Des femmes journalistes de la Provence racontent leur “plafond de verre très bas”

Actualité
le 18 Jan 2018
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62 femmes journalistes sur 65 du journal La Provence signent un texte pour dénoncer le "plafond de verre" qui règne dans leur entreprise.

Des femmes journalistes de la Provence racontent leur “plafond de verre très bas”
Des femmes journalistes de la Provence racontent leur “plafond de verre très bas”

Des femmes journalistes de la Provence racontent leur “plafond de verre très bas”

“Time’s up !” C’est en reprenant le message de ralliement des actrices hollywoodiennes destinées à lutter contre le sexisme et le harcèlement dans le milieu du cinéma que les femmes journalistes de La Provence se rebellent. “Il n’y a aucune femme à un poste de direction, aucune femme à un poste de rédactrice en chef. Les plus  gros salaires du journal sont donc, à 100 %, masculins. […] Nous, les femmes, revendiquons notre droit à être enfin considérées à l’égal des hommes !”, explique un texte signé par un collectif qui regroupe, déclare ses initiatrices, 62 des 65 femmes journalistes du quotidien. Elles ont depuis été rejointes par certains hommes et des membres du personnel issus des autres services. Le syndicat SNJ s’est lui aussi associé à “cette démarche douloureusement nécessaire”, comme la qualifie Serge Mercier, élu du syndicat au comité d’entreprise.

Pour l’heure, la direction n’a pas réagi en interne à ce communiqué. La direction de la rédaction comme le président-directeur général Jean-Christophe Serfati ne nous ont pas davantage répondu à l’heure où nous publions cet article. Franz-Olivier Giesbert, mécontent d’un précédent article, n’a pas souhaité faire de commentaire dans l’immédiat.

L’initiative fait suite à celles des employées du Parisien puis de l’Obs qui ont tour à tour dénoncé la non-mixité ou la trop faible mixité des directions. À La Provence comme dans de trop nombreuses entreprises, outre le boss Bernard Tapie et le pédégé qu’il a installé, les postes hiérarchiques sont en effet trustés par des hommes. Michel Clau est numéro 2 et directeur des ressources humaines. La direction de la rédaction a été confiée à Jean-Michel Marcoul et Philippe Schmit. Après Olivier Mazerolle, Franz-Olivier Giesbert est arrivé en comme directeur éditorial.

“Les choses se sont dégradées”

Et la liste continue : “Tous les directeurs départementaux sont des hommes. Chez les chefs de service, il n’y a qu’une femme et encore, son service subit des attaques en ce moment. Sur la douzaine d’agence, seules deux femmes sont cheffes et encore, dans deux petites villes [Arles et La Ciotat, ndlr], constate une journaliste expérimentée de la rédaction. Pour elle, “les choses se sont même dégradées en quinze, vingt ans. Même à l’époque du Méridional et du Provençal [les deux journaux qui ont fusionné pour former La Provence, ndlr] il y avait davantage de femmes aux postes à responsabilité”.

Par peur de représailles dans un quotidien à faible tradition contestataire, les femmes journalistes qui ont accepté de nous raconter leur quotidien ne veulent pas apparaître publiquement. Arrivée il y a une vingtaine d’années au journal, cette rédactrice commente son évolution de carrière : “Petit à petit, j’ai vu tous mes collègues masculins me passer devant”. Une autre rédactrice complète le tableau : “Je suis arrivée au moment des 35 heures quand il y a eu pas mal d’embauches. À niveau d’ancienneté égale ou moindre, les hommes de mon service gagnent environ 3000 euros quand moi j’en gagne 2000. Au fur et à mesure, j’ai vu des correspondants locaux de presse devenir chef. Il y a un plafond de verre qui est très bas.” Une troisième complète : “J’ai 21 ans de boîte. La seule fois où ils m’ont proposé un poste d’adjointe d’agence, c’était parce qu’ils souhaitaient m’écarter du siège.”

Des promotions “opaques”

Toutes trois dénoncent un fonctionnement particulièrement “opaque” qui faciliterait cette inégalité de traitement. “Les journalistes du Parisien ont réagi quand elles ont vu un appel à candidature pour un poste de rédacteur en chef mais il n’y en a même pas chez nous. La dernière fois, ils sont allés faire une grande réunion et en sont revenus avec un nouvel organigramme. De la même manière, jusqu’à cette année, il n’y avait même pas d’augmentation à l’ancienneté, tout se faisait à la tête du client”, explique l’une d’entre elles.

Pour elles, c’est un climat plus général qui est en cause : “Il y a un machisme ambiant qui réside dans le mépris de la parole féminine ou la condescendance affichée dès qu’une femme ouvre la bouche”, témoigne une des journalistes déjà citées. Une autre complète : “On a l’impression qu’à leurs yeux, il n’y a pas de bonne attitude. Soit tu ne dis rien et tu es décorative, soit tu l’ouvres et tu es hystérique et chiante.” Une dernière conclut : “Cela fait des années que certaines avaient envie de faire ça. Est-ce que ça servira ? On n’en sait rien, mais au moins, ça nous fait du bien !”

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Commentaires

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  1. LaPlaine _ LaPlaine _

    Ah bon? La Provence n’est pas un journal avant-gardiste? surtout depuis l’arrivée de FOG, cet homme à la pensée profonde et à l’esprit lumineux…

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  2. Alceste. Alceste.

    Se priver potentiellement et volontairement de 50 % de compétence et d’intelligence dans une entreprise est le signe hors mis d’être rétrograde ,de non efficacité , de manque de vision et d’une politique en matière de ressources humaines ahurissante.50 % c’est donc pour mémoire, le pourcentage des femmes sur cette planète.
    Les entreprises qui réussissent font confiance aux femmes , sauf bien sûr dans ces contrées attardées du Sud où le machisme perdure. Nos amis anglo-saxons eux l’on bien compris dans leur culture managériale et heureusement les grands titres de la presse française l’ont bien intégré aussi, nombres de femmes sont de fameuses journalistes ou éditorialistes.
    Concernant la Provence à part le foot, le foot et le fait d’être l’organe de presse de la mairie ou bien la chronique hebdomadaire des maisons de retraite , ce qui d’ailleurs aujourd’hui est la même chose , on ne peut qualifier ce quotidien de grand titre, vu le niveau rédactionnel actuel.
    Visiblement et suivant les dires de ces femmes journalistes à Marseille , cette conception du management n’est pas encore arrivée dans nos contrées éloignées.
    Ceci expliquant sûrement cela.

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    • julijo julijo

      Tout à fait de votre avis sur l’analyse de ce grand journal quotidien qu’est la provence.
      Nous aurions pu espérer à la venue de ce grand esprit qu’est FOG, également grand amateur –au sens noble- de femmes, que la situation s’améliore….ben a priori non.
      Bon leur initiative est largement légitime et de bon aloi : continuons, continuez le combat.

      Je serais quand même pour évaluer à une juste mesure les capacités des journalistes en général, qui ont droit à tout mon respect, bossant dans cet organe de presse “nullicipal”

      Cependant que je lis, chaque jour leur/notre journal, je m’interroge. Ce matin encore, le compte rendu de la cérémonie annuelle des vœux ( !) de ravier dans mon quartier du 12e est assez significatif. 2000 personnes dans le gymnase du collège des caillols, ah…et elles sont rentrées comment ? les unes sur les autres, en biais ou en long…. Cet endroit est petit, mais je peux me tromper.
      Surtout, le corps de l’article est à la gloire de tout ce que va faire ce nouveau maire, remplaçant de la souriante et conviviale boyer, dans nos quartiers…ouiiii l’année ne devrait pas suffire, mais l’intention y est.
      J’appelle un peu ça « servir la soupe ». Alors pour moi que ce soit masculin ou féminin…franchement peu importe. C’est surtout usant.

      Mais comme Antoine de Meria, c’est sûrement parce que les responsables éditoriaux se privent de 50 % d’intelligence et de compétences possibles…. et je dis : chiche !!

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  3. LaPlaine _ LaPlaine _

    La notion de maison de retraite est d’ailleurs adaptée pour FOG qui a trouvé là une cantine au soleil sans même avoir à travailler sur une quelconque ligne éditoriale…

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Il y aurait donc une ligne éditoriale à travailler ? Elle est pourtant très claire : être du côté du manche, ne vexer personne, se focaliser sur l’OM, les cérémonies de voeux et les faits divers pour éviter les sujets de fond.

      Quant à FOG, mieux vaut qu’il n’imprime pas trop sa marque : on se souvient qu’il ne manquait pas une occasion, au Point, de chanter sans nuance les louanges de son ami Gaudin. Si La Provence veut conserver quelques lecteurs, elle n’a peut-être pas intérêt à indisposer ceux qui commencent à trouver un peu long le règne du jeune élu de 1965…

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    • LaPlaine _ LaPlaine _

      La ligne éditoriale se situant entre le fais divers “social” ou autoroutier…

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  4. Alceste. Alceste.

    La ligne éditoriale est devenue un pointillé éditorial.
    Ce matin : La Provence 37 pages.
    37 pages dont 2 de télé reste 35
    35 pages dont 1 page de jeux reste 34
    34 pages dont 2 pages de courses reste 32
    32 pages dont 4 pages de pub reste 28
    28 pages dont 5 pages d’immobilier reste 23
    23 pages dont 2 pages d’annonces légales reste 21
    21 pages dont 1 d’avis de décès reste 19
    19 pages dont 2 de cirages de pompes à la mairie reste 17
    17 pages dont 4 de sports reste 13
    13 pages dont une quatrième qui reprend les infos de l’intérieur reste 12
    12 pages dont 3 culture y compris les horaires de cinéma , et avec une mention spéciale pour la rubrique littéraire avec R.FREGNI qui est à mourir de rire. Les vivants au prix des morts est un bon livre , mais il ne faut quand même pas exagérer, reste 9 pages.
    9 pages couvrant le monde, la région et Marseille (je ne compte pas les 1/2 pages de pub à déduire encore et la Une aussi).
    Ca c’est du journalisme Frantz-Olivier ! Les vivants au prix des morts dit-il.

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  5. Tarama Tarama

    “Bas de plafond”, ça parle de FOG là non ?

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  6. petitvelo petitvelo

    Mesdames, prenez-en du gabian !

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