“Les halles Saint-Charles”, un milliard d’euros pour offrir un nouveau visage à la gare
Les partenaires publics de la Ligne nouvelle Provence Côte d'Azur ont dévoilé en préfecture les dessins d'architecture de la future gare Saint-Charles. Baptisée les "halles Saint-Charles", la nouvelle gare devrait s'ouvrir à "360 degrés" sur les quartiers qui la bordent.
"La rampe paysagère" et le toit de l'ancienne gare, vue depuis les halles. (Image : Arep & agence Roberta)
Y a plus qu’à. Le préfet Mirmand n’a pas prononcé les trois petites syllabes, mais c’est ce qui transpirait de son discours inaugural de présentation de la nouvelle gare Saint-Charles, redessinée par le truchement du projet de Ligne nouvelle Provence Côte d’Azur. Y a plus qu’à, donc. Plus qu’à creuser huit kilomètres de tunnel de Bassens, au Nord, à la Parette à l’Est, raboter le tunnel National de quarante mètres, glisser dessous une gare souterraine, fabriquer une nouvelle entrée de gare et un parvis en pente douce, côté rue Voltaire. Le tout d’ici à 2035…
“Une gare à 360 degrés“, comme s’en gargarisent les responsables politiques réunis autour du berceau : Renaud Muselier (Renaissance) pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Martine Vassal (divers droite) pour le département et la métropole, et Audrey Gatian (Printemps marseillais), l’adjointe aux mobilités, représentant le maire de Marseille. Les 360° en question sont loin d’être aussi complets qu’ils veulent bien le dire. Cette nouvelle gare à plusieurs niveaux permettra “d’accueillir 19 millions de voyageurs en 2035, une transformation majeure qui doit nous permettre de bâtir une infrastructure plus performante, plus fonctionnelle, plus accueillante“, affirme encore le préfet de région.
Une gare ouverte de tous les côtés
L’essentiel des transformations se concentre sur le parvis National-Voltaire, où s’ouvriront la nouvelle gare et ses “émergences“, “les halles Saint-Charles“, qui donnent leur nom au nouveau projet. Côté Belle de Mai, le parvis National-Honnorat et la nouvelle entrée de la gare souterraine, dans le prolongement de la rue de Crimée, sont à peine esquissés. “Ils font bien partie du projet, mais pas du périmètre du concours d’architecture“, précise encore Mélanie-Lan Dorémus, directrice de studio pour l’Arep, la filiale de la SNCF qui a remporté le concours, “à l’unanimité du jury“.
Mais, Audrey Gatian le martèle : “Le quartier de la gare Saint-Charles ignorait le reste de la ville. Notamment parce qu’un mur séparait la Belle de Mai et les 2e et 3e arrondissements. Désormais, c’est une gare ouverte à 360° que nous aurons.” “Au-delà de la gare, c’est un véritable projet urbain, qui consiste à ouvrir sur la ville des quartiers qui n’ont pas été frappés par la baguette magique de la bonne fée“, formule de son côté Martine Vassal.
Le conseil métropolitain doit, ce jeudi 5 décembre, voter le futur tracé du tramway de la Belle de Mai dont un des tronçons doit justement passer sous et sur la future gare Saint-Charles. En effet, le futur parvis et l’accès à la gare souterraine se feront au niveau du boulevard Voltaire, sur une emprise gagnée sur l’épaisseur du tunnel. En face, côté boulevard Camille-Flammarion, la métropole doit piloter un projet de zone d’aménagement concerté permettant de faire sortir de terre de nouveaux logements.
Le burger du tunnel National
“Le tunnel National fait partie des complexités du projet, reconnaît Mélanie-Lan Dorémus, la directrice de studio d’Arep. Nous allons devoir construire en dessous une nouvelle gare souterraine. La métropole doit y faire passer un tramway et, au-dessus, continueront à arriver les lignes des trains express régionaux, de l’Est et de l’Ouest de Marseille.” Le vieux tunnel National est donc pris comme un steak entre les deux épaisseurs de voies.
À l’autre bout de la ligne, le même tramway devra également passer sous un pont ferroviaire pour rejoindre Arenc. “C’est vrai qu’il y a de nombreux endroits où le chantier de la Ligne nouvelle croise des projets de tramway, explique Jacques Paulet, le directeur de l’agence Ligne nouvelle. Mais nous avons des calendriers assez voisins et nous saurons nous adapter les uns aux autres.”
Pour l’État en tout cas, la nouvelle gare Saint-Charles doit permettre de transformer le site en véritable pôle multimodal, relié aux deux lignes de métro, à de nouvelles pistes cyclables et à deux lignes de tramways destinées à réduire la fracture entre le Nord et le Sud. Le projet de Ligne nouvelle doit, par ailleurs, permettre de moderniser deux haltes ferroviaires à l’intérieur de la ville, celles d’Arenc et de Saint-André.
Les RER métropolitains en pointillé
Quant au projet de services express régionaux métropolitains, les fameux Serm ou RER métropolitains promis par le président de la République, “ils sont toujours d’actualité, promet Renaud Muselier. Mais, entretemps, il y a eu un changement de gouvernement et il faut en sanctuariser les moyens financiers“. Une pudique expression pour dire que le budget national qui peine tant à être adopté ces jours-ci pourrait sérieusement raboter ces ambitions.
Pour l’heure, le projet de Ligne nouvelle, cofinancé par l’État, les collectivités locales et l’Europe, résiste aux coups de rabot. La nouvelle gare et le tunnel qui doit permettre son raccordement représentent à eux seuls les deux tiers du coût du projet, évalué à 3,6 milliards d’euros. Les premiers travaux doivent démarrer en 2025 sur le secteur des Abeilles, pour la gare. Pour le tunnel, le chantier devrait débuter en 2026, du côté de la Parette, à l’Est, et, en 2027, au Nord, avec le déménagement et la démolition de la cité Bassens.
“Un chapelet d’espaces publics”
Entre les deux, la gare Saint-Charles va entamer une longue mue, en prolongement de l’actuelle gare. “Nous avons réfléchi un chapelet d’espaces publics et des grands jardins qui entourent une série de halles qui reprennent la forme de celle qui est au-dessus de la gare historique, détaille Chloé Sanson, de l’atelier Roberta, paysagiste du projet. C’est ce que nous avons appelé la promenade des panoramas et qui doit nous permettre de relier le balcon de la gare Saint-Charles et le sol de la ville, situé six mètres en contrebas.”
Les ombrières et ces halles, à la fois parallèles et perpendiculaires aux voies, offriront des îlots de fraîcheur et seront le support de panneaux photovoltaïques, pour adapter les lieux aux enjeux de la transition climatique. Les vues d’architecture montrent des images de la nouvelle gare entourée d’arbres et de buissons, comme si elle avait poussé au beau milieu du parc des Calanques. Loin, très loin de son environnement urbain actuel. Mais, après tout, 2035, c’est loin…
Commentaires
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“ouvrir sur la ville des quartiers qui n’ont pas été frappés par la baguette magique de la bonne fée”
Avec Vassal tout est magie
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Franchement elle est de plus de plus border…
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C’est bientôt Noël : après la Reine des Neiges, la bonne fée :p
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Et si on commençait par réparer la verrière qui fuit ?
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C’est prévu… en 2030 (en espérant que la charpente métallique tienne jusque là) : https://marsactu.fr/bisbilles-patrimoniales-sous-la-verriere-cassee-de-la-gare-saint-charles/
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La gare souterraine permettra aussi de créer des relations directes entre l’est et l’ouest de l’agglomération
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d’ici là la russie aura pulvérisé la gare d’un missile balistique, ça facilitera la rénovation
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