L’État impose à l’usine de bitume de la Nerthe de mieux mesurer ses rejets

Actualité
le 4 Août 2017
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Les multiples requêtes des riverains ont poussé la Dreal à réaliser un contrôle de la centrale d'enrobage bitumineux de la Nerthe. Les inspecteurs s'étonnent de l'absence de contrôle par l'exploitant des rejets de deux polluants et lui donnent trois mois pour livrer des données.

Photo Lisa Castelly.
Photo Lisa Castelly.

Photo Lisa Castelly.

La mobilisation des habitants de la Nerthe a payé. Le 4 juillet, quelques jours après un rassemblement devant la centrale d’enrobage bitumineux voisine (lire notre article), la direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement (Dreal) a mené une inspection surprise sur le site. “Cette visite était très importante. Elle correspondait à la demande des habitants”, se félicite Marie-Blanche Chamoulaud, la présidente du CIQ de la Nerthe. Depuis des années, les riverains se plaignent des fumées qui se dégagent chaque jour de l’usine et qui embaument de mauvaises odeurs les hauteurs de l’Estaque.

Dans ses conclusions rendues le 17 juillet, la Dreal ne note formellement aucun écart à la réglementation. En revanche, les inspecteurs demandent à l’exploitant du site, la Routière de Provence (filiale du groupe SATR), de compléter ses mesures de rejets atmosphériques.

Nous avons pris connaissance du rapport des contrôles des rejets atmosphériques réalisés par [la société] l’Apave le 4 mai 2017 sur votre installation. Ce rapport ne contient aucune donnée relative aux émissions de composés organiques volatils (COV) ni aux émissions d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). (…) Or, la présence ou non de ces composés est déterminante pour caractériser la nocivité des rejets atmosphériques et leur débit et concentration sont réglementés par l’arrêté ministériel du 02 février 1998.

Autrement dit, deux polluants réglementés échappent à la surveillance de la Routière de Provence. La Dreal lui donne donc 3 mois pour réaliser ces mesures, “au démarrage et en fonctionnement normal”. Les inspecteurs notent au passage que “M. Miquel, en charge de l’exploitation, a reconnu que les odeurs de bitume étaient plus marquées au démarrage de l’installation”, ce qui correspond au signalement des riverains.

Le rapport précise toutefois que “les débits et concentrations de ces deux catégories de composés chimiques avaient été mesurées par le même prestataire lors du contrôle effectué en octobre 2015 sur demande de l’inspection des installations classées”. En effet, toujours suite aux plaintes, une première visite d’inspection avait été menée en juin 2015, avec la demande d’effectuer des contrôles. Mais les riverains de la Nerthe cherchent toujours à en connaître les conclusions.

Une demande de contact avec le ministère

Quand bien même les rejets respecteraient la réglementation, cela ne rassure qu’un brin Marie-Blanche Chamoulaud. “Avec cette centrale, nous sommes à la limite de la réglementation. Il est nécessaire d’approfondir la question afin de pallier les risques liés à ces émissions et de garantir la non toxicité des rejets”, estime-t-elle. Dans le but de durcir la réglementation au niveau national, avec éventuellement un abaissement des seuils limites de pollution, les membres du CIQ de la Nerthe ont contacté la sénatrice Samia Ghali (PS). Son entourage nous assure qu’elle est prête à les appuyer dans leurs demandes auprès du ministère de l’Environnement.

En attendant les résultats des mesures, Marie-Blanche Chamoulaud souhaite “poursuivre le dialogue avec la direction de la centrale afin d’établir au mieux les risques”. Contacté à de multiples reprises, le directeur des exploitation de la centrale n’a pas répondu à nos demandes.

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