150 danseurs dessinent l'agora d'une mer commune

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par akbabra
le 28 Août 2013
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150 danseurs dessinent l'agora d'une mer commune
150 danseurs dessinent l'agora d'une mer commune

150 danseurs dessinent l'agora d'une mer commune

Une petite fille est en train de taper à la machine alors qu'un groupe court l'air paniqué. Au fond de la salle, un contrebassiste pince impassiblement ses cordes. Tous ces petits bruits amplifiés par le quasi-silence rendent plutôt inquiétante l'ambiance d'Agora Mer. Il s'agit de la première partie de Trois Agoras, l'art du geste dans la Méditerranée, pièce chorégraphique protéiforme de l'artiste italien Virgilio Sieni, rassemblées en trois Agoras (Mer, Ciel et Terre). Elles seront présentées tous les soirs jusqu'à samedi dans trois lieux clés de la ville. Lundi soir, la répétition avait lieu au tréfonds du MuceM, dans une vaste salle à la lumière ajourée par la résille du bâtiment. 

Avec Agora Mer, le chorégraphe a voulu concevoir "la scène d'un grand adagio populaire", une suite de pas et de mouvements lents, pratiqués en duos, trios. Cet adagio est régulièrement ponctué de ruptures collectives, sous la forme de courses ou de rondes. Elle prend une nouvelle dimension au cours d'une séquence nommée "Rêves". Endormis sur des matelas, des hommes âgés sont entourés de jeunes gens à l'apparence troublante de marchands de rêves. Parmi eux, un adolescent joue les hypnotiseurs au ton solennel. Il fait chuter des cymbales qui retentissent avec fracas. L'atmosphère cauchemardesque est atténuée par des costumes en forme de  déguisements – un Arlequin est habillé en rouge et noir, accompagné de plusieurs autres "diables". "Virgilio aime les histoires pour enfants", explique Giulio De Leo, danseur assistant.

Le deuxième volet, Agora Ciel, prévu au coucher de soleil sur le parvis de l'église saint-Laurent, met en scène une quinzaine de couples mère/fille. Par cette démarche, Virgilio Sieni veut montrer que "la relation entre une mère et une fille est toujours très forte et instinctive". La troisième partie, Agora Terre, se concentre sur les gestes liés à des pratiques traditionnelles. Le chorégraphe a ainsi invité un artisan en albâtre de Volterre, des femmes originaires des Pouilles qui enfilent des tomates pour les faire sécher et une chorale venue de Carpi, ville touchée par un tremblement de terre en 2012, qui accompagne une chorégraphie liturgique autour d'un objet retrouvé dans les décombres.

Effacer les frontières

La plupart de ces danseurs sont donc amateurs. Sur scène, ils côtoient les professionnels. Mais le chorégraphe ne revendique pas de distinction : "Pour moi, les amateurs sont devenus professionnels". Il s'intéresse aux corps et à ce qu'ils racontent plus qu'à la technique. "Ils ont une psychologie différente : contrairement aux professionnels, ils ont conservé leur spontanéité". Un des amateurs venus d'Italie, Christophe Tsongui Owona décrit sa méthode : "La création se fait sur les lieux de répétitions. Virgilio improvise en fonction de ce qu'il observe chez nous". Mais comment faire communiquer des gens venant d'endroits aussi divers ? Pas simple. Josianne Ferrara, participante marseillaise, concède : "Je comprends l'italien mais ils parlent très vite". Qu'importe, le corps fait le reste. Michel Durand Thro assure qu'"en dansant, on se sent plus à l'aise avec l'autre".

Les néophytes sont en tout cas difficilement identifiables dans la masse de figurants. Agora Mer, qui par son nom symbolise le contact des différences, confond tous les repères, multipliant les oxymores : un jeune marche courbé avec une canne tandis que le chapeau de cancre est porté par des femmes âgées. Josianne, retraitée de l'enseignement, rapporte : "Virgilio nous a dit : "vous êtes des élèves dans une cour de récréation"". La mer devient alors un miroir où les rôles se renversent : dans cette cour enfantine, les plus âgés ont pour guide le jeune Giordano Signorile, garçon aux longs cheveux bouclés dont ils imitent les gestes. La jeunesse guidant ses aînés, en métaphore d'une mer où souffle en bourrasque un vent de liberté.

Les trois agoras se déroulent du mercredi au samedi au J4 à 19h15 (Agora mer), sur le parvis de l'église Saint-Laurent à 20 heures (Agora ciel) et au palais Carli à 21h30 (agora terre). Sauf Agora ciel qui n'aura pas lieu vendredi. Réservations et renseignements : 04 91 11 19 20.

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