[Mazargues, un village dans la campagne] Les militants dans la dernière ligne droite
La rue Émile-Zola et l'église de Mazargues (Photo : CV)
La campagne de terrain commence vraiment : ce week-end s’est ouverte la dernière ligne droite et le terrain semble y prendre une grande importance. Les militants s’agitent, les troupes se lancent toutes dans les porte-à-porte, distributions et réunions locales.
Du côté des soutiens de Fillon, un petit meeting de mobilisation s’est tenu mardi 28 dans un salon du Vélodrome. Devant élus et militants, le sénateur vendéen Retailleau a expliqué le programme, développé les arguments de fond et de polémique pour encourager les convaincus à y aller. Jeudi sont arrivés au siège de la campagne départementale, celui du député Teissier, 401 000 exemplaires du journal de campagne. 27 000 sont destinés à être boîtés à destination des électeurs de 40 des 74 bureaux de la 6e circonscription. Ces bureaux sont sélectionnés par l’équipe nationale qui a recensé leur composition sociale, leurs préférences politiques, le nombre d’abstentions sur des années : ceux dans laquelle la distribution est indispensable. Inutile d’aller dans ceux où la victoire est assurée ou la défaite certaine. Départ de cette distribution ce samedi 1er avril, tout ce matériel arrivé sur palettes doit partir dans les deux semaines.
Les militants d’En Marche sont aussi passés à une action qui doit devenir plus intensive encore après la venue de leur leader samedi dernier à Marseille. Au métro Dromel jeudi 30, ils distribuaient un tract rédigé et imprimé à Paris, qui invitait à venir au Parc Chanot le samedi 1er avril. La première chose qu’on voyait de cette petite escouade des partisans de Macron était… les différences d’âge. Avec Michel Collet-Fenetrier, ancien adjoint centriste de Jean-Claude Gaudin élu dans la 6e circonscription entre 1995 et 2001 – et qui ne paraît pas ses 77 ans -, un jeune homme helper (!) à responsabilité Yanis Roussel. Lui, 21 ans, travaille dans un laboratoire de recherche médicale. Un couple de retraités, une jeune avocate, un très jeune homme silencieux, une autre trentenaire… Tous se connaissent depuis quelques semaines, se tutoient et diffusent leurs flyers au gens sortant du métro Dromel pour aller prendre un bus, ou le contraire. Beaucoup prennent le tract, mais ça bavarde rarement.
Une diffuseuse aux baskets rouges se réjouit qu’un partisan de Mélenchon ait décidé de venir au meeting ; un homme de gauche s’insurge contre le ralliement de Valls qu’il semble détester. Yanis a beau lui expliquer que ce ralliement est sans effet réel, il n’en démord pas. Brusquement un octogénaire prend à partie les militants, leur demandant s’ils n’ont pas honte d’être pour celui qui a « insulté la France depuis l’Algérie », les harangue à voix tonitruante avant de filer. Mais la distribution est calme et les diffuseurs se confient volontiers. Bernadette est de Mazargues, elle a assisté au débat de la paroisse sur le revenu universel et part d’ailleurs, flyers en main, à une réunion du soir avec d’autres paroissiens. Elle a toujours été de gauche, son mari était socialiste, mais elle n’a jamais milité et n’a pas voté aux primaires « de droite comme de gauche ».
La jeune avocate n’a jamais milité non plus de sa vie, a toujours voté à gauche “sauf pour Chirac au deuxième tour de 2002, c’était mon premier vote présidentiel”. C’est cette ferme opposition au Front National qui l’a conduit à s’engager aujourd’hui : elle estime que ne rien faire était un peu facile, “qu’il faut agir”. Comme beaucoup des présents elle y consacre beaucoup de temps, chacun ayant une tâche précise : les procurations, la coordination, les diffusions, le secteur…
Tous sont branchés sur le site d‘En Marche qui les abreuve de consignes et de conseils et correspondent beaucoup par les réseaux sociaux. Ils estiment d’ailleurs que ces réseaux sont nettement plus importants que « la télévision » – ce qui ne les empêche pas de diffuser les flyers à l’ancienne, de la main à la main…
Les partisans de Benoît Hamon du 9e arrondissement se montraient aussi en fin de semaine dernière sur le marché Michelet : ils appelaient à un café-débat à Mazargues le samedi 1er avril, décidément, dans une brasserie de l’Obélisque où ils ont l’habitude de se réunir. Sexagénaires et retraités, ils recevaient souvent un bon accueil sur ce marché peu favorable à leurs idées. Quelques refus nets du tract, d’autres plus polis, mais jamais d’agressivité et souvent un goût partagé de discussion à propos de la politique.
Évidemment peu de votants Hamon avoués dans ces interlocuteurs, mais toujours un respect pour ces militants dévoués, manifestement pas considérés comme “corrompus” ou “voleurs”, comme sont souvent accusés d’être “les hommes politiques” ce jeudi. Le samedi matin, ils ont réuni 23 personnes entre 10 heures et midi, longue discussion de fond sur le programme Hamon. Et inscriptions pour tenir les bureaux de vote, boiter ou diffuser des tracts.
La dernière ligne droite sur le terrain commence vraiment. Quant au Front National, il était invisible mais démarre aussi. On va voir…
Géographie électorale de Mazargues
Qu’est-ce que Mazargues ? Lorsque nous avons arrêté avec Michel Samson son terrain d’observation de la campagne présidentielle, la question s’est posée d’emblée. Si l’on suit l’orthodoxie des fameux 111 quartiers de Marseille, Mazargues compterait environ 17 000 habitants sur un périmètre englobant une bonne partie du boulevard Michelet et poussant à l’est jusqu’à Valmante (voir cette carte).
Dans un premier temps, c’est plus spécifiquement dans le “noyau villageois”, structuré par la rue Émile-Zola, que Michel Samson a décidé de flâner. Électoralement, cela correspond à peu près aux bureaux de vote 951 et 952. En 2012, Nicolas Sarkozy y a dépassé sa moyenne régionale avec près de 35 % des voix au premier tour (contre 27,2 % au niveau français). Lors des régionales 2015, Christian Estrosi a fait jeu égal avec Marion Maréchal-Le Pen autour de 33 %, bien plus que les 26,5 % réalisés sur l’ensemble de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Mais considéré plus largement, le quartier de naissance de Jean-Claude Gaudin n’est pas le bastion de droite que l’on pourrait croire. Les bureaux 953 et 954, qui recoupent d’une part les résidences Lancier – Cyclamen – Myosotis, d’autre part les alentours de La Soude, montrent bien la diversité des électorats. Leur variabilité aussi : en 2012, trois-quarts des inscrits du bureau 954 s’étaient déplacés pour le premier tour, seulement un peu plus d’un tiers pour les régionales trois ans plus tard…
Julien Vinzent
Commentaires
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Souvent, le slogan affiché par les partis politiques est à l’inverse de leur signification, on peut essayer pour la France Insoumise => les “Internationalistes soumis à Mélenchon” , “en Marche” =>”Conservons notre niveau de vie” “La France apaisée” = “Guerre aux immigrés, à l’Europe, à l’Euro, etc.” “le courage de la vérité” => “si vous saviez…la honte !” etc.
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