Enquête autour du bus du campus

À la une
le 5 Avr 2012
10
Enquête autour du bus du campus
Enquête autour du bus du campus

Enquête autour du bus du campus

Ce n'est pas forcément toujours le cas : l'enquête publique qui s'est ouverte le 28 mars sur le projet de ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) entre le campus Saint-Jérôme et le technopôle de Château-Gombert, en passant par les métros Frais Vallon et La Rose, n'est pas cantonnée à un obscur bureau. En plus des classiques (sièges de la communauté urbaine – en charge du dossier – et de la mairie du 13/14), les cinq panneaux de la concertation accueillent étudiants, chercheurs et personnels dans le hall de la fac Saint-Jérôme.

Et quand le commissaire enquêteur est présent, comme c'était le cas mardi, une succession de panneaux guide le curieux vers le bureau… du président de l'université. Un commissaire enquêteur qui a du coup vu déjà passer une vingtaine de personnes – beaucoup de chercheurs et étudiants, et quelques riverains – pour la plupart favorables mais parfois inquiets des travaux ou déçus, comme avant eux le groupe communiste de Marseille Provence métropole, que l'on n'ait pas été plus ambitieux avec un prolongement du métro.

Sur la table, des dossiers là encore inhabituellement fournis : le bilan détaillé de la concertation préalable, avec les principales remarques et les réponses de Marseille Provence métropole, la présentation des variantes de tracé étudiées et la justification du choix en fonction du coût, du temps de parcours, de l'attractivité de la ligne, etc.

Ligne "Campus"

Longue de 5,7 km avec 12 stations, la ligne permettrait en 2014 de rejoindre le terminus Technopôle en 6 minutes depuis le métro La Rose, pour un parcours total de 17 minutes depuis le terminus Pèbre d'Ail (voir la carte en fin d'article). Ce dernier est situé un peu au nord de la fac Saint-Jérôme, au plus près du futur lycée Saint-Mitre, qui accueillera à la rentrée 2015 environ 1000 élèves. La fréquence de passage oscillerait entre 6 minutes aux heures de pointes, 10 le reste de la journée et 20 en soirée. Objectif : 14 000 voyageurs quotidiens, ce qui conduirait par ricochet à soulager les routes du secteur de 1000 véhicules par jour.

Reste que ce BHNS s'apparente beaucoup à une ligne Campus entre deux pôles d'un site retenu par l'Etat dans le plan du même nom. Les transports étaient d'ailleurs l'un des enjeux soulevés en janvier par Yvon Berland alors tout juste élu président de la nouvelle université unique. Monique Cordier, présidente de la confédération des CIQ, aurait préféré deux lignes distinctes : des portes d'Allauch à La Rose d'une part et de Saint-Jérôme à Malpassé d'autre part. "Là on jouait le jeu des transports en commun pour tout le monde, pas juste les étudiants et les chercheurs".

En pleine révision du plan local d'urbanisme, elle se demande si "on ne fait pas un BNHS pour intensifier l'urbanisation dans une zone où il y a du foncier disponible". Que l'on commence pour une fois par mettre le transport avant les logements, cela pourrait se discuter, encore faudrait-il l'endosser. Pour l'heure, ni MP, ni Karim Zeribi, président de la RTM, n'ont retourné nos appels.

Chaises musicales sur les parkings

Autre principale déception pour les associations de riverains : la réduction du stationnement local. "Au niveau de La Rose, on va supprimer beaucoup de places alors qu'on a La Poste, la mairie annexe, la sécurité sociale, des endroits où énormément de gens se garent", souligne Monique Cordier. Malgré l'aménagement de trois parkings avec des dépose-minute, elle craint aussi pour la portion qui longe le groupe scolaire privé Sévigné : "On ne sera pas en site propre et aux heures d'entrée et de sortie, on va avoir des conflits avec les parents qui amènent leurs enfants en voiture. Et qui le feront toujours malgré le BHNS pour des raisons de sécurité qu'il serait naïf de nier". De manière générale, tout comme le président du CIQ La Rose qui est passé le dire au commissaire enquêteur, elle doute que "les gens prennent du jour au lendemain massivement les transports en commun".

Le nombre de places en parc relais – où les voyageurs sont invités à laisser leur voiture pour grimper dans des transports en commun – augmenterait en revanche. En plus des parcs existants de La Rose et Frais Vallon, notoirement sous-dimensionnés pour le seul métro, 500 places sont prévues dans trois ouvrages supplémentaires.

Dans le dossier, une carte détaille – et c'est plutôt louable – les flux qui y sont attendus : Sainte-Marthe, la Batarelle, Saint-Mitre, Château-Gombert, Plan-de-Cuques, Allauch, les Trois Lucs… Ça, c'est sur le papier. Car on peut se demander dans quelle mesure les habitants concernés trouveront intéressant de laisser leur voiture dans un parking, prendre le BNHS pour finalement grimper dans un métro. Surtout que lesdits parkings sont toujours réservés exclusivement aux détenteurs de la carte Transpass. "Les parkings relais, j'y crois quand je vois les autres villes et le prix de l'essence qui augmente. Mais la politique de MPM n'est pas incitative", déplore Monique Cordier, mettant en avant le prix (1€ de l'heure pour les non-abonnés RTM).

Bus classiques et pistes cyclables

Pour être complet, ce chantier à 54 millions d'euros (dont un petit 4,15 millions d'euros financé par l'Etat dans le cadre de son appel à projets transports) aura aussi des répercussions sur les bus classiques, qui pourraient emprunter le site propre. Des quais assez longs ont été prévus pour que le BHNS ne soit pas ralenti par un bus à l'arrêt. Les lignes RTM pourraient aussi, au niveau du nord-est, bifurquer du site propre vers un couloir de bus qui serait aménagé sur 1,4 km. Une restructuration des lignes pour prendre en compte le nouvel arrivant est mentionnée dans le dossier, sans que l'on puisse obtenir plus de précisions de MPM.

Le projet comprend aussi, à la faveur des travaux sur les voies, la création d'itinéraires cyclistes (dont une bonne part de pistes cyclables, c'est-à-dire séparées de la circulation), et la naissance d'un parvis de l'université aujourd'hui victime d'une "fracture entre les deux rives" de l'avenue Normandie Niemen, estime le dossier. Bref, faire du site un vrai campus.
 


Afficher BHNS Château-Gombert – Saint-Jérôme sur une carte plus grande

Cet article vous est offert par Marsactu
Marsactu est un journal local d'investigation indépendant. Nous n'avons pas de propriétaire milliardaire, pas de publicité ni subvention des collectivités locales. Ce sont nos abonné.e.s qui nous financent.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Alain Le Lougarou Alain Le Lougarou

    Comme votre article le fait remarquer ce projet ne sera pas de grande qualité car il occasionnera ce que l’on appelle des ruptures de charge : les voyageurs détestent ce systèmequi les obligent à des changements de mode de transports en cours de trajet.
    Quant à la proposition de M.CORDIER, elle n’est qu’une manoeuvre dilatoire sans autre intérêt que de simuler une critique à l’égard de ses amis élus concepteurs du projet.
    Ce projet a un coût exhorbitant eu égard à son peu d’efficacité.
    Il est consternant que les élus droite et gauche confondus ,se moquent de la rigueur budgétaire nécessaire .
    Les contribuables de MPM et de Marseille vont encore trinquer!

    Signaler
  2. cgt cgt

    Technopole, 21ème siècle, économie de la connaissance… Et l’enquète publique toujours pas consultable en ligne????!

    Signaler
  3. DR HOUSE DR HOUSE

    S’agissant du projet de BHNS Technopole/Frais Vallon/Fac de St Jérôme – dont l’objectif n’est pas d’abord de relier les deux sites entre eux, mais de les brancher sur le métro :

    A la différence du précédent, le site propre concernerait 90% du trajet et engloberait 2 parcs relais et 1 de rabattement pour 500 véhicules et 1 piste cyclable. D’où une addition qui s’élève à 54 M€ programmée sur 4 ans, 2012/2015. Il n’en reste pas moins qu’avec une telle enveloppe on est très proche du niveau de dépenses nécessaires au prolongement en aérien du métro jusqu’au technopole, à partir du dépôt de la Rose. Je rappelle à toutes fins utiles, que le même style de prolongement de Bougainville à Capitaine Gèze génère une facture de 67M€ pour les infrastructures auxquelles s’ajoute un pôle d’échanges multimodal incluant parking, gare de bus urbains et de cars interurbains.

    Comment expliquer l’absence d’études réelles sur cette alternative, non pas en opposition mais articulée au projet de BHNS vers St Jérôme dans un premier temps, prolongé ensuite vers Capitaine Gèze via la L2 nord ?

    Signaler
  4. jlafed jlafed

    Le dossier plan Campus, rejeté dans un premier temps, n’a été accepté que parce que les collectivités locales se sont engagées à un gros effort en matière de transports. Cet engagement,, contrairement à ce qu’insinue Mr DR HOUSE, était bien de relier directement les deux campus de St-Jérôme et de Château-Gombert. Ceci n’a pas été tenu.
    Par ailleurs, le technopôle de Château-Gombert souffre depuis sa création d’un déficit de desserte en transports en commun (du moins si son compare aux autres grandes métropoles françaises). Miser sur l’innovation sans développer l’accessibilité est une aberration.
    Combien d’emplois auraient pu être créés ? Combien d’entreprises innovantes auraient pu s’installer ? A u moment il faut être cohérent : soit rester sous-développés, soit jouer la créativité et l’innovation.
    Ceci n’a pas été fait parce que le responsable élu de MPM est Christophe Masse qui a privilégié une vision clientèliste du BHNS. Ceux qui travaillent sur le technopôle de Château-Gombert viennent souvent d’ailleurs et n’y votent pas !
    Le BHNS Château-Gombert-St Jérôme a été sacrifié par un élu qui a joué perso. C’est déplorable. Mr Boulesteix a tout à fait raison.

    Signaler
  5. galvaniseur galvaniseur

    Quoi ? Je lis ici que le bus rapide ne relierait pas directement le technopôle à la fac ? C’est vraiment du n’importe quoi ! Limite incompétence de MPM. Faudrait voir à arrêter un peu les conneries. Nous, les étudiants, ON N’EN PEUT PLUS !

    Signaler
  6. Gastounet Gastounet

    Oui, c’est quand-même un peu léger de ne pas prévoir une liaison DIRECTE de St-Jérôme à Ch-Gombert…
    Moi, je suis enseignant à St-Jérôme et je prends en permanence ma voiture pour aller à l’Ecole centrale à Château-Gombert. Eh bien, je vais continuer !
    Ce n’est pourtant pas difficile d’avoir un peu de vision quand on est responsable politique ? Non ?
    On a vraiment l’impression qu’à Marseille l’université et la science, ça compte pour du beurre. Quel ignare ce Gaudin !

    Signaler
  7. Vieux Patriote Républicain Vieux Patriote Républicain

    Pour un Marseillais d’adoption qui a observé ce qui se passe dans d’autres métropoles et se fout pas mal du microcosme politique locale ,la question ,vitale des transports en commun est traitée n’importe comment .La priorité devait être d’assurer une liaison Sud Nord efficace notamment entre Luminy ,Chateau Gombert et Saint-Jérome avec une ligne de métro :exercice faisable rapidement coté nord Il reste de deux à quatre kilomètres après le terminus de la Rose Que nenni après le tramway qui fait double emploi avec les métro entre Joliette et les Chartreux et,dont les travaux nous ont emmerdé pendant plusieurs années on va continuer du Cour Saint Louis à Castellane :là encore double emploi avec le métro !Mais bon à part les enseignes ronflantes telles que celles de” Technopole de Chateau-Gombert” ou “Le Carré d’or ” pour un immeuble à 5200 € le m2 coincé dans une impasse ,les boutiquiers promoteurs et agents immobiliers qui dirigent cette ville sont incapables de penser à l’intérêt général !

    Signaler
  8. Vieux Patriote Républicain Vieux Patriote Républicain

    Pour être complet il faut ajouter que compter sur le tourisme et les croisières comme moteur principal de l’économie marseillaise est une erreur D’abord il n’ y a pas que Marseille au bord de la Méditerranée Mais aussi recul de l’âge de la retraite aura inéluctablement des conséquences sur les croisiéres En effet le temps restant à vivre en bonne santé diminuera, donc à moins de transformer les navires de Costa et autres en navire hôpitaux ,la clientéle des senior va diminuer Par ailleurs le pouvoir d’achat en prend un coup La clientéle “classes aisées et moyennes” de ces navires sera la première touchée En conséquence les gens préfèrent le tourisme de proximité !Surtout la recherche et les industries de pointes sont davantage créatrices d’emplois domestiques qualifiés ,que les croisiéres Nos chantiers navals ont été délocalisés,les équipages sont étrangers, restent taxes portuaires et boutiques :c’est un peu court ,d’autant que le duty free à bord fait concurrence à ces dernières

    Signaler
  9. Chloé K. Chloé K.

    Je soutiens tout à fait votre avis d’un projet au cout exhorbitant, mais très peu efficace. En effet, en ce qui me concerne, j’ai utilisé pendant près d’un an la ligne 33 existante vers le campus ST Jérôme,toujours presque vide lorsque l’on dépassait le Merlan, et très peu utilisée par ces étudiants dont on dit vouloir améliorer la vie et les conditions de transports.

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire