Les manifs contre la loi travail passent par la case tribunal
Trois militants contre la loi travail avaient rendez-vous au tribunal ce lundi. Deux d'entre eux ont été condamnés à de la prison ferme pour avoir participé à la manifestation "sauvage" du 28 avril et d'y avoir notamment lancé des pierres sur la police. Le troisième sera jugé en juin. La défense estime que ces premières peines sont "disproportionnées".
Photo d'illustration lors de la manifestation du 31 mars.
Il dit être venu pour accompagner son fils, lycéen, à la manifestation du 28 avril. Les policiers y ont vu “un meneur” lorsque manifestants et policiers se sont affrontés après la fin officielle du cortège intersyndical place Castellane, entraînant 57 interpellations. Des images des caméras de vidéosurveillance le montrent lançant des pierres et des bouteilles de peinture. Lui “n’arrive pas à [s]’expliquer son comportement”. Il a passé deux jours en garde à vue et deux de plus aux Baumettes.
Jean-François A. a le regard hagard quand les policiers l’amènent face à la juge du tribunal de grande instance ce lundi. Une première pour lui qui n’a pas de casier judiciaire. Il sait que sa demande de renvoi du procès sera acceptée – c’est un droit – mais craint de devoir rester en prison dans l’attente de son procès, comme le réclame le procureur. À 46 ans, ce père de famille aux cheveux gris, technicien du son, n’a pas le profil supposé du casseur tant décrit.
“Un renvoi pour une justice sereine”
Son visage blême et son corps raidi ne s’animera que lorsque la juge, poussée en ce sens par son avocate, lui accordera de retrouver la liberté sous contrôle judiciaire moyennant un passage hebdomadaire à l’Évêché. Il attendra le mois de juin pour être jugé. “À ce soir”, peut-il glisser à ses proches en sortant de la salle d’audience. “Il faut un renvoi pour que la justice soit rendue de façon sereine”, a plaidé son avocate Me Carru en montrant l’assistance fournie, les manifestants aux portes du tribunal et les journalistes venus nombreux suivre cet après-midi judiciaire.
Car Jean-François A. n’était pas le seul militant à se tenir droit face au tribunal ce lundi. Deux jeunes hommes, au même parcours judiciaire (garde à vue puis Baumettes) se sont succédés à la barre. Guère plus connus dans les salles d’audience, eux aussi se sont faits attraper lors de la manifestation sauvage de jeudi qui a mené quelques centaines de manifestants du boulevard Baille vers le pont ferroviaire de la rue Guibal où ils avaient décidé d’occuper les voies et de bloquer le trafic. Là encore, les cailloux qui bordent les rails ont donné des idées aux frondeurs. Le plus jeune des deux, Benhassen M. admet aisément avoir par deux fois lancé ces projectiles sur la police.
“Je me suis senti oppressé par le fait d’être gazé”, tente-t-il de se justifier. Le 28 avril, l’épaisse fumée des bombes lacrymogènes a couvert le boulevard Baille. L’union syndicale Solidaires qui s’était engagée dans ce cortège dissident a témoigné de “tirs tendus de grenades lacrymogènes contre les manifestants et le camion du syndicat”. Mais Benhassen A. a remis ça au moment où ils quittaient les voies de chemin de fer, rue Guibal. “Plus de deux heures après”, insiste la procureure Audrey Martin.
Des profils très variés
Il s’excuse auprès des trois policiers de la brigade anti-criminalité qui se sont constitués partie civile après qu’il se soit “débattu” lors de son arrestation. Lors de l’altercation, l’un d’eux a chuté au sol et s’est cassé le poignet sans que Benhassen A. puisse en être tenu responsable. Si dans le cadre de la procédure, on rappelle que cet ancien conseiller technico-commercial chez Kiloutou “refuse les allocations chômage car il ne veut pas recourir aux aides de l’État”, rien d’autre ne souligne un engagement politique.
Tout le contraire de l’autre prévenu, Martin C., 27 ans, dont l’assurance bravache transpire dans la salle d’audience après avoir agacé les policiers en garde à vue. La procureure note que l’étudiant en mathématiques à Luminy est “quelqu’un d’un peu plus cultivé que la plupart des délinquants” et qu’il en joue. Aux jets de pierre (qu’il conteste), au transport d’une grenade lacrymogène et à l’occupation des voies, s’ajoute son refus de se soumettre en garde à vue aux relevés ADN et autres prélèvements. Dans la manif, il distribuait des tracts et deux policiers assurent l’avoir identifié à plusieurs reprises comme prenant part active aux échauffourées. Lui “pense qu’ils [l]’ont confondu” avec d’autres manifestants.
En défense, les avocats craignent la volonté de “faire un exemple”. “Le pauvre, il va pas prendre sur ses épaules ce qu’a commis tout un groupe”, insiste Me Moussa en défense de Martin C.. “Mon client ne doit pas servir d’exemple à ce qui s’est passé dans cette manifestation”, martèle Me Jover pour Benhassen A.. En retour, la procureure justifie à chaque fois l’action du parquet comme de la police : “Vous avez raison de dire qu’on ne peut pas vraiment identifier ce que chacun fait en manifestation. C’est pour cela qu’il y a très peu de dossiers car les faits ici sont constitués.”
6 mois ferme ? “Disproportionné”, pour la défense
A l’arrivée, Benhassen A. et Martin C. ont respectivement écopé de 6 et 5 mois de prison ferme, des peines conformes aux réquisitions du procureur. “La sanction est disproportionnée, mon client n’a pas de casier”, a réagi d’emblée Me Jover. Un sentiment partagé par les militants rassemblés en soutien devant le tribunal. Ils y voient des décisions purement punitives, destinées à “réprimer” le mouvement.
Après les consignes de fermeté de Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, la pression policière s’est en tout cas manifestée ces jours-ci. Des barrages filtrants ont ainsi accueilli les manifestants du 1er mai ce dimanche. Sept personnes ont été interpellées sous divers motifs, semble-t-il légers. “On parle d’un militant de Sud éducation qui avait dans son sac deux cailloux ramassés sur la plage la veille, d’un autre qui avait son trophée de vainqueur d’un concours de boule, d’un troisième qui avait un cutter pour découper des affiches ou encore de musiciens d’une batucada à qui on a reproché de venir avec des genouillères !“, explique Anne Ohresser à Solidaires. Quatre d’entre eux devraient être à leur tour convoqués devant le tribunal correctionnel entre le 10 et le 20 juin.
Commentaires
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Le procureur qui demande la détention provisoire d’un père de famille inculpé pour des violences dans une manifestation, il prétend quoi ? Que le prévenu va s’enfuir au Venezuela pour échapper à son procès ? Qu’il va préparer des actes de sabotage en bande organisée ? N’est-ce pas plutôt qu’il se doute que les faits ne pourront pas être établis de façon sûre devant un tribunal, que le prévenu sera relaxé et qu’au moins un peu de détention provisoire aura calmé ses ardeurs manifestantes, à lui et à ses proches (si ce n’est toi c’est donc ton frère, car je sais que vous ne m’épargnez guère…).
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Un article sur lesjours.fr à propos des violence policières marseillaises le 31mars…….
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je n’avais pas remarqué que cet article était déjà mentionné par la rédaction, mille excuse pour le doublon.
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Il n’y a pas de mal ! 🙂 Pour les curieux notre Vu sur le web est ici https://marsactu.fr/bref/sale-gaucho-un-lyceen-manifestant-raconte-sa-nuit-en-garde-a-vue/
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Personne ne semble étonné qu’un adulte ne lance des pierres sur la police ?
Qu’elle seront les peines réellement faite ?
Pourquoi ne demande t’on pas de rembourser également les frais occasionnés ?
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