Urbanisme : “Au début, on me disait on va s’arranger madame Chaboche”

Interview
par Julien Vinzent & Benoît Gilles
le 8 Fév 2023
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Dans un entretien accordé à Marsactu, l'adjointe à l'urbanisme revient sur les multiples pressions dont elle dit avoir été l'objet en prenant en main cette fonction sensible. Son discours décrit en creux un système marseillais où l'arrangement tient lieu de règle.

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L'adjointe au maire de Marseille déléguée à l'urbanisme Mathilde Chaboche en octobre 2020. (Photo : Emilio Guzman)

L'adjointe au maire de Marseille déléguée à l'urbanisme Mathilde Chaboche en octobre 2020. (Photo : Emilio Guzman)

Depuis deux ans, elle ne rechigne pas à mettre en scène le rapport de forces. Ces “Mathilde contre les promoteurs”, ces “Chaboche est folle”, racontent une mandature de reprise en main pour l’adjointe à l’urbanisme, quitte à bousculer les habitudes.

En ce début d’année 2023, alors que le conseil municipal s’apprête à adopter une deuxième version de la charte de la construction durable, Mathilde Chaboche avait invité la presse à une séance de traditionnel “bilan et perspectives”. À côté des exhortations aux promoteurs locaux à faire leur “aggiornamento” sur la sobriété foncière, l’élue qui se revendique de la branche citoyenne du Printemps marseillais a renouvelé sa critique du “système marseillais”. Mais cette fois-ci de l’intérieur, avec des accusations de tentative de corruption, dans la deuxième ville de France.

Marsactu a voulu pousser plus loin ce thème, où le fantasme devance souvent les révélations, pour faire un premier bilan de la remise au carré d’un service mis à mal par un rapport de l’Agence française anticorruption.

Vous avez déclaré récemment que vous subissez, avec le service de l’urbanisme, des pressions et qu’on vous avait même proposé de l’argent. C’est une accusation d’une extrême gravité…

Si vous le permettez, je voudrais tout d’abord revenir à l’histoire de cette ville, qui s’est faite par les acteurs privés, pour les acteurs privés. Marseille s’est construite au gré des démembrements des grandes propriétés foncières, des domaines bastidaires, d’une grande bourgeoisie qui s’est fatiguée de l’industrie et s’est pour une part reconvertie dans l’immobilier. Après les plans de l’époque haussmannienne, les grandes percées, on ne retrouve pas grand-chose pour orienter le développement de la ville. La puissance publique ne prescrivait plus l’organisation de l’espace, mais accompagnait les velléités des opérateurs privés.

Cela fait que l’espace public est extrêmement résiduel. On peut avoir des quartiers sans trottoir, sans espaces verts, seulement quelques délaissés, qui restent une fois que les privés se sont servis. Au contraire, la plupart des autres villes s’organisent à partir des espaces publics. Notre volonté est de réorganiser la ville à partir de ce qui fait commun et cela commence par remettre de la règle.

Ce retour à la règle se concrétise comment ?

Cela commence par refuser les permis illégaux. Il y a aussi les infractions que l’on constate a posteriori. Le plus courant, les “petits”, c’est Madame Michu qui a agrandi sa véranda sans permis. C’est important de sanctionner cela aussi, car cela participe de cette vision un peu molle, cette idée que “c’est Marseille”. Après les “petits”, il y a les “moyens” : on a l’autorisation pour trois étages, mais on en fait cinq, avec parfois des enjeux de sécurité, de fissures dans les maisons voisines, ou de respect du patrimoine.

Et puis il y a les “gros”, ceux que l’on essaie de cibler en priorité et qui ne sont rien d’autre que des délinquants en col blanc. Ce sont des acteurs que l’on retrouve à plusieurs reprises et qui se prévalent plus ou moins directement de relations, de notabilités. C’est par exemple le Sea One, avec une série de quatre procès-verbaux qui ont été dressés, pour des atteintes à des éléments patrimoniaux – un mur qui aurait dû être conservé – et un restaurant en rez-de-chaussée qu’on ne trouve nulle part dans le permis, mais qu’on voit sur les visuels commerciaux…

Entre ces petits, moyens et gros, vous ne laissez rien passer ?

On ne filtre rien. Les agents ont pour consigne d’aller tout voir. Nous en sommes à 400 signalements par an, dont 300 sont constitués et débouchent sur une transmission au parquet. Après, c’est à la justice de faire son boulot. Et là, on retombe sur la question des moyens de la justice et de la difficulté d’instruire autant d’affaires, même si je fais des points réguliers avec la procureure pour signaler les dossiers qui nous paraissent prioritaires.

C’est pour cela que nous avons mis en place un système d’astreinte financière, qui est ouvert à toute municipalité sur simple délibération du conseil municipal. En parallèle de la transmission au parquet, dès lors que nos agents assermentés ont constaté l’infraction, on peut poser une astreinte, qui peut monter jusqu’à 25 000 euros. Nous avons recruté pour faire face à ces missions, en passant de quatre à huit agents.

Vous dites, on ne filtre rien mais cela ne dépend pas que de vous…

J’ai transformé beaucoup de choses dans le rôle que je donne aux agents. Un jour, une cheffe de service me présente un dossier – une construction sur un terrain municipal, non régularisable – et me dit : “J’attends vos consignes”. Je lui ai répondu : “C’est vous qui savez. Le jour où vous m’expliquerez qu’un truc est illégal et que je vous dis de le faire quand même, vous me dénoncez, par le biais d’un article 40 [qui oblige un fonctionnaire à signaler à la justice tout délit dont il aurait connaissance dans l’exercice de ses fonctions, ndlr]”. J’ai senti dans son regard à la fois le poids que cela faisait peser et une sorte de feu sacré. Mais elle a tout de suite ajouté : “Vous allez avoir des pressions, parce que souvent, ils connaissent des gens très importants qui ont le bras long”.

La traduction concrète de tout cela, c’est que je décide de tout. J’ai refusé de déléguer ma signature, surtout sur les refus de permis. Ce n’était pas le cas auparavant. On m’avait conseillé de ne garder à la signature que les permis accordés et de déléguer la signature des refus à des fonctionnaires. Ce n’est pas le cas, j’assume. Je vérifie tout personnellement. Cela signifie 10 000 dossiers par an.

Au moment de votre arrivée, l’Agence anticorruption (AFA) a contrôlé le fonctionnement de la Ville en pointant notamment le caractère poreux de la procédure d’attribution des permis, avec de multiples interventions à l’intérieur du service, mais aussi venant du cabinet du maire de l’époque. Comment y avez-vous remédié  ?

Sur la base du rapport de l’inspection générale des services, chargée de suivre la mise en œuvre des recommandations de l’AFA, et d’un audit interne de la direction des ressources humaines que j’ai commandé, nous avons procédé à une refonte complète de la direction de l’urbanisme. Nous avons installé un logiciel où toute intervention est tracée, même lorsque je mets moi-même un commentaire et je tiens à laisser de l’écrit. Il y avait une culture de l’oralité qui, à mon sens, avait surtout à voir avec la liquidité [comprendre des dessous de table, ndlr]. Mais ce que j’essaie de dire aux privés, c’est que ce recours à l’arrangement oral ne les protège pas.

Par exemple, j’ai un projet où le promoteur a construit 150 mètres carrés en plus, pour pouvoir caser plus de parking. Lorsqu’on lui demande pourquoi il a dérogé au permis, il explique qu’on lui a dit que ce serait plus simple de ne pas faire de permis modificatif, car cela risquait de créer de nouveaux recours et de ralentir le projet. Sauf qu’entre-temps, le projet n’est plus dans les clous du plan d’urbanisme en ce qui concerne la proportion d’espaces verts. Résultat, le projet n’est pas conforme et ils devront démolir.

Est-ce que ce raidissement des services n’a pas eu pour effet de réduire drastiquement le nombre de permis accordés ?

On est revenus à des taux de refus de l’ordre de 25 %. Quand on regarde ailleurs, c’est le taux normal de refus. Sans rapport avec les 50 % de la première année. De manière grossière, je dirais qu’ils ont arrêté d’essayer de faire passer des trucs illégaux et la qualité a vraiment évolué.

Mais cela intervient dans un contexte où l’État vous impose des objectifs de construction qui sont difficiles à atteindre. Quels sont les leviers que vous proposez ?

Il faut intensifier la Ville. Il ne s’agit plus de poser des blocs de béton dans la pampa. Le métier de promoteur doit changer parce que le monde change très rapidement du fait de la crise climatique. Il y a des gens de Lille, de Saint-Étienne qui ont compris et qui viennent me proposer des projets. Je l’ai dit aux promoteurs locaux : c’est dommage parce que j’aurais aimé en faire profiter le tissu économique local… [sourire] Maintenant s’ils veulent continuer à incarner le vendeur de minitel face à l’internet, libres à eux.

Plus sérieusement, nous souhaitons intervenir partout où on va construire des lignes de transports collectifs en site propre en imposant aux acteurs privés de participer à l’effort de construction des équipements publics, des écoles, des crèches, des parcs, en les faisant participer à ce qui fait la qualité d’une ville. Il est inacceptable de se dire que la puissance publique est là pour payer les tramways et le privé est là pour faire la culbute.

Vous parlez de pressions, et on imagine bien que les acteurs qui perdent leur débouché ne vont pas rester sans réagir.

Je pense que le fait d’avoir rendu un certain nombre de choses publiques, d’avoir alerté la justice a créé une sorte de cordon sanitaire. Au début, ils se sont dit “on doit bien pouvoir faire pression sur cette fille, on va regarder son parcours”, mais ils n’ont pas trouvé grand-chose d’intéressant. Et puis, un jour, l’un d’entre eux m’a dit “on va s’arranger madame Chaboche”. J’ai dit “vous pouvez poursuivre pour que je nourrisse mon article 40 ?” Ils sentent que les portes se ferment. Mais ça n’empêche pas tout, ils tentent de passer par les côtés.

Par d’autres élus ?

Je tiens à préciser que je n’ai jamais eu aucune pression du maire, il m’a toujours soutenue sur cette ligne et il est très clair depuis le début que je ne cautionnerai rien, je partirai à la première illégalité. Je considère mon mandat comme un service civique de longue durée. Je viens du privé, je sais que je sais faire des choses et que je peux y retourner.

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Julien Vinzent
Journaliste.
Benoît Gilles
Journaliste

Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Un seul mot : tenez bon, Madame Chaboche ! Vous avez raison et nous sommes avec vous.

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  2. jemamo13 jemamo13

    Respect !

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  3. Alfonse Alfonse

    De nombreux promoteurs locaux, dégoutés, rongent leur frein et attendent le retour des “copains” aux prochaines élections…
    En espérant que ce mandat fera bouger les lignes.

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  4. vékiya vékiya

    ça nous change, continuez ainsi.

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  5. PatSEMP PatSEMP

    Bravo Mme Chaboche, continuez comme ça et vous aurez la reconnaissance des marseillais 👍.
    Il serait temps aussi de sortir du circuit administratif les employés qui ont fauté pour les mettre dans des postes sans contact avec les promoteurs.

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  6. CAT13 CAT13

    Bravo, j’adhère totalement aux propos de Mathilde CHABOCHE, qu’elle ne lâche rien! Moi qui suis dans le domaine de l’immobilier, les critiques que j’entends de la part des promoteurs confirment que pour eux la fête est finie, j’espère qu’ils feront leur examen de conscience très vite! Cet interview pourra étayer mes arguments, tenez bon une majorité de marseillais vous soutient je pense.

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  7. Forza Forza

    Lire l’interview d’une élue courageuse et efficace dans notre journal local indépendant, ça redonne la foi dans cette ville. Bravo Mathilde.

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  8. Andre Andre

    Il y a a prendre et à laisser dans cette entrevue.
    D’une part, Marseille n’était pas avant cette municipalité le désert réglementaire que Mathilde Chaboche se plaît à décrire et qui aurait été civilisé par sa volonté inébranlable de redresseur de torts.
    Les lois de la République s’appliquaient, notamment au travers de ZAC, dont on peut souvent critiquer l’esprit et la conception mais qui obéissent à des règles et font l’objet d’un contrôle de légalité préfectoral. Des comités, des CIQ qui ne sont pas tous des relais du clientélisme veillaient au grain, des fonctionnaires faisaient leur boulot souvent avec compétence.
    En contrepartie, on peut en effet se rappeler qu’un très proche de Gaudin, aujourd’hui décédé, se tapait sur le ventre avec tous les promoteurs de Marseille et essayait de s’affranchir des règles, parfois avec succès mais pas toujours.
    Il était aidé en cela par les trous de la législation qui n’oblige pas les Villes à mettre en appels d’offes ouverts la vente des propriétés municipales de statut privé. Les reliquats des terrains d’emprise de la L2, par exemple, ont été revendus aux copains et ça faisait de la surface.
    On pourra aussi pointer, à une moindre échelle et comme une espèce de sport local, les petites constructions sans permis ou qui ne les respectent pas. Une équipe de contrôleurs, bien qu’insuffisante avait quand même été mise en place sous la précédente mandature. Aujourd’hui, ce n’est pas 8 contrôleurs mais le triple qu’il faudrait si on ne veut pas se contenter de réagir seulement sur signalements. Encore un effort, Mme Chaboche.
    Et il faudra aussi que vous nous expliquiez ce que vous faites du côté de la Madrague Montredon, un quartier au bord de l’embolie qui ne supportera pas le trafic généré par l’énorme opération que vous allez y autoriser..

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    • ALAIN B ALAIN B

      surprenant votre commentaire, un très proche de GAUDIN…, vous essayer de trouver des excuses à l’équipe municipale de GAUDIN, non cela ne doit pas être facile pour Mme Chaboche cet héritage et nous pouvons que l’encourager à continuer dans cette voie.
      En peu de temps elle a commencé à changer les mentalités et cela est un grand pas dans la bonne direction

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Terrible le paragraphe: “Les lois de la République……souvent avec compétence”. Zac à l’esprit et la conception critiquables, risque de contrôle de légalité préfectoral (dans le style: si ça passe, ça passe!) comités et CIQ quasi investis d’un contrôle a posteriori (s’il n’y a pas trop de vagues, c’est bon!), CIQ en quasi totalité relais du clientélisme (dans ce cas, comment pouvoir veiller au grain?), un bon pourcentage de fonctionnaires incompétents…. L’enfer est pavé de bonnes intentions et ce plaidoyer voulu à décharge devient totalement à charge.

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    • Andre Andre

      A mon tour se trouver votre commentaire surprenant. Un “très proche de Gaudin”, ça veut bien dire ce que ça veut dire. Gaudin l’avait nommé comme l’homme des basses oeuvres et il portait la responsabilité de cette nomination et de ce qu’il l’autorisait à faire.
      Si Mme Chaboche fait du boulot, ce qui est indéniable, s’il y a eu auparavant un certain nombre de magouilles et de passes droit en matière d’urbanisme, Marseille n’est cependant pas ” la terre de mission” sauvage qui n’attendait que son dévouement, qu’elle se plaît à décrire. Tout n’est pas aussi simple et caricatural et il faut prendre du recul par rapport à des discours d’élus.
      J’ai d’ailleurs noté qu’elle oublie de parler de l’opération que la municipalité vient d’autoriser à La Madrague Montredon qui, sans véritable coordination avec la Métropole, aura un effet catastrophique sur la desserte du quartier. On pourra alors bien évidemment prétendre que c’est ” la faute à la Métropole” et, si j’étais mauvais esprit, je pourrais me demander ce que ça cache…

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    • Andre Andre

      Mouren, désolé de vous contrarier et de mettre un peu de doute dans le portrait idyllique qui se dégage de cette entrevue et qui semble vous rassurer. Tout d’abord ce n’est pas un plaidoyer à décharge pour la précédente municipalité mais il m’importe de remettre les choses à leur place et de ne pas être dupe d’un discours politique .
      Si on parle de légalité, de nombreuses ZAC l’ont respectée. La qualité urbanistique contestable que j’évoque est un autre sujet qu’on pourrait étendre à la France entière.
      Ensuite, il est vrai que si des passe-droit ont malheureusement existé, certaines manœuvres douteuses avaient échoué grâce à l’action citoyenne et, effectivement, à l’application des lois de la République (enquêtes publiques…).
      Marseille n’était pas avant l’arrivée de Mme Chaboche la terre sauvage qu’elle décrit, où tous les promoteurs auraient fait ce qu’ils voulaient avec la complicité agissante de la municipalité. Les citoyens n’ont pas attendu le PM pour faire valoir leurs droits et faire respecter les lois.
      Il serait d’ailleurs intéressant de savoir comment ça se passe actuellement du côté de la Madrague Montredon…

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Madame Chaboche n’est pas la première à décrire, non pas un désert réglementaire, mais le royaume des petits arrangements avec la règle.

      Bien avant elle, le journaliste Pierre-Louis Rozynès écrivait ceci dans Le Nouvel Economiste, il y a exactement dix ans (https://www.lenouveleconomiste.fr/a-la-une/bons-baisers-de-marseille-12-il-y-a-deux-marseille-celle-qui-existe-et-celle-qui-nexiste-pas-17600/) :

      “A Marseille, sous Gaudin, on a produit une politique immobilière rêvée, sans une trace de politique d’urbanisme, sans additifs administratifs, une politique concentrée là où il y a de l’argent, dans le Sud chez les riches ou dans l’immobilier de bureau. On a bradé le foncier et pour un peu, on oserait conclure d’une observation attentive qu’à Marseille, c’est le lobby immobilier qui a dicté la politique de Jean-Claude Gaudin. 

      Or, une ville sans urbanisme existe-t-elle ? 

      Dans la tour de la CMA CGM, il y a un grand aquarium de requins dont Jacques Saadé est très fier. Il aime pétrifier ses interlocuteurs avant de les recevoir.  Si Marseille tenait dans un aquarium, ses requins auraient tous un petit nom : Vinci, Bouygues, Veolia, Eiffage… Ces requins-là se nourrissent du plancton de leur écosystème de péages, de parkings, de tunnels, de rocades, de PPP (partenariats publics privés), de DSP (délégations de service publics), mais ce plancton se fait rare et Marseille a donné tout ce qu’elle pouvait. Ils sont nerveux, ils ont faim. Heureusement, ils sont cannibales.”

      L’urbanisation anarchique de cette ville ces dernières années donne du corps à cette phrase : “Pour un peu, on oserait conclure d’une observation attentive qu’à Marseille, c’est le lobby immobilier qui a dicté la politique de Jean-Claude Gaudin.”

      Vu de mon quartier, où les cubes de béton ont poussé et poussent comme des champignons sur tous les espaces disponibles pendant que la Poste ferme, que l’on détruit un gymnase, qu’aucune salle de classe supplémentaire n’est prévue et que les bus et la voirie sont déjà saturés, il est difficile de contredire ce constat.

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      Quelle vision idyllique des choses, cher André. A croire que les errements urbanistiques, les élus marchands de sommeil, les CIQ le doigt sur la couture du pantalon devant Gaudin ou Vassal, le bétonnage d’Euromed, du 9e et du 12e sans se soucier des infractures, le flop total de l’éco quartier Ste Marthe, et ainsi de suite, n’étaient que des épiphénomènes…

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    • Andre Andre

      Cher Ruedelapaix, la vision idyllique des choses semble bien-être le fait des commentateurs qui s’extasient devant la présentation qui est faite de la politique urbaine menée par la présente municipalité. Y croire a quelque chose de rassurant, en effet.
      A la décharge de l’équipe en place, on peut se souvenir qu’à Marseille le déficit de réflexion urbaine et la complaisance avec les acteurs de l’immobilier souffrent d’un lourd passé et ont, pour ne parler que des époques récentes, été inaugurés par Gaston (“à vous les affaires, à moi la politique”). Gaudin, qui avait été adjoint à l’urbanisme de Defferre, n’a eu qu’à continuer sur la lancée et il ne s’en est pas privé.
      Mais aujourd’hui, plutôt qu’un auto satisfecit, plutôt qu’un discours laissant croire qu’avant leur arrivée providentielle, tout n’était que corruption, j’attends de la municipalité et de son adjointe à l’urbanisme des actions probantes.
      Venez par exemple dans les 13/14, les 15/16, rien ne s’y passe. Ces quartiers sont à l’abandon comme ils ne l’ont jamais été. Où en est la politique de réhabilitation des quartiers dégradés du centre ville? Elle semble bien marquer le pas alors qu’il y a urgence. Quelle est donc la politique en matière d’espaces verts qui est une compétence municipale de plein droit (dans ce domaine on ne peut incriminer la Métropole)? On aurait bien de mal à la décrire…
      A ce rythme là, en effet les promoteurs verreux peuvent espérer qu’aux prochaines élections, tout redevienne comme avant.

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  9. Mars, et yeah. Mars, et yeah.

    C’est très bien.

    Et pourtant : Legré-Mante, mutisme assourdissant sur les ZAC, SIFER sur le Prado, SIFER à la Capelette, Borély qui se meurt contaminé par un hippodrome inutile qui pouvait dégager en 2021…

    Il y a encore beaucoup de travail.

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  10. Jean Pierre RAMONDOU Jean Pierre RAMONDOU

    Madame Chaboche pourrait elle nous communiquer le taux de permis de construire accordés par accort tacite ?

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  11. mrmiolito mrmiolito

    Ça fait du bien a lire, bravo Madame.

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  12. Melanisette Melanisette

    Bravo pour l’exemplarité le professionnalisme et le respect des règles qui ont tant manqué à cette ville

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  13. Hector Vigo Hector Vigo

    L’impartialité restaurée appelle le respect. Réussir à dégager l’urbanisme marseillais du clientélisme et de l’affairisme est exemplaire de ce que doit garantir un élu. A Marseille , où l’arrangement et la petite et grande corruption «  font système » on l’avait presque oublié !

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  14. Ampe Francis Ampe Francis

    Bravo à Mathilde Chaboche. Elle honore le Printemps marseillais et tous ceux qui se sont engagés pour mettre en œuvre à Marseille un urbanisme respectueux de la loi et améliorant le fonctionnement de la ville de Marseille. Prochaine étape : la même chose pour la métropole.
    Francis Ampe

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  15. Alceste. Alceste.

    Peut etre, enfin un(e) politique honnête et ayant le sens du politique au service public et non pas exclusivement au profit des magouilleurs marseillais, qui je m’en aperçois après lecture de cet article,. est un véritable pléonasme.
    A quand une investigation sur la gaudinie et le monde immobilier marseillais, mais pas que ?

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  16. tj13 tj13

    Merci à Mme Mathilde Chaboche

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  17. KatE13 KatE13

    Super article! Merci

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  18. Félix WEYGAND Félix WEYGAND

    Bravo et merci !

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  19. Pitxitxi Pitxitxi

    L’urbanisme était un des sujets très sensibles sur lequel on attendait le PM. On ne peut qu’être ravi par la volonté de l’élue en charge du sujet, par son désir de mettre un coup de pied dans la fourmilière et de s’affranchir des “règles d’usage” de ses prédécesseurs et prédécesseuses. Et puis, cette façon de faire passer calmement des messages avec des punchlines particulièrement fines, ça me régale.

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  20. BRASILIA8 BRASILIA8

    Petit rappel l’urbanisme est une compétence de la Métropole et avant elle de la Communauté Urbaine .
    C’est donc la Métropole qui élabore les documents d’urbanisme / POS, PLU, PLUi
    qui sont des documents opposables au tiers. La Ville met en œuvre ces documents en délivrant les autorisations de ZAC, les permis de construire ….la Ville ne s’est pas manifestée sur l’ OAP St Anne , document d’urbanisme, malgré l’opposition des habitants et les réserves du Commissaire Enquêteur

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      L’OAP Ste-Anne, qui prévoyait une urbanisation délirante de l’îlot du Corbusier, était un projet porté par la municipalité précédente (https://marsactu.fr/la-ville-prevoit-1000-logements-et-plusieurs-tours-autour-du-corbusier/).

      D’ailleurs, dans un 8e arrondissement très largement acquis à la droite, les bureaux de vote du quartier ont plutôt voté contre celle-ci, et cette particularité s’explique probablement en grande partie par ce projet rejeté par la population.

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      L’OAP St Anne a réduit au lavage puisqu’a la dernière révision on n’est plus qu’à 350 logements, contre 1000 au départ. La ville a réussi à faire plier la Métropole (donc s’est manifestée, contrairement à ce que vous écrivez). Après le temps de réécrire un PLUi et que Martine fasse comprendre à ses potes du BTP qu’ils ne bétonneront pas comme ils le voudront, ça prend du temps… oh, il n’ont avait qu’un classement mondial de l’UNESCO en jeu.

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  21. Christian Christian

    Quand on soulève le couvercle de la marmite gaudiniste, il s’en dégage une forte odeur.

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  22. Alceste. Alceste.

    Votre réflexion tombe fort à propos avec une de mes reLectures récentes/ “Marsiho” d’André SUARES , que beaucoup citent mais que trés peu ont lu.
    Cette affaire et la réaction de madame Chaboche ,me fait penser au chapitre du dit ouvrage intitilé “Bourse”;
    Madame Chaboche doit en avoir vu passer de ces demi-sel, affairistes et magouilleurs que Suarès décrivait dans son ouvrage. Décidement , certains constantes marseillaises perdurent.

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  23. PAGNOL PAGNOL

    Ouf!
    Il y a encore des personnes courageuses et vous en êtes Madame !
    Merci également à celui qui vous a choisi pour faire le job

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    • Alceste. Alceste.

      Attention quand même au “Santo Subito”.

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  24. Coquelicot Coquelicot

    Merci Mathilde ! Ce changement fait vraiment du bien à notre ville.Merci le Printemps !

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  25. Patafanari Patafanari

    Notre Hidalgo,(moins les travaux).

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  26. Marc13016 Marc13016

    Effectivement, ça fait du bien, ce nettoyage “de printemps” dans les pratiques de l’urbanisme marseillais. On peut saluer le sens du service public et la droiture morale. Le franc parler est tout aussi agréable à entendre.
    N’oublions pas quand même qu’il y a le creux et le plein. C’est bien de pourchasser les délits, petits ou grands. C’est bien de rétablir de la droiture dans les pratiques.
    Mais c’est bien aussi de tracer des axes d’avenir pour l’ensemble de la Cité. Mathilde Chaboche le fait sans aucun doute, mais elle se heurte sûrement à l’autorité en charge de ces programmes : La Métropole, ainsi que les satellites qui gravitent dans notre ciel marseillais, AGAM, EuroMed, les sociétés HLM, et autres “agences” en tous genres. Et j’y inclue le port GPMM, qui “détient” une partie du foncier Marseillais pour des raisons qui resteraient à re-visiter.
    Vaste programme … Allez y !

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    • Andre Andre

      En effet, il ne faudrait pas que l’action menée par Mme Chaboche dont l’utilité est incontestable (bien que la présentation sans nuance et très politique qui en est faite m’agace) ne vienne masquer l’inaction de la municipalité en matière de planification urbaine, voire ne rejette en second plan l’accord donné à de nouvelles opérations contestables du point de vue du fonctionnement urbain.
      La compétence en urbanisme réglementaire étant métropolitaine, l’action de la Ville s’en trouverait entravée ? Pas si simple. Il appartient à la municipalité de lancer des études, soulever des problématiques, proposer des solutions, faire pression et améliorer le PLUi établi par la Métropole. Marseille devrait en avoir le poids. Depuis bientôt trois ans j’attends pour voir… plus que trois ans pour agir et le temps passe si vite…

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    • SNG SNG

      deux satellites dont vous parlez sont des établissements publics de l’Etat l’EPA Euromed et le GPMM qui sont donc pilotés par ce dernier et contrôlés par la Cours des Comptes (nationale) et l’Inspection Générale des Finances (IGF) : ces contrôles ont lieu très régulièrement
      ce même Etat qui intervient à nouveau depuis peu dans la SPLA-IN (via euromed d’ailleurs) et la SPLA pour les Ecoles : et pour le coup le printemps marseillais doit se féliciter de la présence de ces établissements publics
      bref, vous confondez tout et mélangez tout
      concernant la détention du “foncier marseillais” par le GPMM comme vous dites, vous devriez allez voir ailleurs, c’est la même chose au Havre par ex, cela vous assure de ne pas vous retrouver demain avec un opérateur chinois propriétaire du port comme au Pirée par ex = ce foncier n’est donc pas marseillais, il est étatique
      peut être souhaitez vous aussi contester la propriété foncière de l’armée française ? certains lieux sont stratégiques
      Manifestement il y a des sujets de souveraineté nationale qui vous dépassent…

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  27. barbapapa barbapapa

    Bravo miss !

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  28. Avé Avé

    Un exemple, bravo madame pour votre droiture et votre vision. Il y a certainement un travail peu visible de mise en ordre de l’administration municipale à poursuivre dans tous les domaines. On ne se rendra jamais assez compte à quel point les années Gaudin ont laissé se perpétuer un véritable système où la frontière entre légalité et illégalité devenait insignifiante pour les acteurs. Tout le contraire de l’intérêt général. Continuez le PM!

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  29. Lissia Lissia

    Je félicite Mme Chaboche pour son programme, ses méthodes et sa détermination. Je m’inquiète juste de savoir combien de temps elle va tenir avec ses équipes, et j’espère que rien ne viendra se mettre en travers de sa route pour lui faire jeter l’éponge plus vite que plus vite.
    L’urbanisation à la hussarde, on connait. On peut faire la comparaison : création d’espaces verts et de lieux de convivialité publique vs créations d’immeubles sans création d’écoles, de crèches, de centres de loisirs pour la population jeune, avec de moins en moins de médecins, par exemple dans le 4ème arrondissement, et dans d’autres aussi probablement.

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  30. miliki miliki

    Mouais, beaucoup de comm’ de mon point de vue, malgré mon soutien au PM! Ici, on s’est vu refuser notre demande de permis pour rétablir notre mur de cloture entrain de s’effondrer pour une histoire de 20cm après 1 an de procédures, par contre devant chez nous, Vinci construit un immeuble d’1 étage plus haut que ce que le PLU ne l’autorise. Le chantier est une véritable catastrophe écologique avec deversement d’hydrocarbures et de béton dans les égouts et j’en passe… Malgré les demandes du CIQ et des habitant de la rue, Mme Chaboche n’a jamais voulu nous rencontrer… Donc on est en droit de se demander quel est l’écart entre ces belles paroles et la réalité!!!! C’est sûr que c’est facile d’obtenir des taux de refus de 25% en tapant systématiquement sur les “petits”….

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  31. petitvelo petitvelo

    Domme pour la conclusion et son cliché

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  32. Alceste. Alceste.

    Comme quoi une”hirondelle” Chaboche ne fait pas le Printemps……….marseillais.

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  33. Jacques Jacques

    le PM ne pouvait il empêcher l’opération Legre Mante qui va aggraver les conditions de circulation dans ce secteur ?

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  34. Andre Andre

    Sans vouloir nier le travail accompli par Mme Chaboche, je me suis permis quelques commentaires visant à apporter un peu de nuance à un entretien qui n’en comporte guère. J’aurais d’ailleurs apprécié que Marsactu ne se contente pas d’enregistrer l’autosatisfaction de l’élue mais s’interroge sur l’étendue réelle du désert réglementaire antérieur qui est décrit et pose des questions un peu plus larges concernant la politique d’urbanisme municipale. En effet, si la compétence institutionnelle de la mairie en matière d’urbanisme concerne bien la délivrance des autorisations de construire et, en termes d’aménagement, la gestion des espaces verts, d’un point de vue plus “politique”, sa responsabilité est engagée sur l’élaboration du PLUi et sur les orientations urbanistiques portant sur le territoire communal. Pour ces sujets, je ne trouve pour l’instant que du vide et on ne plante pas des arbres dans le vide…

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  35. Oscurio Oscurio

    Un grand merci, maintenant il faudrait que cela se sache au-delà de matsactu, pour qu’il y ait un deuxième mandat…. Sinon retour à la case départ dans 2ans

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