Hausse de l'amende pour stationnement : un impact à Marseille ?
Hausse de l'amende pour stationnement : un impact à Marseille ?
Dans la pratique politique, le sujet fait partie des plus sensibles : parler des PV, ce serait immédiatement se mettre à dos peut-être pas 40 millions d’automobilistes (nom d’une association qui s’en veut la « porte-parole ») mais une bonne frange de l’électorat, que l’on imagine avec une bagnole garée en double file greffée dans le cerveau. « Comment ne pas imaginer le titre à la une du Parisien : « Les amendes augmentent de 100 % » ? Le responsable ne sera pas identifié individuellement : ce seront les politiques, collectivement, et particulièrement la majorité et le Gouvernement », a ainsi alerté le député UMP du Val d’Oise alors que la commission des Finances adoptait la hausse de 11 à 20 euros de la contredanse simple (la première des quatre classes, en gros si vous vous garez sans payer ou en partie sur un passage piéton). Un montant finalement ramenée à 17 euros par le gouvernement.
Et sans surprise, la mesure, qui entre en vigueur ce lundi, donne lieu, outre une petite campagne de comm’ des producteurs de prune, à un concert d’exclamations. On passera rapidement sur Marine Le Pen, qui a bien entendu profité de l’aubaine pour dénoncer « l’acharnement du gouvernement contre les automobilistes, vaches à lait d’un pouvoir qui préfère matraquer les Français qui utilisent leur voiture plutôt que d’attaquer les vrais voyous ».
Rattrapage brutal
On s’attardera davantage sur La Provence, qui après un appel de Une sur « 54% d’augmentation » nous gratifie d’une page 2 un brin orientée, avec photo d’une « Marseillaise » la main gauche pleine du papier maudit et la droite levée, le poing serré, comme prêt à s’abattre sur l’objet de la fureur : un parcmètre. Le tout agrémenté d’une manchette sur la « double peine » des horodateurs (expression dont on cherche encore l’application à ce cas), d’un encadré sur l’illégalité des PV (l’un des combats de 40 millions d’automobilistes), d’un petit tour par le paradis (Miramas, où « les PV n’existent pas ») et d’une tribune ouverte à l’auteur de « C’est l’automobiliste qu’on assassine », qui comme la Marine estime que « ce sont bien [les automobilistes], immuables vaches à lait » qui sont visés, tout ça pour renflouer « des collectivités surendettées par un train de vie souvent somptuaire ».
Et si on s’y attarde, c’est surtout parce que l’article principal de Fred Guilledoux est suffisamment complet et documenté pour que le sujet soit traité différemment. Premier chiffre, qui a de quoi relativiser la hausse : même si la présidente du FN la trouve « indécent[e] en pleine crise du pouvoir d’achat », le prix de la prune pouvait jusqu’à présent concourir au titre de « produit dont le prix a baissé en 25 ans », puisqu’elle coûtait… 75 francs (soit 11,43 euros en 1986) avant de diminuer à 11 euros au passage à la monnaie unique et de se maintenir depuis. Certains auraient peut-être préféré « pouvoir » faire dans les mêmes conditions d’autres « achats » ce qui reste le fruit d’une contravention… D’autant plus qu’au final, les 54% d’augmentation brutale ne font que ramener la hausse moyenne à 1,74% par an, soit toujours moins que l’inflation sur cette période (1,8%).
Frais non compensés
Car, et c’est là un autre chiffre publié par La Provence, qui l’a déniché dans un rapport de la Cour des comptes (où l’on lit également qu’entre 30 et 35% des amendes ne sont finalement pas réglées) : le PV que le contrevenant payait jusqu’à présent 11 euros engendrait en fait un coût de 25 euros, dans le cas pour un traitement manuel, et 15 pour un traitement automatisé, utilisé pour les radars et en voie de développement pour le reste. Autrement dit, sans compter le coût social et environnemental, la prune (du moins pour la variété de base à 11 euros) n’était jusqu’à présent même pas payée à son prix de revient.
Par ricochet, l’affirmation qui ouvre l’article du quotidien s’en trouve relativisée : « en 2010, le mauvais stationnement a coûté près de 600 millions d’euros aux automobilistes ». Rappelons tout d’abord qu’il s’agit non pas des automobilistes en général mais des automobilistes contrevenants, même s’il est plus fréquent – et moins blâmable – d’avoir dans sa vie zappé l’horodateur que fraudé le fisc ou dealé de la coke. Mais surtout que cela a coûté bien plus à l’Etat et aux collectivités, comme Marseille, qui entretiennent une police municipale chargée de dresser des PV.
Quel impact à Marseille ?
De quoi regarder d’un autre œil le partage du magot (47% pour l’Etat et 53% pour les collectivités). Surtout quand on sait, comme l’explique le quotidien de l’avenue Salengro qu’il va exclusivement au « financement des opérations d’amélioration des transports et de la circulation routière ». En l’occurrence à Marseille et aux alentours c’est la communauté urbaine qui en bénéficie, à hauteur de 3,8 millions d’euros en 2010 (un chiffre qui comprend toutes les amendes à 11, 35, 68 comme à 135 euros). En extrapolant les prévisions au niveau national de ce que devrait rapporter la mesure, Marseille Provence Métropole devrait donc toucher 190 000 euros par an de plus.
D’où cette question que les congés généraux aussi bien à la mairie qu’à Marseille Provence Métropole (MPM) ne nous ont pas permis de développer avec les intéressées : quel impact à Marseille et ses 14 000 places payantes ? Et n’y a-t-il pas, avec un gain potentiel plus important et qui irait à une meilleure offre alternative de transports – nécessaire à l’efficacité d’une sévérité accrue – matière à renforcer la lutte contre le « mauvais stationnement » ? Même si le système n’est pas des plus incitatifs puisqu’un effort (forcément impactant sur le budget) de la Ville sur la verbalisation profiterait aux caisses MPM…
Alors que l’anarchie du stationnement (même si les doubles files ne sont pas concernées par la hausse) et les bouchons chroniques sont régulièrement pointés comme des fléaux qui touchent la ville, une petite amélioration serait peut-être à prendre plus qu’à dénoncer. Rappelons que l’un des buts du stationnement payant est, outre un report vers les transports en commun, une rotation plus grande des places, ce qui permet
de soulager le trafic des voitures qui tournent pour se garer, évaluées à 8,8% du total dans l’hyper-centre de Lyon)…
Commentaires
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Comment préfecture et mairie de Marseille expliquent elles la baisse de 26% des recettes des amendes de police perçues par MPM entre l’année 2009 et 2010, que signale La Provence? L’incivisme automobilistique marseillais aurait il diminué dans les mêmes proportions? Ou y aurait il d’autres explications?
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L’augmentation des PV devrait dès l’année prochaine être systématique et indexée sur le coût de la vie.Ce rattrapage s’imposait dans la mesure oû les agents chargés de coller des prunes voient et c’est légitime leurs salaires croître chaque année.
Mais il convient de réformer le taux de redistribution de l’argent récolté car c’est l’Etat qui empoche le jackpot et non les communes ou communautés urbains qui n’ent reçoivent qu’une partie mineure.
Vive la réforme!
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Une très belle exégèse qui rend lumineux l’article de la rue Salengro. Vous mériteriez, bien que ça n’existe pas à Marseille, une pervenche d’honneur.
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Je n’ai pas l’impression que cette hausse aura une repercution sur les mauvais automobilistes. Il faudrait surtout augmenter les amendes en double file, et surtout il faudrait que la police tourne un peu plus.
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Article intéressant car un point de vue original que l’on a pas l’habitude d’entendre … Ceci dit, je me pose des questions quand même …
Quand on habite un quartier de Marseille ou tout les places sont payantes et qu’on utilise sa voiture une ou deux fois par mois (pour les courses et sortir le weekend), le reste du temps on utilise nos jambes, en quoi le stationnement payant favorise l’usage des transports en commun ? Est ce normal dans ce cas d’avoir à payer 20 € de stationnement par mois + un abonnement RTM ?
Malgré les apparences, je ne parle pas de moi qui n’est pas de voiture. Mais je connais des gens dans ce cas qui se sont résignés à prendre leur voiture tous les jours car ils économisent clairement : pas de stationnement à payer la journée + pas d’abonnement RTM … Donc là, la question est à poser.
Après, quelques questions :
– est ce normal que quelqu’un qui n’est pas pris de ticket ait la même amende qu’un mec qui est garé sur un passage piéton ?
– pourquoi n’y a t il pas d’amende la nuit ? (c’est hyper dangereux à certains endroits, les camions garés sur les passages piétons qui empêchent les piétons de voir la route, et les automobilistes de voir si quelqu’un traverse …)
– pourquoi n’y a t’il pas plus d’enlèvements de voiture ?
Pour moi, que l’amende augmente, je m’en fous un peu. Mais je trouve toujours aussi con qu’il n’y ait pas une échelle plus importante entre les amendes : quelqu’un qui empêche une personne en fauteuil ou une maman avec une poussette de passer sur un trottoir et quelqu’un qui n’a pas payé ses 1 € de stationnement sur une vraie place ne devrait pas avoir la même amende !
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Désolé pour les vilaines fautes … Je vais me coucher !
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une amende pour défaut d’horodateur coute 11 euros, mais 35 sur un passage piéton
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Bonjour
J’ai lu votre article sur le stationnement anarchique
La réalité est que les élus sont complétement déconnectés de la vie de leur concitoyens.
J’ai fais depuis presque 18 mois des demandes itératives pour que la mairie des 15/16 autorise une simple installation de poteau ( UNE SIMPLE INSTALLATION DE POTEAUX ) ,pour me permettre de rentrer et/ou de sortir de chez moi , et empêcher les voitures qui se garent juste devant ma porte et vraiment tout contre elle, ou devant ma porte de garage.
J’ai écrit par mail de partout, à Samia Ghalli, à l’adjoint chargé des espaces public dans le15/16, au cabinet de Gaudin.
J’ai envoyé je ne sais plus combien de photos de véhicules mal garés. Je peux vous envoyer les planches que j’ai fait a leur attention.et les mails aussi.
J’ai proposé d’autoriser une simple installation de poteaux, et expliquant que je suis prêt a payer leur installation. A condition qu’ils me donnent une autorisation municipale pour mettre des poteaux.UNE SIMPLE AUTORISATION MUNICIPALE;
C’est simple. et Rentrer chez soi peut bien apparaître comme un droit bien naturel
Mais… Il s’en foutent …
L’adjoint au maire qui s’est déplacé en grande pompe m’a proposé d’appeler la police pour verbaliser, mais vu les habitudes il faudrait laisser un car en permanence devant ou à proximité de ma porte
La réalité du stationnement anarchique a Marseille pour les élus, c’est celà : verbaliser, faire fonctionner le tiroir caisse, mais manifestement surtout pas prendre les mesures minimales de prévention qui en plus ne couteraient rien à la mairie puisque je suis a prêt a payer
A se demander vraiment ce que foutent nos élus …
En attendant,les enfants doivent courir sur la route, les handicapés ne savent plus comment passer d’un trottoir à l’autre et il faut prier pour que demain il n’y ait pas le feu parce que les pompiers ne pourront pas passer, ou prier pour que le samu ne soit pas obligé d’intervenir. Et moi j’attends régulièrement dans mon quartier de l’Estaque a 20 mêtres des chichis ( un peu plus de ceux de la maire de secteur), pour que le conducteur garé devant chez moi parte en hurlant parce que je lui ai fait remarqué que je l’attendais pour simplement rentrer ou sortir de chez moi.
La réalité est que le stationnement a Marseille est une affaire de gros sous, et pas de prévention.Alors en plus quand un citoyen râle un peu trop, on lui fait bien comprendre qu’il ferait mieux de prendre son mal en patience.
Parce qu’il faut que nos élus réfléchissent encore un peu plus sans doute, depuis 18 mois, pour arriver a imaginer et a décider si des poteaux payés par le contribuable lui-même pour rentrer chez lui peuvent être autorisés par la mairie des 15/16.
Ils sont beaux nos élus.
Surtout pour faire des effets de manches devant la télé, a fortiori avec les municipales qui s’annoncent.
Alors que devenir responsable, simplement répondre au moins à leurs administrés et surtout savoir organiser pour prévenir, cà c’est vraiment manifestement au dessus de leurs capacités de compréhension et d’intervention …
Paul
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