Sylvie Andrieux, de "la reine d'Angleterre" au "petit soldat"

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le 21 Mar 2013
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Sylvie Andrieux, de "la reine d'Angleterre" au "petit soldat"
Sylvie Andrieux, de "la reine d'Angleterre" au "petit soldat"

Sylvie Andrieux, de "la reine d'Angleterre" au "petit soldat"

Rolland Balalas, ex bras-droit de la députée l'appelait le "triangle maudit". Le secteur Font-vert, Picon Busserine, Saint-Barthélémy et les Flamants sur lequel 716 593 euros de subventions ont été versées par la région à des associations fictives ou sans réelle activité entre 2006 et 2008. Sylvie Andrieux, la députée PS alors vice-présidente au conseil régional Paca est soupçonnée de détournement de fonds publics au profit de ces associations et dans le but de conforter sa clientèle électorale. Depuis le 4 mars, la juge Christine Mée et ses deux assesseurs ont posément démonté ce complexe écheveau où se croisent délinquants aguerris, hommes de paille, fonctionnaires et élus. 

Présente depuis le premier jour, Sylvie Andrieux a joué d'emblée les prévenus exemplaires. Même si le sourire assuré des débuts s'est peu à peu commué en un mutisme profond qui ne laissait rien transparaître de son état d'esprit. La première semaine a tourné autour des acteurs supposés du premier réseau d'associations fictives, construit autour de la figure du caïd Boumediene Benamar, soupçonné d'avoir recruté les présidents et d'avoir encaissé les fonds en contrepartie d'une participation zélée dans la campagne électorale de Sylvie Andrieux. Harcèlement, menaces, le portrait de celui qui se faisait appeler Boumé a jailli d'un ensemble de témoignages particulièrement à charge. Si Boumediene Benamar a concédé "avoir bien mangé" pendant ces années, il a surtout tenté de se faire passer pour un acteur qui devait "jouer les méchants" aux ordres de Rolland Balalas, ex bras droit de l'élue. Ce faisant, il s'est efforcé de dédouaner l'élue, calquant sa propre défense sur celle d'Andrieux.

Le vent a continué de tourner avec la poursuite des auditions des acteurs de la mouvance de Benyoub Same, supposé être le leader du deuxième réseau d'associations fictives. Le volte-face général des prévenus s'est résumé en une phrase ponctuant systématiquement les témoignages "Je l'ai fait à la demande de Balalas". Ce dernier s'est vu attribuer opportunément tous les rôles, une position résumée par la métaphore zoologique de Benyoub Same: "Balalas, le pigeon, la dinde et le cerveau". Ne manquait plus que le bouc émissaire. Si Sylvie Andrieux était directement mise en cause par les prévenus lors de l'instruction menée par le juge Franck Landou, son nom n'était plus que très fortuitement prononcé devant le tribunal. 

Face à face ouaté

La deuxième semaine a été marquée par le témoignage des fonctionnaires et des politiques appelés à la barre. Sabre à la main, gantée  de velours, le président Michel Vauzelle s'est confronté à son ancienne vice-présidente lors d'un court face à face très ouaté avec son ancienne vice-présidente. Il en a dénoncé les "habitudes avec Jean-Claude Gaudin" tout en louant ses qualités. Chaque compliment résonnant comme une attaque. "Grotesque", glissera Andrieux, à la fin de son audition. Le tournant du procès reste sans hésiter la venue inattendue de Rolland Balalas à la barre, amoindri par un accident vasculaire cérébral. Cet ancien secrétaire général du groupe socialiste et assistant parlementaire de Sylvie Andrieux est le seul à être resté constant dans ses déclarations depuis l'instruction. Les avocats de l'élue Me Pierre Haïk et Me Gérard Bismuth ont perturbé l'audition en tentant de dénoncer à grands cris une "mascarade", ce qui a provoqué l'ire de la présidente. Rappelons que ces mêmes avocats dénonçaient plus tôt la catastrophe inhérente à l'absence du prévenu Balalas…

Puis ce fut le tour d'Andrieux de monter à la barre. Là, la "reine d'Angleterre" a tout nié en bloc, n'hésitant pas à parler d'elle à la troisième personne, s'offusquant d'être traitée de menteuse dans des laïus souvent décousus et sibyllins, vantant ses mérites d'élue de terrain. Elle y a dénoncé Rolland Balalas, accusé d'être un indic, vilipendé ses anciens collaborateurs du groupe socialistes d'avoir collectivement raconté des inepties vengeresses…

24 mois de prison avec sursis

La troisième et dernière semaine de procès a débuté par la brillante plaidoirie de Me Gilles Gauer, avocat de la région et du réquisitoire du procureur Jean-Luc Blachon. Celui-ci a requis 24 mois de prison avec sursis pour Sylvie Andrieux, cinq ans d'inégilibité et 50 000 euros d'amende tandis que Rolland Balalas, désigné comme un acteur essentiel au montage des dossiers fictifs, s'est vu requérir 30 mois d'emprisonnement avec sursis et 4 ans de privation de ses droits civiques. Si les réquisitoires correspondent à ce qui était attendu lors de l'instruction, ceux qui se voient requérir de la prison ferme (quatre ans de prison dont un de sursis, privation de leurs droits civiques et interdiction de diriger une association) restent les "voyous" des quartiers, Boumédiene Benamar et Benyoub Same, aux casiers judiciaires déjà bien remplis.

L'avant dernier jour, les avocats de Sylvie Andrieux, Me Haïk et Me Di Marino ont déroulé leurs plaidoiries autour du fil rouge de la "femme à abattre", la victime d'un complot, fustigeant la "volonté du juge d'instruction d'instrumentaliser cette affaire". Ils ont également salué le retour des scellés, sur lequel ils ont basé une sorte de contre-enquête, laissant entendre que ceux-ci constituent des éléments susceptibles de changer le sens du procès. Réponse du tribunal le mercredi 22 mai, à 8 h 30.

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    mais qui va rembourser l’argent du contribuable? rien de cela dans le réquisitoire du procureur.

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  2. Mars Mars

    Ce qui n’a pas été assez souligné dans ce procès, c’est le rôle de l’administration et de ses plus haut fonctionnaires. Dans notre conception républicaine, l’administration est la garante du bon fonctionnement des institutions, et le statut des fonctionnaire existe pour les protéger de l’inacceptable au point de vu de la loi. Or on voit comment la haute fonction publique de la Région s’est couchée aux ordres des élus, faisant fi de la loi, de l’éthique et de la simple morale. On ne peut que penser aux heures les plus sombres de notre histoire, celles de la collaboration. La résistance a été le fait d’une poignée d’individus, pour les autres, la peur, la soumission à l’autorité, l’appât du gain et des honneurs a été la plus forte. Ils ont permis l’inacceptable et en cela fragilisé la représentation démocratique. Et on sait ou cela nous a conduit.

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  3. Anonyme Anonyme

    Pourquoi seulement 50.000 € d’amende, qu’elle ne payera certainement jamais, et les 700.000 € qu’elle a “emprunté” aux contribuables, elle ne les rembourse pas ? Si c’était nous, pauvres Français, on ne nous demanderais pas de rembourser ? Le slogan “Tous pourris” n’a jamais eu autant de valeur ! Et 5 ans d’inégibilité (?), pourquoi ? C’est “à vie” qu’il faut que cette personne soit radiée de la vie politique !

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  4. Anonyme Anonyme

    Pourquoi seulement 50.000 € d’amende, qu’elle ne payera certainement jamais, et les 700.000 € qu’elle a “emprunté” aux contribuables, elle ne les rembourse pas ? Si c’était nous, pauvres Français, on ne nous demanderais pas de rembourser ? Le slogan “Tous pourris” n’a jamais eu autant de valeur ! Et 5 ans d’inégibilité (?), pourquoi ? C’est “à vie” qu’il faut que cette personne soit radiée de la vie politique !

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  5. Anonyme Anonyme

    La queqtion a-t-elle été ne serait-ce que posée ? Est-ce que quelqu’un a vraiment envie de savoir ? Est-ce que tout le monde n’en a pas peur, de ctte réponse, et de l’opprobre généralisée qu’elle pourrait jeter sur le système politique français ?
    Ce qui est sûr c’est que l’on ne nous aura présenté que du menu fretin, à peine de quoi faire une barquette de friture et que, COMME D’HABITUDE, les juges n’ont pû juger que ceux qu’on leur a présenté. “les plus gros ont balancé les petits, les petits se sont bien gardés de balancer les gros”, comme d’habitude…

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  6. Anonyme Anonyme

    Vous vous indignez, alors qu’elle n’est pas encore condamnée.
    Un peu de patience.
    Ce que le procureur dit c’est lui qui le dit, il ne juge pas.
    Quand même vous faites confiance à la justice de votre pays.
    Tous égaux devant la loi,on ne vous l’a pas appris à l’école.

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  7. Rimbus Rimbus

    La plaidoirie de Maître Di Marino doit gêner beaucoup de gens, y compris dans le box des journalistes où la présomption de culpabilité est à la mode. Difficile d’en parler pour eux d’ailleurs, c’est une démonstration technique qui ruine le réquisitoire du ministère publique. Mais peu importe, la prévenue est coupable, la vox populi l’a décidé, donc on garde cette ligne éditoriale, coco, on va pas se déjuger comme ça.
    Rendez-vous le 22 mai.

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  8. sergedoird sergedoird

    Le maire de Marseille, de l’epoque (1989/1995)avait demander a son adjoint a la vie associative, de chassé les associations BIDONS de la ville de Marseille
    En 1993 ,98% de ces associations n’existe plus. Domage que ANDRIEUX n’est pas etait a la bonne ecole

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