La métropole autorise les élus du Printemps marseillais à mettre leur nez dans les bordilles

Info Marsactu
le 12 Avr 2024
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Martine Vassal a donné son feu vert à la création d'une mission d'information sur la collecte des déchets. Une demande partie du groupe des élus du Printemps marseillais qui souhaitent y voir plus clair, alors que le ramassage des ordures ménagères fait l'objet d'une réforme en profondeur.

Une rue du 13e arrondissement, concernée par la réforme de la collecte des ordures ménagères. Photo : B.G.
Une rue du 13e arrondissement, concernée par la réforme de la collecte des ordures ménagères. Photo : B.G.

Une rue du 13e arrondissement, concernée par la réforme de la collecte des ordures ménagères. Photo : B.G.

C’est une première : Martine Vassal (divers-droite) a accepté le principe de constitution d’une mission d’information et d’évaluation sur la collecte des déchets dans la métropole Aix Marseille Provence qu’elle préside. La demande lui est parvenue par courrier, le 4 avril dernier, signée par Sophie Camard, la présidente du groupe une métropole du bien commun, qui rassemble les élus du Printemps marseillais. “Cette demande (…) vise à mettre en lumière les défis actuels auxquels notre système de gestion des déchets est confronté”, écrit l’élue marseillaise. Elle fait ensuite la longue liste de ces défis, de l’organisation de la collecte, aux conditions de travail des agents, en passant par les “ambitions écologiques” de la métropole.

“Depuis le changement de rythme de la collecte dans les arrondissements périphériques, on voit bien que la situation ne satisfait personne, ni les agents de la métropole, ni les habitants, ni les élus des secteurs concernés, explique Sophie Camard, depuis son bureau du Pharo. Avec cette mission d’information et d’évaluation, on cherche à dépasser les chicayas entre institutions, pour comprendre ce qui ne marche pas.” La demande repose sur un article du règlement intérieur de la métropole qui prévoit qu’un sixième des élus métropolitains peuvent demander la création d’une mission d’information sur un sujet qui concerne les compétences de l’institution.

Mission commune

Celle-ci doit être examinée en conférence des présidents, ce lundi 15 avril, afin de mettre au point les modalités. “Le principe est que chaque groupe politique puisse y être représenté, poursuit Sophie Camard. Il y aura donc sept membres de droit. Les autres sont répartis en fonction du poids politique de chaque groupe.” La volonté de l’élue marseillaise est d’élargir le débat à l’ensemble des communes, puisque nombre d’entre elles ont vu leur rythme de collecte modifié ces derniers mois.

Tout en approuvant le principe de la mission, Martine Vassal rappelle que les élus marseillais de gauche ont voté pour la réforme de la collecte.

Dans la réponse de Martine Vassal que Marsactu a pu consulter, cette dernière remercie l’élue pour “son intérêt pour ce sujet majeur de notre territoire”, en rappelant aussitôt que le vote du nouveau “règlement de collecte a été approuvé à l’unanimité en juin 2023.” Une manière de renvoyer les élus marseillais à leur propre responsabilité dans l’hémicycle.

La demande était signée par la quasi-intégralité de ces derniers, à l’exception du maire de Marseille, Benoît Payan. “Nous avons pensé qu’il était plus opportun qu’il se tienne en retrait de la démarche”, concède Sophie Camard. Deux autres élus n’ont pas joint leur signature : Mathilde Chaboche et Sébastien Barles. “Mais les autres élus du groupe écologistes et pluriels s’y sont associés”, plaide l’autrice du courrier.

Joint par Marsactu, l’élu EELV justifie son refus : “Je considère qu’à partir du moment où on a accepté la délégation d’une responsabilité, sans en assumer la compétence, on se met en porte-à-faux.” Sébastien Barles fait référence à la situation particulière de Christine Juste, elle aussi EELV, nommée conseillère métropolitaine déléguée à la propreté à Marseille en janvier 2023.

Une conséquence des passes d’armes autour de la loi 3 DS, qui prévoyait le retour de certaines compétences de proximité vers les communes. Le maire de Marseille n’avait pas souhaité reprendre ces compétences, mais avait accepté, en revanche, que deux élues de sa majorité, Christine Juste et Perrine Prigent, soient associées au suivi de la voirie et de la propreté sur sa commune.

Christine Juste, dedans dehors

Cela n’a pas manqué : dans sa réponse, Martine Vassal annonce qu’elle transmet “sans délai” le courrier à Christine Juste “afin qu’elle propose le cadre et les conditions du déroulement des travaux de la mission, mais aussi son programme de travail.” La présidente fait ainsi mine de ne pas voir que Christine Juste fait partie des signataires et l’institue en co-gestionnaire de la compétence.

“La démarche part de Sophie Camard mais j’ai décidé de m’y associer, explique pour sa part Christine Juste. Contrairement à ma collègue Perrine Prigent qui a réussi à obtenir des budgets ventilés par mairies de secteur, j’ai le plus grand mal à avoir des données spécifiques à Marseille. Or, tout est lié : y voir plus clair dans la gestion des déchets permet aussi de faire le point sur les questions de la propreté.”

 Tout déchet abandonné à plus de trois mètres d’un container cesse d’être une ordure ménagère pour devenir un déchet sauvage. Il faut pourtant que quelqu’un le ramasse. Mais qui ?

Christine Juste (EELV)

Un point de vue partagé par celle qui est aussi maire des 1er et 7ᵉ arrondissements, Sophie Camard. “À chaque fois que je suis saisie sur des questions de propreté par des habitants excédés, je m’aperçois qu’il s’agit en fait de questions de déchets, raconte-t-elle. Notamment parce que tout déchet abandonné à plus de trois mètres d’un container cesse d’être une ordure ménagère pour devenir un déchet sauvage, qui relève alors de la police du maire. Il faut pourtant que quelqu’un le ramasse. Mais qui ?”

Tout passer en revue et “sortir des difficultés actuelles”

Encombrants, déchets professionnels, bio-déchets, tri sélectif… Avec cette mission d’information, les élus marseillais souhaitent pouvoir tout passer en revue, chiffres en main, et vérifier sur le terrain ce qui fonctionne ou dysfonctionne. “On espère déboucher sur un plan d’action partagé qui nous permette de sortir des difficultés actuelles”, formule Sophie Camard.

Le vice-président de la métropole et maire de Châteauneuf-Lès-Martigues, Roland Mouren (divers-droite), se félicite de la démarche : “Cela va permettre de voir où sont les problèmes et d’adapter notre action. Cela permettra aussi de tirer un enseignement des mairies où la collecte a déjà été réformée comme à Salon ou à Istres.” Rendez-vous la semaine prochaine, au cours de la conférence des présidents de groupes, pour connaître les modalités précises de cette enquête commune.

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    En fait si j’ai tout compris , tout le monde a voté cette réforme y compris le PM . Cette dernière est un bordel sans nom.Et maintenant nos zélus vont constater sur le terrain si à trois mètres près une bordille sera ou non un déchet.
    FO va sûrement demander l’embauche de métreurs de bordilles pour declencher les moyens idoines à l’évacuation de la bordille ou du déchet,évaluation qui va se jouer au centimètre. près.
    Faut arrêter les cachets à la Métropole.

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  2. Syol Syol

    Moi “j’adore” le commentaire de M. Mouren (qui est quand même vice-président de la Métropole délégué à la Propreté, à la Prévention et valorisation des déchets) : “Cela va permettre de voir où sont les problèmes et d’adapter notre action.”
    Mais à quoi passe-t-il donc son temps ? Il est responsable de ce sujet et ne saurait donc pas ce qui se passe dans son domaine de responsabilité et aurait besoin d’une mission d’information spéciale pour être informé ?
    A quoi sert-il ?
    Est-il payé pour ce poste de Vice-président ?

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      J’ai vu une ou deux vidéos où M. Mouren tentait de s’exprimer sur son domaine théorique de compétence. Une recommandation : mieux vaudrait l’enregistrer le matin tôt plutôt qu’après le repas de midi, l’esprit et les propos seraient peut-être moins embrumés.

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    • julijo julijo

      oui, on se demande pourquoi il se félicite de son incompétence notoire à ne pas connaître les “problèmes ” !!!!

      et j’ai eu moi aussi l’occasion de voir mr mouren…..il semble que l’apéro commence tôt, effectivement !! il peut peut être carburer à la grenadine, mais il reste quand même pas très clair ni cohérent !

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  3. Marc13016 Marc13016

    Moi j’adore voir des élu-e-s de la métropole et de la Mairie de Marseille collaborer sur un sujet précis pour arriver à des solutions précises (Inch Allah).
    Tiens je voterai même pour la liste Vassal/Camard aux prochaines élections … Ou Camard/Vassal, on fixera ces détails ultérieurement !

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  4. chouze chouze

    Soyons terre a terre Chaque équipage est censé avoir un balai pour ramasser les détritus tombes du containeur ,durant le transfert vers le camion. Cette question un employé a repondu:un balai ,pourquoi faire?le role du fameux ripailleur quoi.

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    • MarsKaa MarsKaa

      Lorsque le ramassage est automatisé comme c’est le cas sur plusieurs rues du centre-ville, il n’y a qu’un chauffeur de camion, dont le rôle n’est pas d’en descendre. Il positionne le camion, actionne un bras articulé qui récupère le conteneur, le vide dans le camion et le repose. Et hop ! Au suivant. Il n’est pas prévu de ramasser ce qui n’est pas dans le conteneur…
      Dans ma rue c’est pour l’instant encore un ramassage à l’ancienne, ils sont 2 à l’arrière du camion, et ramassent TOUT ce qui traine (nos conteneurs débordent systématiquement).

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  5. Fabienne Fabienne

    On a l’impression qu’il a aucun cadre de MPM sort du bureau pour voir ce qui se passe sur place. Quand il manque de containers il faudrait en rajouter. Quand les equipes passent tous les jours a “nettoyer” des endroits ou il y a rien a nettoyer, on peut les deployer ailleurs. Et l’education des particulier??? Les panneux JC Devaux font de la pub pour les bieres 8-6 autour de Reformes (et ca marche bien), au lieu d’une info sur comment recycler et composter.

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  6. Richard Mouren Richard Mouren

    Nous retrouvons, dans la réflexion de Mr Mouren, la problématique originelle de cette métropole: dirigée par une majorité de représentants de 91 municipalités de moyenne ou petite importance (voire microscopique: St Antonin 125 habitants), elle gère (entre autres) les problèmes de transport et de gestion des déchets d’une ville qui représente la moitié des habitants métropolitains. Je ne vois pas comment on peut extrapoler les résultats de Salon et de Istres (moins de 50.000 ha chacune) à Marseille (900.000 ha).

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