Une vie sous confinement en récits, deuxième semaine

Échappée
le 28 Mar 2020
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En cette période particulière, Marsactu invite ses lecteurs à raconter leurs quotidiens confinés. Pour la deuxième semaine, nous vous partageons les extraits de vos textes, de plus en plus nombreux et savoureux.

Photo : Un piéton de Marseille
Photo : Un piéton de Marseille

Photo : Un piéton de Marseille

“Un kilomètre maxi chaque jour : c’est le format idéal pour réaliser un marathon le temps d’une quarantaine. De quoi se plaint-on ? Un confiné l’a même parcouru sur son balcon de 7 m de long : 3 000 allers-retours tout de même. Mais c’est mieux que de tourner en rond ou en bourrique !”.

José Rose, qui a par le passé publié son Voyage en Alcazarie dans nos colonnes retrouve le chemin de l’Agora cette semaine et annonce un post quotidien en vue de créer “un mini dictionnaire de mots du moment”. Après avoir démarré par l’incontournable “coronavirus”, il propose donc dans son deuxième article une réflexion autour du mot “jogging”.

Une lettre à Martine Vassal

Vous me voyez ravi de savoir que certains n’ont pas à patienter jusqu’à de tels extrêmes.

Pour ma part, j’ai dû renoncer, avant même d’être confiné, à rendre visite à mes vieux parents à cause de maux de tête, courbatures, goutte au nez, gorge et bronches irritées. Probablement un simple rhume des foins, mais dans le doute, je n’ai pas voulu prendre de risques. Mon toubib m’a conseillé de rester à la maison (ça tombe bien) et de prendre du paracétamol : si la fièvre monte, si je m’étouffe, et seulement dans ce cas, je serai éligible pour le dépistage. Lui et moi avons conscience de l’absurdité de la consigne : je dois attendre que mon cas s’aggrave pour avoir droit au test du coton-tige et, au pire, contribuer à l’engorgement des unités de réanimation. Vous me voyez ravi de savoir que certains n’ont pas à patienter jusqu’à de tels extrêmes – ni à faire la queue pendant trois ou quatre heures sur le trottoir de l’IHU en bravant l’ordre de confinement.”

Sur un ton radicalement plus politique, BLeD est venu partager sa colère dans l’Agora. Adressée à Martine Vassal, sa lettre ouverte évoque l’inégalité de traitement qu’il constate entre la présidente du département et de la métropole et ses propres parents, contraints à un isolement total du fait de la pandémie, faute de pouvoir savoir si eux ou leurs proches sont contaminés.

“Me voilà confinée sur 20 000 mètres carrés”

“Pour tout agriculteur, mars est en général un mois de confinement. C’est là, quand la nature redémarre, que l’on s’active pour tout mettre en place pour la saison estivale. Préparer la terre, vérifier les systèmes d’arrosage, semer, planter, désherber. Les journées de travail suivent la courbe de durée d’ensoleillement. Aux champs plus tôt le matin et plus tard le soir. On ne voit plus personne, on ne répond plus aux mails, on fonce. Tout doit être prêt à temps même si c’est la météo qui décide de tout. Pluie, gelées, mistral dictent les tâches quotidiennes. Me voilà confinée sur 20 000 mètres carrés. Deux hectares et aucun risque de m’ennuyer vu le boulot qui m’attend”.

Ici, pas question de sensation d’étouffement… Les plus anciens de nos lecteurs retrouveront dans l’Agora un nom connu, celui de Clémentine Vaysse, ancienne journaliste et co-fondatrice du nouveau Marsactu en 2015. Reconvertie agricultrice à son compte depuis trois ans (retrouvez ici son ebook Contrechamp à télécharger gratuitement), spécialisée dans les herbes aromatiques au nord du département, elle a retrouvé le chemin de son clavier d’ordinateur pour raconter ce que signifie, quand on est paysan, de continuer à travailler quand le pays est confiné.

La beauté de la ville vide

“Je voulais surtout saisir la beauté de ces rues ordinaires où l’on passe tous les jours sans s’arrêter, la façon dont les bâtisseurs d’autrefois  avaient négocié le terrain en pente, les décalages de niveaux, la façon dont ces immeubles très différents les uns des autres avaient été juxtaposés.”

À chaque semaine sa série de photographies. Cette fois-ci c’est Un piéton de Marseille qui a partagé ses clichés des rues de Marseille le dimanche 15 mars, jour de vote où la ville commençait à se vider. L’occasion pour le photographe de saisir un charme architectural oublié.

Confinées, mais avec humour

“Lundi 23 mars. 17 heures. Je viens de passer l’appart à l’eau de Javel. On se croirait dans une piscine municipale. Essayez, c’est très dépaysant !” Les aventures confinées de Loreleï se poursuivent, et malgré un décor exigu, elles sont trépidantes. Dans son dernier billet, elle s’interroge et veut savoir s’il est possible de “ravoir à l’eau de Javel / De l’appartement / La blancheur qu’on croyait éternelle / Avant”. Prise d’une fureur nettoyeuse, elle conte avec truculence ses questionnements, exposant ses regrets d’être passée au vinaigre blanc, inefficace contre le virus, et sa joie coupable d’avoir conservé des berlingots d’eau de Javel, lui permettant de mener son combat d’intérieur.

Pourtant, rue de la Grande armée, on va dire que c’est pas non plus le Machu Picchu !

Du côté de chez Julie Roule, le “conf” se poursuit aussi, entre anecdotes anxieuses et réflexions plus philosophiques, non sans une touche d’ironie là aussi. Au sujet d’une sortie pour aller chez le boulanger, elle écrit : “J’avais l’impression de partir en voyage à l’autre bout du monde. Pourtant, rue de la Grande armée, on va dire que c’est pas non plus le Machu Picchu, mais un bonheur !”. 

Avant de s’interroger, inquiète : “Je me suis rendue compte que ce que j’avais eu, c’était une sensation de liberté. Et ça m’a rendue à la fois optimiste et très flippée : ça veut dire qu’il faut pas plus de trois jours pour intérioriser des nouvelles contraintes et arriver à profiter des espaces qu’elles nous laissent… Je me suis dit, si ça se trouve en Iran, moi je serais du genre à dire « Attends ça va, OK, on nous arrête si on a un pantalon qui est 2 centimètres trop court et qu’on aperçoit notre cheville, mais bon, on a le droit de sortir c’est déjà trop génial ! »”. 

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