Une navette RTM de Borely à Saint-Charles : Catherine Pila séduit ses électeurs avec des bus

Le CIQ Bonneveine a invité Catherine Pila de la RTM et Anne-Cécile Charil de la métropole à présenter le projet du nouveau réseau de bus, lundi 23 septembre 2024.

“Merci beaucoup, Christine La Rocca, de nous permettre de rencontrer et d’écouter les habitants des quartiers Sud de Marseille”, insiste Catherine Pila, vice-présidente de la métropole et présidente de la RTM. Assise face à un auditoire attentif qu’elle tutoie généreusement, la conseillère des 6e et 8e arrondissements est à l’aise, presque chez elle. Queue de cheval relevée et tailleur rose poudré, elle sourit amicalement à la présidente du CIQ de Bonneveine — l’un des plus grands de la ville avec ses 4 200 adhérents — qui l’a invitée, ce lundi 23 septembre, à faire un bilan du projet du nouveau réseau de bus, en chantier depuis plusieurs mois.

L’occasion pour la vingtaine de têtes grisonnantes présentes ce soir-là dans l’amphithéâtre du lycée hôtelier, habitants ou membres des CIQ du secteur, de connaître ce que deviendront les lignes de bus de leur quartier. Et de transmettre directement leurs attentes à la présidente de la RTM.

Améliorer sans contrarier personne

Fin 2022, l’autorité organisatrice des transports — la métropole — avait promis une refonte complète et révolutionnaire du réseau. Après une grande concertation, qui a permis de récolter 6 850 contributions écrites, l’institution dirigée par Martine Vassal a finalement annoncé au mois de mai 2024 mener des “améliorations continues et progressives” jusqu’en 2030, afin de “s’adapter au maximum aux besoins des Marseillais”, divers et variés. Exit la refonte, donc, et place aux améliorations qui ne créent pas de vague.

“Le projet que l’on vous présente ce soir pour janvier 2025 se base sur ces concertations et répond aux attentes de la majorité”, détaille dans l’amphithéâtre Anne-Cécile Charil, chargée du développement de l’offre de transports à la métropole. La technicienne, seule debout face à l’assemblée, déroule les diapositives. Dans les prochains mois, les habitants du secteur verront arriver deux lignes “B”, sans voie spéciale comme celles du centre-ville, mais qui circuleront plus fréquemment et jusqu’à une heure du matin. La ligne B19 remplacera la 19 actuelle et conservera son tracé, de Castellane à la Madrague de Montredon. La B17 reprendra des tronçons des actuelles lignes 72, 44 et 45 et remplacera ces deux dernières. Elle reliera Marseilleveyre à la Blancarde, tandis que la ligne 13 desservira le Roy d’Espagne.

Les modifications du réseau de bus dans les quartiers Sud.

Une navette, presque taxi

Rapidement, dans l’auditoire, le ton s’échauffe et les sourcils se froncent. Le tracé de la nouvelle ligne B17 semble contrarier les riverains, notamment Christine La Rocca, présidente du CIQ de Bonneveine, qui cherche du regard Catherine Pila. “Quand vous nous aviez présenté le projet en mai, vous nous aviez vendu du rêve, lance-t-elle à Anne-Cécile Charil, dans un haussement d’épaules. Une ligne allait directement jusqu’à Saint-Charles, c’était l’une de nos principales revendications, on veut revenir à cela.”

“La ligne ira jusqu’à la Blancarde, mais on ne peut pas la faire aller plus loin, car il y aurait trop de bus entre le rond-point du Prado et la gare, tous ne pourraient pas circuler, ce serait contre-productif, se défend la technicienne. Ce serait aussi faire fi de la concertation.” La femme aux cheveux blonds et lunettes à monture noire répète, un peu désemparée, que les contributions citoyennes concernant la ligne 19 portaient principalement sur son rallongement au sud, vers la Madrague de Montredon.

Catherine Pila suit attentivement le débat, puis se pose en médiatrice. Elle avance, la voix calme et rassurante :

“On peut imaginer une navette de vingt-cinq places, qui passerait lorsque les habitants en auraient besoin et qui irait à Saint-Charles, sans passer par le centre-ville et sans faire d’escales après l’escale Borely.”

Le public acquiesce, Christine La Rocca sourit à la présidente. “Ce serait envisageable, Anne-Cécile ?”, interroge Catherine Pila. “Oui, on peut l’étudier”, lâche la technicienne dans un soupir.

Les CIQ avant tout

“Catherine veut faire une sorte de transport à la demande et ça nous satisfait”, assure Christine La Rocca, qui ne lâchera pas le morceau sur le dossier Saint-Charles. Elle s’adresse à Anne-Cécile Charil, de la métropole : “C’est très bien, vos 6 850 contributions, mais nous, on a sollicité les 13 000 habitants du CIQ et on a eu énormément de réponses. On a donné un cahier des charges très fourni à la métropole et j’estime que c’est normal que l’on pèse davantage.”

Malgré une concertation citoyenne de plus d’une année, pour laquelle la métropole a épluché des milliers de contributions une par une, les revendications personnelles et spécifiques des membres des CIQ semblent être au cœur de la mise en place du nouveau réseau. Pour le moment, aucune réunion n’a été organisée dans d’autres quartiers. “Mais Catherine Pila est ouverte à la discussion, elle a appelé les présidents des CIQ à la contacter pour la rencontrer”, assure Christine La Rocca.

Une vingtaine d’habitants du 8ᵉ arrondissement étaient présents pour exprimer leurs attentes quant au nouveau réseau de bus.

“Il ne faut pas s’arrêter à ce qui se dit une fois dans une salle, tente de rappeler une usagère, depuis le haut de l’amphithéâtre. Je ne comprends pas le débat ! Pour aller à la gare, on peut prendre le métro, ce n’est pas comme s’il n’y avait aucun moyen d’y aller.” Un homme au pull blanc et à la barbe fournie hoche vivement la tête. Il prend la parole, sous les regards interloqués des autres participants. “Il faut être raisonnable, arrêter de penser uniquement à soi et voir le réseau de manière plus globale.”

Un léger silence s’installe dans la salle, rapidement balayé par Catherine Pila et son attitude conciliante. “Rien n’est encore figé, ce qui est prévu pour 2025 peut changer en 2026 selon vos retours”, explique-t-elle, les yeux pétillants. Les dates ont leur importance : 2026 est l’année des prochaines municipales. La droite a perdu ce secteur en 2020 et espère reconquérir ce qui a constitué son fief de 1995 à 2020. En guise de conclusion, elle promet à son auditoire “une nouvelle réunion avant fin décembre sur le sujet de Saint-Charles, afin, augure-t-elle, de vous entendre à nouveau”.