutement. Via un communiqué, la Ville a annoncé le recrutement de 312 agents des écoles et des crèches auxquels s’ajoutent 250 agents de surveillance interclasse (Asic) chargés de la surveillance des temps de cantine.
312 emplois pour “une accélération”
C’est Pierre Huguet qui a piloté cette première vague de recrutements dont on ne sait pas si elle correspond à une hausse significative des personnels des écoles, souvent présentés comme en sous-effectif. “Pour moi, c’est plus ou moins ce que la Ville recrute à cette période, estime Patrick Rué, secrétaire général du syndicat FO. Mais rien ne dit qu’ils seront là à la rentrée”.
Pierre Huguet reconnaît aisément que le processus de recrutement devrait se poursuivre sur plusieurs mois. “Il y a l’examen des candidatures, les entretiens, le passage devant la médecine du travail… Tout ceci prend du temps”. En revanche, l’adjoint chargé des cantines scolaires est bien en peine pour quantifier l’effort fait par la Ville pour la rentrée 2020. Du côté des services de l’éducation, on évoque “une accélération”, sans aller plus loin dans le contrôle de la vitesse, puisque les chiffres annoncés mélangent les postes, dans les écoles et les crèches.
Pour Yanis Darieux, de la FSU-SDU, ce premier effort est conforme “aux demandes de la FSU”, par ailleurs, l’ancien syndicat de Pierre-Marie Ganozzi. “Il manque 45 responsables de cantine par exemple“, estime le syndicaliste pour illustrer son propos.
Des surveillants de cantine toujours à 10 heures hebdomadaires
Concernant les surveillants de cantine, les représentants du personnel regrettent le faible taux horaire des emplois offerts. “Avec dix heures par semaine, on est sur la même logique que l’ancienne municipalité, regrette Yanis Darieux. On sent que c’est de l’urgence. Maintenant il faut qu’ils s’engagent sur une titularisation rapide. Je suis passé par là : il a fallu huit ans pour devenir fonctionnaire”.
Même son de cloche du côté de FO, où on aurait préféré des embauches statutaires dès le début. “D’autant qu’une grande partie des ASIC en poste sont passés à 28 heures pendant le confinement, notamment pour participer à la désinfection, explique Patrick Rué. Dès la rentrée, ces agents vont redescendre à 10 heures. On aurait pu passer tout le monde à 28 heures dès à présent”.
Du côté des élus, on joue la prudence. “Ce sont des premiers recrutements pour faire face aux premiers besoins”, explique Pierre Huguet. “L’enjeu est d’avoir une vision d’ensemble du rôle de chacun, analyser les besoins, revaloriser le service public. Par exemple, à Marseille, les ATSEM sont présentes dans les classes et assurent le ménage, ce qui n’est pas toujours le cas dans les autres villes”, s’interroge l’élu au sujet de cette double-casquette parfois problématique. Pour l’heure, chacun prend ses marques en attendant la rentrée et les premières vraies discussions entre la nouvelle administration et ses employés.
Commentaires
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Merci pour cet article précis. Il faudra bien sûr du temps pour corriger les nombreuses insuffisances touchant les écoles municipales depuis bien longtemps. Et la nouvelle municipalité élue récemment ne peut résoudre toutes les difficultés pour la rentrée scolaire, même s’il apparaît qu’elle est réactive au regard de votre article.
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Remarque en passant : depuis un bail, on n’avait jamais vu des adjoint.e.s aux écoles donner des chiffres clairs et précis sur ce qui est en train d’être fait et de ce qui reste à faire.
Et certains directeurs d’école sont encore tout surpris de voir en chair et en os des élus qui savent de quoi ils parlent… c’est là que ça va se gâter, vu le fossé entre l’immensité des espoirs et les moyens et le temps disponibles pour les satisfaire au moins en partie : il va falloir être aussi tenaces que patients, de tous les côtés de la table, élus, enseignants, personnels de service et parents d’élèves !
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Nous espérons que cette municipalité soit un moteur diesel , un peu long au démarrage , mais qu’une fois lancé qu’elle fasse le “job”.
Cela nous changera des agité(es) du bocal que nous avions auparavant.
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lancée of course
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le P.M. ne doit pas oublier que les architectes et les ingénieurs de la Ville sont aussi compétents que ceux du privé et qu’ils sont capables d’assurer les missions de Maitrise d’œuvre d’où une économie d’argent environ 12% par rapport à une MO extérieure et gain de temps car pas de marché à passer c’est la municipalité de Gaudin qui avait décidé de ne plus faire de M.O. en interne et de tout confié au privé
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Lorsque Libé avait titré sur les écoles de Marseille, “honte de la République”, début 2016, le site internet de la mairie se vantait encore de ce que, “en vingt ans, 37 écoles [avaient été] construites ou entièrement réhabilitées”. Sur 444 au total (ou peut-être même 470).
Je m’étais alors livré à ce petit calcul théorique. En supposant qu’une école réclame des travaux lourds tous les 50 ans, c’est en moyenne une dizaine d’écoles par an qui aurait dû faire l’objet de tels travaux, pour simplement maintenir l’état moyen du patrimoine bâti. Et pas seulement deux par an.
Il n’est donc pas surprenant qu’après un quart de siècle de négligence quasi totale, on se trouve avec 128 écoles dans un état critique. Bon courage aux nouveaux élus pour rattraper les dégâts laissés par leurs prédécesseurs, plus doués pour distribuer des chocolats dans les clubs du troisième âge que pour doter les minots d’un environnement d’apprentissage décent.
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M'”en fouti” disaient ‘ils , nous avons les petits à Lacordaire ou à Provence.
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Voilà comment on ramène des chiffres qui pourraient passer pour importants, engagés,… à une stricte réalité matérielle.
Et alors là on aimerait en plus une comparaison avec Paris, Lyon, Bordeaux ou autre ville afin d’évaluer le taux de renouvellement des écoles.
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On ne comprend pas comment un audit du patrimoine public peut rester la propriété de ceux qui l’ont fait s’ils ont été payés avec de l’argent public pour ce travail ?
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Bonne question.
L’article est peu clair sur ce sujet.
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Bonjour, l’article est effectivement peu clair à ce sujet car les réponses qui nous ont été faites, l’étaient tout autant. Mais nous allons creuser.
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PMG commence à nous pipeauter:
https://twitter.com/CollectifCeM/status/1298522210936684545
Ca ressemble furieusement à du Gaudin et ses arguments bidons.
Et l’argument des 15000, il se fout de la gueule du monde:
https://twitter.com/PMGanozzi/status/1299267561079681024
PMG, on veut les audits maintenant ! Arrêtez de nous enfumer.
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Excellente nouvelle. Entretenir et construire les écoles communales est en matière d’investissement, la mission prioritaire des communes. Ce n’est que lorsque on est à jour dans ce domaine, qu’on peut tolérer, qu’il soit possible de faire un peu joujou avec l’argent des contribuables. A ce propos ,on aurait pu construire ,entretenir et rénover combien d’écoles et combien de piscines municipales avec le pognon de dingue consacrés, à :
– la rénovation des façades du cours Liautaud, dont certaines rues adjacentes sont barrées pour cause d’immeuble menaçant ruine,
– la réhabilitation du grand stade deux fois en 20 ans pour quelques matchs internationaux,
– les investissements pour 15 jours de J.O à la voile,
– Le tramway qui fait double emploi sur certaines portions de son réseau, plutôt que de prolonger des réseaux existants en direction des quartiers nord et sud.
Etc. etc.
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A propos et sans vraiment de rapport avec le sujet mais, pendant ce temps là sur la côte d’Azur… https://www.lemoniteur.fr/article/la-ville-et-la-metropole-de-nice-decrochent-pres-de-1-4-m-de-financements-europeens.2101149
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Si si ca a bien un rapport. L’ancienne nullicipalité par fainéantise, pour que tout ne soit pas trop compliqué, pour ne pas s’encombrer de trop de paperasserie n’a pas fait de demandes de financements là où c’est possible.
L’équipe nouvelle sait bien où il faut demander. Faut juste lui donner un peu de temps, y a tellement de boulot
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@LN, c’est ce que je sous-entendais bien entendu. L’argent il est là, mais il faut savoir aller le chercher. Il y a quelques années, je me suis pris à rêver que Marseille pouvait passer à la pointe et être une ville modèle. A voir…
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Bonsoir
Il me semble que l’on dit curage des gouttières. Le curetage c’est autre chose, et réservée aux femmes après un avortement…merci pour cet article
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Bonjour monsieur, merci pour votre signalement d’une erreur que je rectifie. Effectivement, le curetage est un acte de soins qui se pratique également en chirurgie dentaire et dermatologique.
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