Rolland Balalas : "C'est impossible que je sois l'organisateur. Les élus, oui"

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le 13 Mar 2013
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Rolland Balalas : "C'est impossible que je sois l'organisateur. Les élus, oui"
Rolland Balalas : "C'est impossible que je sois l'organisateur. Les élus, oui"

Rolland Balalas : "C'est impossible que je sois l'organisateur. Les élus, oui"

Rolland Balalas, les cheveux longs, le dos voûté, a tenu à rester debout à la barre. Il est encore amoindri par les séquelles d'un accident vasculaire cérébral subi en 2010 et la mort brutale de son fils. Il parle avec grande difficulté. D'ailleurs, son avocat avait prévenu qu'il ne viendrait pas du fait d'une contre-indication médicale. Sa présence est donc inattendue au milieu du procès et son audition marque un tournant. Depuis le début des auditions, l'ensemble des prévenus a chargé cet ancien secrétaire général du groupe socialiste et assistant parlementaire de Sylvie Andrieux, soupçonnée de détournement de fonds publics. Depuis une semaine donc, Rolland Balalas "était remonté comme une pendule" selon son avocat Me Mejean. Il insistait pour obtenir une confrontation et répondre aux accusations des différents prévenus.

Si les mots s'entrechoquent face à la maïeutique compatissante de la présidente, Rolland Balalas a confirmé chacune de ses déclarations enregistrées lors de l'instruction. Sauf quelques éléments, ou personnages de l'affaire comme Cédric Doco dont il ne souvient plus, à moins, parfois, de pouvoir contempler leur visage : "Excusez-moi, j'ai la mémoire défaillante". De même, il ne souvient plus d'avoir rencontré Benyoub Same pour lui parler de fausses factures. "Compte-tenu de ce qui vous est arrivé, on peut comprendre que vous ne vous souveniez pas de tout", excuse, compréhensive, la présidente Christine Mée.

"Triangle maudit"

Mais de l'essentiel, Rolland Balalas a gardé l'entièreté de sa mémoire. "Avez-vous tout mis en place avec Same et Benamar ?" demande la juge. "Les téléphones portables oui mais l'argent non", répond le prévenu en faisant allusion aux téléphones dédiés pour les conversations avec Boumediene Benamar. Il confirme également que Sylvie Andrieux lui avait confié pour mission la gestion de ce qu'il appelait le "triangle maudit", le secteur Font-vert, Picon Busserine, Saint-Barthélémy et les Flamants. "La première subvention, je pensais que c'était vrai. Après, plus il y en avait moins j'y croyais. […] Je devais faire en sorte qu'elle obtienne de bons résultats dans ces bureaux de vote", avait-il déclaré à l'époque. "Il fallait s'attacher la sympathie de Benyoub Same car il avait une influence dans le quartier, il était un leader d'opinion. Le fait d'aider les associations était une stratégie politique". "Confirmez-vous ces propos?", demande la juge. "Oui", acquiesce-t-il en hochant imperceptiblement la tête.

"Une mascarade"

Les avocats de Sylvie Andrieux Me Pierre Haik et Me Gérard Bismuth se lèvent, interrompent brutalement l'audition avant de quitter la salle : "nous n'acceptons pas cette façon d'interroger un prévenu dans ces conditions. Nous ne sommes pas sûrs que le prévenu comprenne les questions. On ne cautionne pas ça, c'est une mascarade!" Aussitôt la présidente Christine Mée s'emporte : "M. Balalas n'est ni sous tutelle, ni sous curatelle ! Il comprend parfaitement. Vous comprenez monsieur ? C'est honteux cette intervention ! Prenez acte !" ordonne-t-elle à la greffière.  Même Boumediene Benamar, dans la salle, semble approuver les propos de la présidente en hochant la tête.

Pourtant, un jour, le caïd de la Busserine était venu menacer Rolland Balalas dans son bureau, parce que l'un des dossiers de demande de subvention était bloqué. "Aviez-vous peur de M. Benamar?", questionne la juge. L'homme bafouille, cherche ses mots, puis rompt un silence pesant : "Oui. Aujourd'hui pas peur car mon enfant et mon AVC, pfff…" Dans la salle, le sanglot discret de sa femme fait immédiatement écho à sa détresse.

Lorsqu'enfin le tribunal demande à Rolland Balalas si, comme l'affirmait avec emphase le prévenu Benyoub Same, il était le cerveau de l'affaire (en plus de la dinde et du pigeon accessoirement…) quelques jours plus tôt, celui-ci certifie : "C'est difficile pour moi d'expliquer. C'est impossible que je sois l'organisateur de tout ça. Les élus oui, moi non, c'est impossible". S'il n'a pas pu tout confirmer, il a réussi à dire l'essentiel : Sylvie Andrieux était au courant de l'existence de ces associations bidons, il l'avait lui-même alertée à ce sujet. Fatigué, il finit par se rasseoir dans son fauteuil roulant. Les avocats de la députée n'auront aucune question.

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Commentaires

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  1. Pascalou Pascalou

    scandaleux les avocats d’ANDRIEUX… le revirement qui va faire qu’elle va être condamnée…

    Ces avocats ont fait 5ans de Droit et tout le reste de travers !

    Félicitations à la Juge qui rappelle le principe du contradictoire et qui remet les pendules à l’heure avec l’humanisme qui fait défaut au camp socialiste !

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  2. Armelle Armelle

    Vous vous souvenez d’Ouragan sur le Caine ? Quand le prévenu sort ses billes d’acier et que tout s’effondre. Aujourd’hui, c’était ça. Mme Andrieu avec le rouquin avait tout prévu pour mettre le doute dans le procès et, même condamnée, se poser en victime.

    Désormais même condamnée pourra-t-elle faire appel ? Pas si sur. Et comme disait Chirac, les enmerdes volent en escadrille. Ciot qui fait le simple d’esprit, Guérini qui fait ses combines, Mennucci qui ménage la chèvre le chou, Caselli qui collectionne les figurines dans son Facebook, on va où ?

    Ils vont se bouger à Paris au PS ? Ou alors ils vont nous amener le FN à la mairie.

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  3. Armelle Armelle

    Vous vous souvenez d’Ouragan sur le Caine ? Quand le prévenu sort ses billes d’acier et que tout s’effondre. Aujourd’hui, c’était ça. Mme Andrieu avec le rouquin avait tout prévu pour mettre le doute dans le procès et, même condamnée, se poser en victime.

    Désormais même condamnée pourra-t-elle faire appel ? Pas si sur. Et comme disait Chirac, les enmerdes volent en escadrille. Ciot qui fait le simple d’esprit, Guérini qui fait ses combines, Mennucci qui ménage la chèvre le chou, Caselli qui collectionne les figurines dans son Facebook, on va où ?

    Ils vont se bouger à Paris au PS ? Ou alors ils vont nous amener le FN à la mairie.

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  4. Prometheus Prometheus

    @Armelle a raison “vont nous amener le FN à la mairie”. La stratégie du système mafieux du Parti Socialiste et de son apprenti sorcière Andrieux montre là ses limites. Une politique de terres brûlées qui fabrique des assistés à qui on a progressivement cadenassés le cerveau pour acheter leur vote. Des citoyens sous tutelles dont le vote n’est qu’un marchandise voià le projet PS d’Andrieux. Des minots de 25 ans qui doivent charbonner pour se marier avec leur belle fiancée. Des mères aux tripes nouées car leur fils risque de finir comme les deux jeunes des Bleuets. Et tout ça pour qu’Andrieux fasse sa starlette de télé réalité se balade en 4×4 et lunettes de soleil hors de prix dans les cités pendant les élections. J’ai entendu une femme de 35 ans dire “ma famille elle est a Andrieu à personne d’autre”. Wooow ! Une famille devient une chose à vendre… Mais voilà ! Coup de théâtre La dinde bien qu’ayant subit les affres d’un AVC, devient un coq car la vie lui a volé ce qu”il avait de plus cher, son fils et sa santé. Aaah Mme Andrieux vous voyez, il y a des choses qui ne s’achète pas. Et celui que vous avez voulu faire passer pour un handicapé profond se révèle être simplement une personne en situation d’handicap et qui garde sa raison malgré la tragédie vécue. Mme Andrieu vous n’avez rien compris des leçons de Machiavel. Car votre agir est dénué de tout sens de l’éthique. Faire de la politique ne consiste pas à gagner une élection quelques soient les moyens utilisés. Mais faire de la politique c’est gagner on ayant les conditions nécessaires pour garder son pouvoir. Autrement dit, faire progresser les citoyens, améliorer la condition des mamans dans les cités, de leurs enfnats afin de s’assurer une base saine et solide pour durer. Mme Andrieu bien que Franc Maçon, vous n’avez rien compris au symbole de l’oeil omniscient. Doit-on vous rappelez que l’ordre auquel vous avez appartenez est celui de bâtisseur non dénuées d’éthique à commencer par le respect des personnes en situation d’handicap et au respect des pauvres que vous pensez pouvoir acheter. Les citoyens ne sont pas à vendre et j’espère que ce procès va vous le rappeler à vous comme aux autres politiques….

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  5. Guasch F Guasch F

    L’attitude et les propos de Me Pierre Haik et Me Gérard Bismuth me donnent envie de dégueuler et j’approuve totalement l’emportement de la Présidente Christine Mée. Ces avocats devraient être accusés pour exploitation d’abus de faiblesse dans un tribunal suite au handicap de Rolland Balabas.

    En effet, je suis également frappé par un AVC depuis 2000 et, depuis, j’ai d’énormes difficultés pour manger, parler, me mouvoir, écrire et compter normalement. De plus, comme la plupart des personnes ayant un AVC, je suis très lent et très maladroit. J’ai évité le fauteuil roulant car je me suis battu. Peu après le retour chez moi et après avoir abandonné mon fauteuil roulant, j’ai marché, marché comme cela n’est pas possible pour me rééduquer. Aujourd’hui, à 73 ans, je marche un peu en m’aidant d’une canne bien que je titube comme un ivrogne. Je me sers de mon ordi, malgré mes doigts qui accrochent souvent les touches et que je sois contraint à de multiples lectures ou corrections. Mais, comme je l’ai déjà dit, je ne peux plus écrire à la main.

    Je n’ai pas à juger du comportement passé, présent, ou futur de Rolland Balalas, ce dont je suis sûr, c’est que qu’il n’a pas voulu mourir suite à un AVC comme l’a fait une personne de mon village et qu’il s’est battu et se bat encore ne serait-ce que pour que ses proches (et notamment sa femme), supportent le moins possible les inconvénients de son handicap. C’est louable surtout quand on a perdu son fils.

    Oui, Rolland Balalas a eu raison de venir témoigner. Oui, il réfléchit. Oui, il comprend les questions qu’on lui pose. Oui, la Présidente a eu raison de vouloir connaître son opinion même s’il a des difficultés pour parler. Non, ce n’est pas une mascarade car il ne se cache pas derrière l’handicap de son AVC.

    Quant à Christine Mée, j’ai une grande admiration pour la charge qu’elle assume face à la puissance du monde politique des Bouches du Rhône car il est bien particulier. Pourra-t-elle, bien que je ne mette pas en doute l’intégrité de la Justice, prendre une décision objective?
    NB :
    Il me semble nécessaire de témoigner, j’aimerai lui venir en aide mais hélas, je me sens bien impuissant et n’en ai pas les moyens si ce n’est que je lis sur ce site, dans la rubrique prévue pour les commentaires : « Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement ». Magnifique intention ! Mais, si elle n’est pas respectée pour mon commentaire, je ne m’en formaliserai nullement et notamment si celui-ci peut venir étayer les propos tenus par la Présidente.

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  6. Anonyme Anonyme

    Je crois qu’on ferait bien de se méfier du côté théâtre, comédia d’el arte d’un tel procès.
    Il ne faut pas perdre de vue que dans ce genre de procès il ya 2 prévenus.
    Le premier bien en chair et en os représente ce qu’il y a de plus représentatif dans la hiérachie républicaine, L’élu du peuple.
    C’est impensable qu’il puisse être là.Aussi toute une batterie de protection spécifique protège d’une manière outrancière ce représentant du peuple.
    Quand malgré tout on en arrive à la mise en examen,et au procés, un 2ème mis en examen s’avance,on le voit pas mais il est là, il ne parle pas,mais il fait un bruit assourdissant,il n’a pas d’avocat car il sait qu’il ne sera jamais mis en cause.Ce 2ème prévenu c’est la République.
    Le fonctionnement de la République.
    L’enjeu dépasse largement à ce moment là l’intègrité d’une personne elue du peuple.
    Aussi le tribunal qui juge au nom du peuple français,mais qui lui n’est pas élu,ne perd pas de vue les conséquences possibles d’un jugement, qui pourrait agacer ce même peuple français.
    On pourrait très facilement retrouver des dizaines d’exemples comparables,ou nous allions voir ce que nous allions voir, et en fait on a rien vu.

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