Sabrina Agresti-Roubache ou le lancement de campagne timide d’une ministre sur la sellette
La secrétaire d'Etat à la ville est entrée officiellement en campagne, ce mercredi à Marseille. Devant quelques dizaines de militants, elle a défendu ses chances dans une circonscription où, elle ne l'ignore pas, le combat sera rude.
La députée sortante Sabrina Agresti-Roubache (Renaissance) et son suppléant Didier Parakian dans leur QG de campagne, le 12 juin 2024. Photo : Coralie Bonnefoy.
Comme un air de déjà vu. Même local de campagne et même équipe qui veut croire que la gagne est au bout. Comme en juin 2022. Ce mercredi 12 juin, Sabrina Agresti-Roubache a choisi de se réinstaller dans sa permanence à Saint-Barnabé pour lancer la campagne pour les législatives anticipées prévues les 30 juin et 7 juillet prochains, dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône. “J’ai l’impression d’être en 2022 ! Sauf que j’ai un peu vieilli et vous aussi !”, lâche dans un sourire la députée Renaissance sortante, devenue secrétaire d’État à la ville des gouvernements Borne et puis Attal, au côté de son suppléant Didier Parakian.
Dans la cour, sous deux platanes imposants, quelques dizaines de militants sont réunis pour cette entrée dans le vif d’une campagne qu’ils promettent “brève et donc intense”. Entre les pizzas dans leurs boîtes en carton et les chips sur les assiettes en plastique, l’entrée en lice est modeste. Si elle est affectée par les mauvais résultats des Européennes de dimanche – transposés à sa circo, la liste de son parti ne récolte que 11% des suffrages quand le RN caracole en tête avec 48%, et que les listes de gauche flirtent avec les 28% – la ministre ne le laisse pas trop paraître. Tout juste une larmette au coin de l’œil.
“Marseille mérite mieux que le chaos”
Celle qui l’avait emporté avec 470 voix d’avance sur le Rassemblement national, dans un combat particulièrement serré en 2022 remet le fer au feu “avec humilité”. Et malgré son habituelle volubilité, avec gravité, “car l’heure est complexe”. Sabrina Agresti-Roubache repart “au combat” parce que, dit-elle, “Marseille et notre pays méritent mieux que le chaos”. La secrétaire d’État renvoie dos à dos “les extrêmes” : “N’oubliez jamais d’où vient l’extrême droite ! Le RN si haut dans ma circo, ce n’est pas acceptable.” Quant à LFI “je les ai vus à l’œuvre !”, affirme la ministre : “Aujourd’hui Gaza, c’est leur combat, mais ils le jetteront comme un mouchoir quand ce ne sera plus leur intérêt électoral.”
“C’est quand même une sacrée connerie cette dissolution, passez-moi l’expression.”
Une sympathisante
Devant ses troupes, elle assure que la dissolution voulue par le président est “un acte de courage, l’acte démocratique le plus important qu’on ait connu ces dernières années.” Sabrina Agresti-Roubache le formule ainsi : “Le 9 juin les Français nous ont mis devant nos responsabilités, on les met devant les leurs le 30 juin.” Dans les rangs, quelques moues désabusées. Une femme lâche : “C’est quand même une sacrée connerie cette dissolution, passez-moi l’expression.” Mais elle dit se mettre en ordre de bataille “pour Sabrina, qui est une fille formidable. Disponible et qui répond toujours quand on l’appelle pour lui demander un service.”
“On est déterminés”
Même volonté affichée chez quelques jeunes, malgré la déculottée de dimanche et le séisme politique qui a suivi. Djihane et Paul – la première est membre des Jeunes avec Macron, le second des Jeunes avec Sabrina – veulent croire dans ses chances de conserver son fauteuil. “On a un programme, on a des idées. On est confiants et déterminés”, glisse Djihane. Paul en est convaincu : “Sabrina et Didier [Parakian, son suppléant, NDLR] incarnent cette circo. Ils sont tout le temps sur le terrain, ils sont proches des gens.” Surtout, ajoute le jeune homme : “Le Plan Marseille en grand, avec plus de transports, d’écoles, de logements, de sécurité… c’est pas la gauche ou l’extrême droite, ça !” Ce plan, pourtant, n’a pas eu l’air de rallier à Sabrina Agresti-Roubache des suffrages par paquets. “On ne l’a pas fait pour ça mais pour Marseille”, rétorque la ministre sûre que les bienfaits du plan finiront par être reconnus.
Il n’empêche, dans les rangs de quelques dizaines de supporters rassemblés là, certains craignent la défaite. “Ça va être dur, dur, dur”, souffle un homme en chemise blanche qui ne cache pas son inquiétude. Un autre assure que tout dépend de la concurrence qui s’alignera face au binôme sortant : “Si Allisio [RN] se présente dans cette circo et si Les Républicains mettent quelqu’un ici, faut pas se mentir, c’est mort.” Pour l’instant LR n’a pas annoncé de candidature dans cette circonscription. “S’ils ne mettent personne face à moi, je leur en saurais gré“, glisse la candidate. Rien n’est moins sûr.
Roland Blum, l’ange gardien
Dans le petit groupe de sympathisants qui viennent claquer la bise à “Sab”, quelques têtes connues. Le modeste lancement de campagne a des allures de reformation de ligue dissoute. Nora Preziosi, “bien contente de ne plus être chez LR parce que c’est trop la honte”, vient tresser les lauriers de la candidate centriste. Elle “l’aime” et supporte son combat “contre les extrémistes”. Avant le début de la réunion, deux très proches de Jean-Claude Gaudin, Jean-Pierre Chanal et Claude Bertrand, sont passés donner “leur amical soutien” aux candidats. Roland Blum ancien adjoint aux finances de Jean-Claude Gaudin arrive, lui aussi, parce que, dit-il, “ce n’est pas bien de se défiler quand les amis traversent des épreuves et une élection en est une”. Didier Parakian, qui lui aussi fut adjoint de Jean-Claude Gaudin, fait du maire récemment défunt “[leur] ange gardien de cette élection”.
En bas des escaliers de la permanence – un ancien cabinet médical dont les locaux attendent un locataire – les premiers cartons de tracts s’empilent. Sur fond bucolique, les visages de Sabrina Agresti-Roubache et Didier Parakian sourient. “Ils se battent pour Marseille”, dit le slogan. Nulle mention de l’appartenance des candidats à la majorité présidentielle. “On n’avait pas encore le logo, ni l’intitulé de la mention sous laquelle la majorité sera rassemblée lorsqu’on les a fait imprimer”, explique un membre du staff de campagne. La candidate l’assure, d’autres tracts et affiches avec toutes les références vont suivre.
Sandra Blanchard, qui comme en 2022 est sa directrice de campagne, a pris le micro, le temps d’inviter les bonnes volontés qui le souhaitent à s’inscrire sur la boucle WhatsApp teamsab “pour les distributions de tracts, l’animation des réseaux sociaux, l’organisation d’événement”. Il est 19h30 quand la secrétaire d’État s’apprête à quitter la permanence dans une berline, encadrée par sa protection ministérielle. Quelques minutes auparavant, elle a commandé en riant aux militants présents : “Bon, allez maintenant, de la colle et des affiches !”
Commentaires
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La chemise blanche à col français déboutonné aux manches légèrement retroussées semble être devenue la tenue de combat unisexe de nos politiques locaux. Les hommes avec veston mais sans cravate quand ils s’adressent au bon peuple, Mme Caradec avec un p’tit pull bcbg noué sur les épaules.
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C’est intéressant cette incursion de Chanal, Bertrand et Blum. Est-ce qu’ils sont aussi allés soutenir Moraine qui a fait le show à l’enterrement de Gaudin et soutient lui le RN ?
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Adieu petit ange parti trop vite
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J’aimerais me réjouir de voir cette nullarde arrogante et arriviste, dont les idées ont une porosité évidente avec celles de l’extrême-droite, perdre sa place. Mais ça voudra très certainement dire que l’extrême-droite l’aura remplacée… Donc pas de quoi se réjouir, finalement.
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oui, bienvenue au club….moi je vote là !! et je suis comme vous.
on ne peut pas se réjouir de ça.
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Sauf engagement écrit de Mme Agresti de ne voter aucune loi scélérates et anti sociales, je m’abstiendrai de voter si elle est face au RN au second tour des élections législatives. Si elle lit ce commentaire, elle sait ce qu’il lui reste à faire pour obtenir mon suffrage au 2 ND tour face au RN.
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Avec 60 % d’absentention sur la circonscription en 2022 et 500 voix d’écart au 2eme tour, elle a intérêt à lire votre commentaire, toutes les voix comptent.
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J’ai vu cet après-midi son affiche électoral. Aucune mention de son appartenance à la majorité et encore moins à l’exécutif. D’autre part son slogan de campagne fait référence à Marseille (ils se battent pour Marseille), faut-il lui rappeler qu’elle se présente pour être une élue de la République.
Je ne voterai pas pour elle que ce soit au 1er ou au 2eme tour
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Elle pense s’être fait un nom à Marseille, la pôvre va être déçue.
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