Procès Andrieux: "La dinde, le pigeon et le cerveau"

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le 8 Mar 2013
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Procès Andrieux: "La dinde, le pigeon et le cerveau"
Procès Andrieux: "La dinde, le pigeon et le cerveau"

Procès Andrieux: "La dinde, le pigeon et le cerveau"

"Je l'ai fait à la demande de Rolland Balalas" ajoutent les prévenus appelés à la barre, tel un automatisme, tandis que le tribunal rappelle les déclarations enregistrées au moment de l'instruction. Celle-ci était suffisamment à charge contre la députée Sylvie Andrieux pour la soupçonner de détournement de fonds publics. Après le revirement soudain de Boumediene Benamar, un caïd de la cité de la Busserine, c'est à présent au tour de Benyoub Same, au centre de la deuxième "mouvance" de revenir largement sur ses déclarations. Tout comme Benamar, il est mis en cause pour la création de sept associations fictives destinées à obtenir des subventions du conseil régional. "Balalas oui. Il ne faudrait pas oublier cette ponctuation" ironise la juge Christine Mée face à ce qui semble virer très opportunément au procès Balalas, ex-bras droit de la députée, actuellement aphasique.

Hier déjà comparaissait Abderrezak Zeroual, présenté à l'époque comme "bénévole actif" dans deux associations bidons. Interrogé lors de l'instruction, il qualifiait les relations entre Benyoub Same et Syvie Andrieux de "fortes et soutenues", prétendant qu'ils prenaient fréquemment leur petit déjeuner ensemble à sa permanence de Sainte-Marthe et que Same "consacrait la majorité de son temps à la campagne électorale pour la réélection d'Andrieux."

Volte-face

Aujourd'hui, Zeroual freine des quatre fers, la main sur le coeur et la voix mielleuse : "Je n'ai jamais vu Benyoub Same en compagnie de Sylvie Andrieux. C'est Same qui a voulu me faire croire que toutes les portes lui étaient ouvertes, moi j'ai été naïf, certains appuient sur vos faiblesses." C'est ce même Zeroual qui affirmait que "dans le quartier il se dit que le parrain c'est Mme Andrieux et que rien ne se fait sans elle". A la barre, il se justifie laborieusement : "Ce sont des rumeurs, je n'y adhère pas. J'ai raconté tout ça parce que j'étais psychologiquement atteint".

Puisqu'il faut bien désigner un coupable, l'homme qui se présente comme une personne morale – en dépit d'un casier judiciaire rempli d'escroquerie et cas de violence – interpelle le tribunal: "Comment cette ribambelle de hauts fonctionnaires du conseil régional peuvent se permettre d'accepter de tels dossiers ? La responsabilité à mes yeux incombe aux fonctionnaires du CR." Et d'ajouter, histoire de ne pas se tromper d'accusé(s) : "Si on laisse faire des individus comme Balalas et Benyoub Same gérer les deniers publics, voilà ce qui arrive."

Pas un mot sur ses anciennes déclarations accablantes : "Toutes les démarches faites par Balalas auprès des associations se faisaient pour le compte de Madame Andrieux et sur ses instructions. Balalas ne décidait rien sans l'aval d'Andrieux. […] Benyoub Same se comportait comme s'il faisait partie du staff de campagne. Il avait la feuille de route pour toutes les visites de Sylvie Andrieux."

Riri, Fifi, Loulou

"Je retire l'intégralité de ces propos", se rétracte-t-il. Le procureur Jean-Luc Blachon s'exclame alors :"le procès se transforme en procès de voyous, moi qui ai l'habitude de l'économique et du financier. M. Zeroual lui donne plus de couleur." Puis, évoquant le livre de Xavier Monnier, Marseille ma ville, il demande : "M. Zeroual, êtes-vous plutôt Riri, Fifi ou Loulou? J'ai un penchant pour ce dernier."

Toutefois, c'est encore Benyoub Same qui accuse le plus fortement Rolland Balalas, revenant lui aussi sur ses anciennes déclarations. "Balalas m'a fait un clin d'oeil. Il avait entendu parler de moi dans le quartier. Il voulait que je m'implique pour lui dans la campagne. J'ai trouvé une dinde, un pigeon quoi." Le prévenu se contredit, se perd dans des explications alambiquées. "Balalas avait besoin d'un garde du corps dans le quartier, il avait peur de se prendre des coups parce que son père était passé dans une émission sur Canal plus, sur son passé." Gilles Gauer, l'avocat de la région l'interpelle : "Il était donc également médium alors, puisque l'émission a été diffusée le 15 avril 2007, après la création des associations". La juge sort de ses gonds : "Il ne faut pas prendre le tribunal pour des imbéciles M. Zerroual ! On marche sur la tête !"

"Gourmand et cupide"

Sur la constitution d'associations bidons, Benyoub Same assume sa responsabilité, osant le mea culpa à grand renfort de métaphores : "Je suis parti en live, j'ai été pris dans le délire des assos. On est gourmand et cupide. Moi j'ai joué le rôle du marin pêcheur, j'ai envoyé les filets." Et non, Sylvie Andrieux, qu'il tutoie et appelle par ailleurs Sylvie "parce qu'elle fait partie du quartier, du paysage" ne s'occupe pas de ses demandes de subvention. Certes, celle-ci rajoute "amicalement" en bas de ses lettres d'acceptation des dossiers mais "c'est comme un clin d'oeil qu'elle me fait pour dire qu'elle porte plus d'intérêt à mon cas. Il n'y a que Balalas qui est au courant pour les fausses factures." Pourtant, plus loin, Benyoub Same explique que Rolland Balalas était "méfiant" par rapport à certains projets. "Il m'enfumait, je l'enfume". Une concordance des temps révélatrice ? Les relations se dégradent : "Je m'arrangeais pour déposer des dossiers quand il n'était pas là. J'avais les boules contre lui, il avait fait échouer le dossier de l'asso APIS. Je voulais me venger".

L'intégralité des subventions récoltées finissent dans la poche de Benyoub Same. En contrepartie, "à la demande de Rolland Balalas", il doit se montrer disponible dans la campagne de la députée à Font Vert. "J'ai accepté parce que Balalas m'a expliqué que la gauche était plus socialiste [sic] que la droite. J'ai appliqué la tactique des politiques pendant la campagne. Promettre et ne jamais tenir. J'ai tellement promis !", lance-t-il. "Quand Sylvie Andrieux passait, on l'accompagnait avec des jeunes dans les quartiers. Mais je n'ai pas collé d'affiches pour Andrieux personnellement, j'ai parfois demandé à d'autres de le faire. Une fois je suis allé à sa permanence pour lui parler de mon dossier. Elle m'a confirmé qu'il y avait une enquête auprès des services financiers de la région et qu'il était bloqué, qu'elle ne pouvait rien faire."

Lorsque l'avocat de la région interpelle à nouveau Benyoub Same, il lui demande: "Balalas était-il le cerveau de l'affaire d'après vous ?" "Oui, moi je compte pour dégun dans le quartier", assure le prévenu. "On m'a demandé de faire la campagne de Vauzelle". "Vauzelle ? Voilà un nouvel élément" s'amuse Me Gilles Gauer. "Donc, si je résume, M. Balalas était à la fois, le cerveau, le pigeon et la dinde de l'histoire". Un costume bien large pour un absent.

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Commentaires

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  1. Pascalou Pascalou

    La facilité de tirer sur les ambulances…

    C’est vraiment un beau métier avocat… les associés du diable…

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  2. muiron muiron

    Une nouvelle honte ! Les voyous se sont donnés le mot pour charger Balalas qui ne peut se défendre et épargner Andrieux en échange de quel nouveau “deal” ? Sordide manipulation dans ce milieu glauque. Mais les juges ne sont pas dupes

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  3. Marius Marius

    Ces revirements massifs des témoins, ça a un air de procès mafieux. Vraiment pas crédibles du tout.

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  4. Anonyme Anonyme

    La seule question que doivent se poser les juges : les petites crapules ont peur ou prennent-elles de la monnaie ?

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  5. M34 M34

    demain greve au Conseil Régional par solidarité pour un Technicien !!!
    il n’en faudrait pas plus dans certaines structures pour en déclancher une

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  6. saint cannadair saint cannadair

    Bon manifestement, le cerveau c’est plus Ballalas…(je vous autorise à me modérer…c’est moche.)

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  7. Pascalou Pascalou

    quand tu vas sur le blog du mari de la dinde, tu regardes les photos et tu comprends où elles sont parties les subventions…

    quant à lui, il a fait couler son entreprise comme il est en train d’enfoncer sa femme à travers une défense alternative aux avocats qui risque de froisser encore plus les juges… Mauvaise stratégie…

    La présomption d’innocence est un principe qui a pour corollaire que le procès se fait uniquement dans un tribunal et non pas sur le net…

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  8. Anonyme Anonyme

    A Muiron,ne t’inqiète pas, pour l’instant on est au theâtre, au cirque.
    Ne compte que ce qui est écrit, et signé.

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  9. jb jb

    mille colombes pour andrieux

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  10. Ricou 24. Ricou 24.

    Je ne connais rien de ce dossier,mais encore une fois,laissez les gens parler,écoutez,et faites vous VOTRE opinion,mais pas çelle du journaliste.
    Tous ces témoignages vous interpellent,car il y a eu des dépositions partiellement contraires faites en gardes à vues.
    En garde à vue ,avec un peu de talent,de patience,en posant une question ou la réponse ne peut être cas charge vous pouvez ressortir avec un PV qui accuse qui on veut.
    Et en plus on ne fait jamais le tri de la petite phase,des raisonnements parcellaires que vos co accusés ou témoins ont pu distiller pour vous soustraire tout ou partie car il briserait le travail de l accusation et son magistrat ( qui devrait être celui de l instruction).
    Ces témoignages,à visages découverts,devant un tribunal devraient avoir un peu plus de valeur,tampi pour les détracteurs et l accusation qui ont bénéficié de biens d autres avantages ( sans contradiction possible,ayant la plume et la chambre de l instruction avec eux,à leur solde)pendant l instruction et qui doivent accepter une remise en cause.
    Surtout quand la preuve qui implique certains accusés n est que le mot.
    Le parquet ne peut pas toujours philosopher et s allonger dans les bras de l instructeur en attendant que cela se passe ,il doit travailler à convaincre,à prouver et terrasser la défense.
    Seulement pourquoi s y évertuer, car je pense pour ma part que le jugement et déjà prêt,peut être taper au brouillon ou en relecture par la voix hiérarchique.
    C est dommage pour notre justice et notre démocratie.

    Ricou 24.

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  11. Anonyme Anonyme

    Etant proche des ” frères ” Ricou24, vous ne devez pas être sans savoir comment se passe les campagnes. Dans les quartiers, on s’accorde les services des caïds, des gros bras,non sans contrepartie. Ces personnes là se fichent de savoir de quels bords est le candidat pourvu qu’il y ait un intérêt. Sylvie Andrieux ne pouvait ignorer ces pratiques. Tous les politiques le font.
    Si comme vous dites, le jugement est déja prêt, je souhaite qu’il soit exemplaire, et que l’ensemble des prévenus soient condamnés à hauteur de leur délit, mais surtout, que ces 750 000€ soient récupérés par le biais d’amendes et saisies, quitte à mettre sur la paille les coupables, car il s’agit bien là de l’argent du contribuable, le votre, le mien, le notre.

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  12. M34 M34

    Les personnes concernées par ce dossier comparaissent “libres” sauf erreur de ma part

    et un site internet (bien fait) bien très orienté peut certainement influer sur certaines déclarations !!!

    Curieusement aussi ce site organisé par le mari de l’une des personne, intervenant à titre personnel pour défendre son épouse donne une adresse postale pour le mois curieuse : une permanence politique qui semble être celle de la dite épouse !!

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  13. pmo pmo

    Scénario haut en couleurs,ne manque que Michel AUDIARD pour peaufiner les répliques….Surréaliste !!!

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  14. Cani Cani

    est il normal qu’un site internet élaboré par le Mari puisse ainsi influencer des personnes concernées par cette affaire ?

    d’autant plus que l’adresse postale de ce Mari est celle d’une permanence politique !!!

    Cela n’influence t il pas les différents antagonistes ?

    Qu’en pense les spécialites en droit ?

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  15. Anonyme Anonyme

    Tous les témoins à charge qui balancent de bon coeur une n-ième même version ! Sylvie Capo Andrieux ?

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  16. Saint Just Saint Just

    il y a un excellent article dans le Marianne de cette semaine : ” Marseiile, ce que vos élus font de votre ARGENT”.
    Mais nous le savons depuis toujours, notre argent va dans leurs poches, de celles de leurs familles et de tous les margoulins et inutiles qui gravitent autour.

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  17. Simon L Simon L

    Andrieux encore un produit de l’histoire Defferriste de Marseille, son papa était dans la politique en ces temps bénis, elle a commencé sa ” carrière” employée chez Emile Loo et voilà le résultat, elle a pensé pouvoir utiliser les même méthodes qu’au bon vieux temps, quand Defferre (entre autres) arrosait les voyous pour tenir la ville … et oui!!

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  18. ALAIN PERSIA ALAIN PERSIA

    Intéressant d’entendre un prévenu dire qu’il avait participé à un couscous boulettes avec NORA REDMANIA PRESIOZI et….. le préfet SAQUARCINI et que l’objet de la réunion était de nuire par tous les poyens à S.ANDRIEUX .
    Il faudrait que Mme La Présidente du tribunal convoque les dites personnes ou que ces dernières apportent un démenti.
    On peut toujours rêver.

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  19. Prometheus Prometheus

    le Système mafieux d’ANDRIEUX est un système bien rodé. Un système hérité de son propre père Antoine lorsqu’il achetait les votes auprès de DEFERRE. Et je vous laisse le soin de deviner avec quel argent ils le faisaient. Mais avec ANDRIEUX fille nous atteignons l’apogée du synisme car le sort des habitants des cités aux mains des trafiquants ou des voyous elle s’en contrefout.

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  20. Cani Cani

    Et toujours le site du Mari qui influe sur les uns et les autres !!!!

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