Des habitants des quartiers populaires lancent une marche contre les violences
Des habitants des quartiers populaires lancent une marche contre les violences
C'est le paradoxe des quartiers nord : ce mardi, le collectif du 1er juin a donné rendez-vous pour sa conférence de presse dans le parc Font Obscure, à deux pas du centre urbain du Merlan. Depuis le gazon, la vue sur la rade y est splendide. Comme souvent depuis les tours des quartiers nord. Mais ce n'est pas la vue qui amène une grande partie des représentants locaux de la presse à s'asseoir dans l'herbe, mais plutôt ce qui se passe en bas des tours.
Depuis plusieurs mois, les armes lourdes règlent les comptes entre trafiquants et les victimes ont souvent plus de balles dans le corps que d'années passées sur Terre. Face à cette situation qui "fait de Marseille une référence internationale en la matière", des habitants et travailleurs sociaux de ces quartiers ont décidé de se constituer en collectif pour appeler à une marche symbolique, le 1er juin, "contre toutes les formes de violence. A commencer par la première celle de la pauvreté et du chômage", formule Yamina Benchenni, habitante de la Simiane. Autour d'elles, beaucoup de femmes et quelques hommes. Certaines ont perdu un proche, un fils, un frère dans l'un de ces faits divers qui font la une des journaux.
"Nos quartiers ont connu près de 26 morts en 18 mois. A chaque mort, on demande, quel quartier, quel nom, quel famille et on y va. Cela fait partie de la tradition de la solidarité dans nos quartiers. On se cotise pour aider la famille à rapatrier le corps ou à l'enterrer ici. C'est le premier lien qui nous unit", se désole Yamina Benchenni. Le plus terrible aussi. Ce ressort solidaire a surgi à nouveau au détour du mois de mars. "Le déclencheur a été la fusillade de la cité des Bleuets, confie une jeune femme. Les jeunes se sont faits tirer dessus en pleine cité, à la sortie de l'école, devant les enfants. Et il n'y a pas eu de cellule psychologique mise en place comme à Paris quand ce monsieur s'est suicidé dans la cour d'une école". Il a fallu vivre avec ces images de corps couchés, expliquer aux enfants et canaliser la révolte. Ensemble, ils se sont retrouvés au centre social pour parler et imaginer une forme concrète d'action. Après la tentative un peu solitaire d'Eugène Caselli de lancer une marche blanche contre la violence, l'initiative prend un tour très concret.
Plus de vingt quartiers unis
"Depuis, près de 20 quartiers nous ont rejoints", commente Patrick Cassina, le directeur du centre social. Des commissions thématiques ont été mises en place et une lettre ouverte recensant 23 points prioritaires a été rédigée. "Emploi, formation, culture, loisirs… tous les sujets sont importants. Avec la mère de Yacine Haibeche [décédé après une rixe avec un policier, ndlr], nous avons regardé les offres de séjour de vacances pour son fils de 14 ans, reprend la travailleuse sociale. Il n'y avait rien à Félix Pyat. Les centres sociaux s'occupent des enfants jusqu'à 11, 12 ans et après, c'est à la charge des parents et ça les culpabilise beaucoup. Or l'engrenage de la délinquance commence avec l'oisiveté des ados".
Face à cela, le collectif dénonce la politique du coup par coup dans laquelle l'Etat lance des dispositifs sociaux puis les abandonne au bon vouloir des collectivités locales qui, à leur tour, sont prises dans la logique de réduction des dépenses. "La réponse sécuritaire est aussi dans cette logique de l'état d'urgence. Or, c'est une police de proximité qu'on appelle de nos voeux". D'ailleurs, face aux récents déploiements policiers, les habitants présents brocardent les policiers "parisiens" venus en renfort dans le cadre des Zones de sécurité prioritaire (ZSP) pour "passer des vacances à Marseille" : "Franchement, ils m'ont contrôlé alors que je sortais de chez moi. A quoi ça sert de mettre des PVs pour défaut d'assurance ou plaque non conforme ? C'est ça le problème de sécurité de nos quartiers ?", interroge une habitante de Malpassé.
Et puis le ras-le-bol est revenu, en masse, pour déboucher sur ce projet de marche qui tente d'embrasser l'étendue des problèmes vécus. "Nous demandons à être concertés, à participer aux politiques publiques, reprend Yamina Benchenni. On ne peut réussir une politique éducative sans les parents. Pour la sécurité, ce doit être la même chose avec les habitants". Une autre dame, Fatma Aksil, prend la parole à son tour. Elle n'a pas l'habitude de l'exercice et se lance avec nervosité.
Nous demandons un égalité des droits, la justice partout. Nous ne supportons plus les discriminations dans la vie quotidienne et les inégalités face à l'école, la formation, l'emploi, la maladie. Nos quartiers sont transformés en ghettos, en prison ouverte. Nous avons perdu la confiance dans l'avenir de nos enfants.
Commentaires
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Quelle belle initiative !
La marche aura lieu où ?
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il vaut mieux savoir courir que marcher dans ces quartiers !
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je serai là
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je serai là
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Il en faut de l’énergie. Bravo ! Ce sont encore les victimes qui se mobilisent. Mais où sont les responsables des ces massacres ? Que font nos dirigeants politiques, notre système de droit, l’école, etc… ??? Je propose qu’on ferme la prison des baumettes, 1ère école qui fédère et intègre bien plus vite que notre école républicaine, qu’on légalise le shit (au CAC 40 !!!), qu’on arrête la politique à 60 ans et le social aussi, histoire de passer le relais, qu’on ferme les centre commerciaux, qu’on casse nos télés, qu’on oblige les entreprises des zones franches à respecter les critères de recrutement (obligation de recruter la population de la zone) ou à rembourser leur cadeau fiscal, qu’on oblige les acteurs publics à prendre leurs responsabilités. quand on naît du mauvais côté, exigeons la nécessité de vivre dignement, pas forcément le luxe…juste de ne pas voir son enfant criblé de balles sur le pavé marseillais ! Le droit de ne plus pleurer, de dormir une nuit entière, de ne pas se bourrer de somnifères, de pas se sentir coupable quand son enfant défaille…le droit d’éduquer son enfant paisiblement !!! Je pourrais écrire des heures. J’ai terriblement mal quand je revois les sourires d’enfants, d’adolescents, de jeunes adultes, de tous ceux que j’ai croisé, aimé et qui sont partis bêtement, injustement et le pire pas de réponses car on est sensé ne pas être dans un état en guerre !!!
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Y aura-t-il des habitants du 2ème arr.?
Le Panier, Saint-Jean, quartier Mairie, Collège du Vieux-Port, etc ……….
Parce qu’ici aussi c’est gratiné ! ! !
Marchez tant que vous voudrez !
Rien ne changera, la violence est installée et hélas ira en progressant.
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Un passage illustre bien l’état d’esprit dans lequel se trouve ces familles:
“Les centres sociaux s’occupent des enfants jusqu’à 11, 12 ans et après, c’est à la charge des parents et ça les culpabilise beaucoup”
C’est face à toutes ces politiques sociales qu’on en arrive à un tel résultat: Est-ce aux parents ou à l’Etat de s’occuper des enfants? Faut-il absolument que l’Etat s’occupe des enfants en dehors de l’école, est-ce l’Etat à leur apprendre que passé une certaine heure il ne faut pas sortir? Est-ce à l’Etat à leur apprendre qu’il y a des gens non fréquentables?
Je crois plutôt que c’est à EUX, à ces PARENTS qu’il faut apprendre à s’occuper de leurs enfants. Que je sache, la drogue, la violence ne sont pas arrivés à la construction de ces HLM? Plutôt que de réclamer à l’Etat d’intervenir jusque dans l’éducation des enfants, il faudrait leur apprendre à renoncer à l’argent facile… Ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on devient automatiquement un délinquant, l’école est gratuite et obligatoire, l’université sous couvert de ressources trop faible l’est pratiquement,les bibliothèques, les activités sportives ne sont pas réservés aux “riches”.
Que chacun prenne ses responsabilités.
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Initiative très respectable et qui méritera un véritable suivi réél et médiatique Au cas ou celui-ci ne serait pas fait par d’autres médias les citoyens comptent sur marsactu
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moi j’aime bien celle-là:
“Franchement, ils m’ont contrôlé alors que je sortais de chez moi. A quoi ça sert de mettre des PVs pour défaut d’assurance ou plaque non conforme ? C’est ça le problème de sécurité de nos quartiers ?”
ou encore:
D’ailleurs, face aux récents déploiements policiers, les habitants présents brocardent les policiers “parisiens” venus en renfort dans le cadre des Zones de sécurité prioritaire (ZSP) pour “passer des vacances à Marseille”
qu’est ce que c’est que cette stigmatisation du flic parisien?
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On ne parle pas d’un problème d’éducation mais d’un ensemble de problème non résolus et arriver à prendre en compte ces complexité serai possible à tous. Mais les mentalités font que certaines personnes préfèrent continuer à se mettre le voile devant les yeux? Si vous pensez que le problème est la source que des familles, alors vous vous tromper depuis des années. Il me semble important de commencer à se poser les vrais questions. C’est bien l’ensemble des problèmes dans nos quartiers qui se concentre et toute tentative de sortir de la misère est devenu notre combat.Les familles ne sont ni coupable, ni complices mais essayé de nous aider à rester responsable.
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