L'avortement impossible d'une Algérienne à l'hôpital de la Conception

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le 9 Avr 2014
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L'avortement impossible d'une Algérienne à l'hôpital de la Conception
L'avortement impossible d'une Algérienne à l'hôpital de la Conception

L'avortement impossible d'une Algérienne à l'hôpital de la Conception

En février dernier, une jeune femme algérienne enceinte de huit semaines arrive à l'hôpital de la Conception pour un avortement. Elle bénéficie d'une consultation, le médecin prescrit une échographie. Le protocole de soins est engagé mais l'hôpital refuse l'intervention si la patiente n'avance pas le montant de l'opération. C'est ce que dénonce un communiqué de presse co-signé par le Mouvement français pour le planning familial, Médecins du monde et le Comede (Comité médical pour les exilés). "Cette dame est arrivée en France en grande situation d'isolement et de précarité", explique Elise Vallois, juriste et salariée du Comede. Elle venait rejoindre son mari qui l'aurait "répudiée". Simplement munie d'un visa touristique, elle ne possédait aucune couverture médicale

"Elle est allée à son rendez-vous chez l'anesthésiste avec l'infirmière de l'accueil de jour qui l'a prise en charge, poursuit Elise Vallois. L'hôpital a exigé le paiement de l'intervention ainsi que celui de la facture de la consultation et de l'échographie qu'elle avait passées quelque jours plus tôt". Le personnel aurait menacé la jeune femme d'annuler le rendez-vous si elle ne payait pas immédiatement. "L'infirmière de l'accueil de jour lui a proposé de rentrer chez elle pour prendre son chéquier et avancer la somme de 586 euros que réclamait l'hôpital. Ils ont exigé qu'elle écrive une attestation assurant qu'elle s'engageait à régler la facture et ont gardé sa pièce d'identité", précise la juriste.

L'AP-HM dans son droit

L'Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) a vivement réagi par communiqué tout en refusant toute explication complémentaire. La direction s'indigne des "accusations portées démontrant une méconnaissance de la loi". Ainsi, elle explique que la patiente, détentrice d'un visa touristique, "n’était pas éligible à une prise en charge de ses frais de santé par l’État dans le cadre de l’aide médicale d’État, ni même une prise en charge dans le cadre du dispositif des soins urgents (ces dispositifs sont réservés aux étrangers en situation irrégulière) et il lui a donc été demandé de faire l’avance des frais, comme pour tout usager dans la même situation."

Peut-on alors considérer que la Conception s'est rendue coupable d'un "refus de soin" comme l'en accusent les associations ? Une fiche publiée par le ministère de la Santé sur son site semble valider l'analyse de l'AP-HM. Ce document précise qu'"aucun dispositif ne permet de couvrir les personnes en séjour temporaire en France ne disposant pas de couverture maladie auprès d’un organisme public ou privé étranger". Titulaire d'un visa touristique, mais n'ayant pas d'assurance maladie en Algérie, la patiente était dans ce cas. Elle s'est retrouvée en situation irrégulière vis-à-vis du système de santé français. Le ministère précise alors que "les personnes doivent avancer l’intégralité des frais pour leurs soins de santé ce qui implique un risque fort de créances irrecouvrées."

Triste ironie de l'histoire, la jeune femme aurait pu bénéficier d'une assistance particulière si elle était entrée illégalement en France. L'avortement étant considéré comme un soin urgent, la facture de l'intervention aurait été prise en charge par la Caisse primaire d'assurance maladie. 

"Mesures de bout de chandelles"

Reste qu'aux yeux d'Elise Vallois, il est inquiétant que "l'acte médical soit soumis à la facture avant de la pratiquer. Cette logique ultra financière prend le pas sur l'obligation d'accès au soins". Un avis partagé au sein de l'établissement par Gérard Avena du syndicat Sud santé : "Ils veulent être payés. On est dans un tel état de délabrement que plus rien ne m'étonne", lâche-t-il. "L'AP-HM a 1,5 milliard d'euros d'endettement, alors ils prennent toutes les mesures de bout de chandelles pour économiser".

Elise Vallois avance un autre cas, celui d'une Hongroise, pour souligner les dérives sanitaires et sociales possibles. Cette femme aurait également essuyé un refus d'interruption volontaire de grossesses de la part de l'AP-HM fin février. "Elle a disparu. On imagine qu'elle a trouvé un autre moyen et qu'elle a peut-être eu recours à un avortement clandestin". De son côté, l'AP-HM défend son "rôle majeur dans la prise en charge de la santé dans toutes ses dimensions, en particulier sociales".

 

>> Le communiqué des associations [retour au texte]

 

 

 

 

 

>> La réponse de l'AP-HM [retour au texte]

 

 

 

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Les impôts des français n’ont pas vocation à payer les soins médicaux de tous les étrangers qui mettent un pied en France !

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  2. lejaune lejaune

    Sympas les associations ! S’il est si cruel de refuser un soin à une personne étrangère sans couverture, pourquoi n’assurent-elles pas les 586 € de frais qui auraient permis de réaliser l’IVG de la pauvre dame ?

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  3. Anonyme Anonyme

    Difficile de porter un jugement équitable sur cette affaire. Sous le prétexte d’urgence à intervenir, les associations font fausse route. Nous sommes en grande difficultés financières et on parle de supprimer des hôpitaux et des baisses de soins. Difficile, alors, d’admettre que les étrangers viennent bénéficier d’une “gratuité” des soins alors qu’ils n’ont aucune couverture sociale. N’est-ce pas Chevènement qui déclarait que” la France ne peut accepter toute la misère du monde”.
    Que cette femme soit en précarité totale n’est pas malheureusement en sa faveur. La loi est la même pour tout le monde. Maintenant, il faudrait apprendre aux femmes qu’elles soient Françaises ou étrangères à utiliser les moyens de contraception. Et dans certains pays, c’est très difficile.

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  4. lejaune lejaune

    En passant, votre papier est un appât à fachos !

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  5. Anonyme Anonyme

    Pour avoir un visa d’entrée en FRANCE, il faut souscrire à une assurance obligatoire pour obtenir le visa ! Elle doit avoir une attestation. Sauf erreur de ma part, il faut appeler le service afin de recevoir une prise en charge ?

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  6. J.M J.M

    Honte à vous les anonymes et lejaune ! L”humain d’abord” dit le Front de Gauche.On ne doit pas renvoyer une femme en détresse qui se présente dans un hôpital public,difficultés financières ou pas!Vous foulez aux pieds le principe de générosité qui nous rend fier de notre pays!

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  7. J.M J.M

    Honte à vous les anonymes et lejaune ! L”humain d’abord” dit le Front de Gauche.On ne doit pas renvoyer une femme en détresse qui se présente dans un hôpital public,difficultés financières ou pas!Vous foulez aux pieds le principe de générosité qui nous rend fier de notre pays!

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  8. Sylvie Sylvie

    Cette article soulève une foule de questions : cette dame “en grande précarité” arrive d’Algérie. Qui a payé le billet (d’avion, de bateau). Elle est Algérienne. Il n’y a pas d’hôpitaux en Algérie? pas de couverture sociale? Elle est entrée en France pour avorter “avec un visa touristique”. Drôle de façon de faire du tourisme. Elle venait “rejoindre son mari” : où est passé le mari? il est en grande précarité lui aussi? L’avortement est “un acte d’urgence”, en France peut-être, en Algérie ça m’étonnerait beaucoup et là est très probablement la raison de ce voyage “touristique”.
    Et si on parlait aussi des millions d’euros que l’Algérie nous doit au titre des soins dispensés généreusement à ses nombreux ressortissants? Pour info :
    http://www.leparisien.fr/lyon-69000/dette-de-l-algerie-aux-hopitaux-francais-la-droite-populaire-demande-des-comptes-08-11-2012-2304229.php

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  9. Ro g Ro g

    D’un coté la Ap-HM n’a pas tort, situation régulière de la dame, donc en touruiste, aucune prise en charge sans assurance voyage, coté humain , ben l’avortement n’est pas considéré comme une urgence, à mon avis les assos, au lieu de critiquer, n’ont qu’a prendre cette dame en charge .

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  10. JL41 JL41

    Sans vouloir entrer dans la polémique, entre un cas hors normes et des pratiques qui amplifient une coûteuse dérive, je trouve que les argument de l’AP-HM sont fondés.
    Je lisais tout à l’heure un article cité à propos des secours promis à Gaudin par Sarkozy entre les deux tours des municipales de 2008, « Autre sujet sensible évoqué dans le courrier du Président : le déficit de l’Assistance publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM), qui avoisinerait aujourd’hui les 150 millions d’euros (100 millions en début d’année). » : http://rue89.nouvelobs.com/marseille/marseille-que-sont-devenues-les-promesses-de-sarkozy
    Tandis que je lis plus haut, une mandature plus tard : « Gérard Avena du syndicat Sud santé : “Ils veulent être payés. On est dans un tel état de délabrement que plus rien ne m’étonne”, lâche-t-il. “L’AP-HM a 1,5 milliard d’euros d’endettement, alors ils prennent toutes les mesures de bout de chandelles pour économiser”. »
    Peut-être y aurait-il une solution à imaginer dans notre déclaration d’impôts, sans doute plus efficace que d’exprimer son indignation, une rubrique où selon nos sensibilités, nous pourrions faire un don dédié, évidemment exonéré d’impôts, pour apporter un « plus » de ressources au budget de la nation : santé (cancer des enfants ou soins de fin de vie par exemple), intermittents du spectacle …

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  11. Matthias Matthias

    J’ai été malade et hospitalisé quelques temps et n’ayant pas les moyens de m’offrir une mutuelle, je dois acquitter la “douloureuse” qui va peser lourd sur ma petite retraite. Serait-il possible d’avoir les coordonnées des associations qui œuvrent généreusement pour aider les gens qui rencontrent des difficultés de fin de mois? Merci d’avance.
    PS : je suis Français et j’ai travaillé 42 ans de ma vie, j’espère que ce n’est pas un handicap?

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