Loyer du Vélodrome pendant le Covid : l’OM et la Ville rejouent le match en justice

Actualité
le 24 Nov 2023
3

Depuis plusieurs années, le club conteste 7 millions d'euros payés pendant la crise sanitaire pour jouer dans un stade vide. Face au rejet préconisé par le rapporteur public lors de l'audience, son avocat a tenté de convaincre le tribunal de reconnaître le préjudice de l'entreprise, sans se laisser influencer par l'image de richesse du football professionnel.

Le Vélodrome demeure propriété de la Ville de Marseille. (Photo : Esther Griffe)
Le Vélodrome demeure propriété de la Ville de Marseille. (Photo : Esther Griffe)

Le Vélodrome demeure propriété de la Ville de Marseille. (Photo : Esther Griffe)

OM et Ville avaient tenté une médiation en 2022. C’est finalement le tribunal administratif de Marseille qui devra arbitrer leur différend financier. En cause, près de sept millions d’euros de loyers perçus par la Ville pour la mise à disposition du stade Vélodrome pendant les restrictions sanitaires liées à la pandémie de Covid-19. Très vite, l’OM a considéré que la Ville devait faire un effort pour compenser les conditions dégradées de cette période : cinq matches annulés à la fin de la saison 2019/2020, puis une compétition à huis clos en 2020/2021, à l’exception des trois premiers matches, auxquels seuls 2500 spectateurs ont pu assister.

Ce jeudi, lors de l’audience, l’avocat du club Olivier Grimaldi défend l’annulation totale des trimestres correspondants. “On ne demande pas une redevance s’il n’y a pas de spectateurs, c’est la logique même”, assène-t-il, poursuivant, joueur : “Je n’avais pas de public. En poussant un peu, j’aurais pu jouer à la Commanderie. Je n’avais pas besoin de tout le stade.” À l’en croire, “aucun autre club de Ligue 1 n’a payé la moindre redevance” ces années-là. Une exception marseillaise dont on peine à confirmer la véracité. Seul le cas bordelais, dans un contexte de déconfiture financière générale du club, a été médiatisé. Ailleurs, nous avons seulement pu repérer un rabais à Saint-Étienne tandis que le RC Lens obtenait un échéancier.

La Ville couverte par le contrat

L’actionnaire a dû mettre 67 millions d’euros !

L’avocat de l’OM

Une tentative pour Olivier Grimaldi d’emporter une partie qu’il sait difficile ? Quelques minutes avant, le rapporteur public a sèchement écarté son argumentaire “manquant de cohérence”. Ce magistrat, chargé d’éclairer le tribunal par son avis, recommande de rejeter les requêtes et de s’en tenir au contrat signé. Comme l’avait déjà souligné Marsactu, ce dernier protège en effet la Ville : les pénalités pour non-respect de son obligation de mise à disposition ne valent pas en cas de “force majeure (…) rendant impossible la mise à disposition pour la rencontre programmée”.

“Il y a peut-être eu des conditions économiques dégradées, mais pas de bouleversement économique, donc on applique le contrat”, reprend au vol Benjamin Bail, avocat de la commune, à qui l’équipement a coûté 10 millions d’euros en 2021. En face, c’est un autre ordre de grandeur que met en avant Olivier Grimaldi : 12 millions d’euros de manque à gagner de billetterie pour la saison amputée, 47 millions pour celle à huis clos. De quoi être hérissé lorsque le rapporteur public minore l’impact économique pour le club, dont la surface financière n’est pas menacée : “C’est toujours pareil quand c’est l’OM… Il n’y a que dans le foot que l’on peut avoir un dérèglement pareil de la vision de ce qu’est une entreprise. L’actionnaire a dû mettre 67 millions d’euros ! Donc quand j’entends dire “vous avez eu des aides publiques”…” À plusieurs reprises, il évoque une “entreprise”, “de celles qui doivent payer leurs salaires et leurs cotisations”. Sans nier qu’à l’été 2020 le club a signé Álvaro González pour “250 000 euros mensuels. Mais nous devions jouer la Ligue des champions !”

Gaudin avait proposé 900 000 euros de remise

Brandissant un papier à en-tête de la Ville, il souligne d’ailleurs que son bailleur avait dans un premier temps reconnu ces “conditions économiques dégradées” : le 23 juin 2020, cinq jours avant le second tour des municipales, l’équipe de Jean-Claude Gaudin décidait de ne pas décompter les 55 derniers jours de la saison amputée, soit 900 000 euros de remise. Une position infirmée le 30 juillet par la nouvelle majorité, qui a présenté une facture intégrale pour le dernier tiers de la saison.

Sorti des prétoires, l’OM n’en tient officiellement pas grief à la majorité Payan. Renégociée avec une légère hausse pour la saison 2022/2023, la convention doit être prochainement reconduite en conseil municipal. “Ces affaires appartiennent au passé, les relations aujourd’hui sont bonnes et fréquentes”, a répondu le club à La Marseillaise. Mais son avocat ne résiste pas à remettre un peu d’enjeu, en contre de l’argumentaire du rapporteur public : “Ce que vous me dites, c’est de faire un recours indemnitaire, de demander 120 millions d’euros à la Ville en réparation du préjudice subi. On avait choisi de ne pas le faire car ce n’est pas les relations qu’on veut avec elle.” Le tribunal administratif donnera le 14 décembre le résultat de cette première manche.

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Patafanari Patafanari

    Rendez leur les sept millions, qu’ils nous achètent une nouvelle chèvre.

    Signaler
  2. jacques jacques

    Commentaire désobligeant pour les chèvres, animal élégant (cf celles du Rove) qui rend de grands services en débrouss

    aillage et par dessus le marché nous gratifient d’excellents fromages.
    Les chèvres de l’OM se contentent de brouter l,argent des autres et de faire des trous dans la pelouse.

    Signaler
  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Le problème des chèvres, c’est qu’elles arrachent tout ce qu’elles peuvent manger et finissent par créer des dégâts sur leur habitat. Mieux vaut choisir des moutons, qui cisaillent délicatement l’herbe qu’ils broutent.

    Mais 11 moutons sur un terrain de foot, c’est trop : la dose recommandée pour entretenir une surface herbeuse est de 5 animaux par hectare – soit, sur un terrain de foot, entre 3 et 4 seulement.

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire