Chaâbi, raï, rap : comment Belsunce a tracé son microsillon

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le 15 Jan 2014
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Chaâbi, raï, rap : comment Belsunce a tracé son microsillon
Chaâbi, raï, rap : comment Belsunce a tracé son microsillon

Chaâbi, raï, rap : comment Belsunce a tracé son microsillon

En flânant sur le marché de la plaine, le collectionneur Damien Taillard croise par hasard celui qu'il appelle Houcine, le vendeur de mercerie. Il repère alors deux bacs de 45 tours posés au sol. "Là, j'y trouve des disques du Maghreb, des 45 tours des années 60 et 70. Je ne savais pas qu'il y en avait autant, mes connaissances se limitaient au chaâbi de Rachid Taha et au raï moderne" raconte celui qui a depuis fondé l'association Phocéephone. Celle-ci a pour but de préserver le patrimoine discographique des migrants du centre de Marseille. Au dos des disques découverts sur le marché de la Plaine, figurent les adresses marseillaises, dont beaucoup correspondent à celles de chibanis du quartier de Belsunce.

 

 

Longtemps, ce quartier a été la porte d'entrée des immigrés qui débarquaient à Marseille. Après un premier épisode de migration arménienne de rescapés du génocide, des Maghrébins dont une majorité d'Algériens arrivent à Marseille dès les années 20 et s'installent à la porte d'Aix, aux Carmes et à Belsunce. Ils importent avec eux des styles musicaux variés : l'arabo-andalou, la chaâbi, le chaoui, la chanson kabyle, le sahraoui, et, bien plus tard, le raï… Alors que l'Alcazar connaît ses moments de gloire avec ses soirées music hall, les chanteurs et musiciens maghrébins se produisent dans les cafés et les cabarets, comme le Sultan ou encore le Mille et Une Nuits, boulevard d'Athènes, qui a rouvert ses portes récemment. Dans les années 60, alors que les premiers scopitones apparaissent, les noms des vedettes associées circulent dans ses cafés, et notamment celui de Salah Sadaoui qui possède son propre label à Paris, dans le quartier de Barbès. Mais l'on fait également circuler les scopitones de l'algérien Mohamed Mazouni, produit à Marseille.

 

 

29 rue du Baignoir

Le centre de Marseille voit fleurir, dans ce contexte d'effervescence culturelle, dès les années 30, les premiers labels et magasins de vinyles sur lesquelles Damien Taillard s'étonne de ne rien trouver dans les livres. A la fin de cette décennie, le label Tam-Tam est créé par Jacques Derdérian qui tient d'abord une boutique d'électrophones à Belsunce, rue des petites Maries. Après la Seconde Guerre mondiale il se lance dans l'édition de disques avec des moyens sommaires. Parmi les premiers artistes qu'il publie, on trouve Luc alias "Lili" Cherki, l'un des musiciens du groupe El Gusto, d'abord publié en 78 tours puis en 45 tours à partir des années 50. Une décennie plus tard, Tam-Tam est considéré comme le studio d'enregistrement incontournable du quartier jusqu'au début des années 70, lorsque le magasin ferme ses portes.

Rue des petites Maries, à quelques mètres à peine, Sudiphone prend alors le relais et devient la maison de disques la plus renommée du quartier. D'autres labels existent comme le magasin distributeur S.A.R, ou encore Oujdisque, dirigé par Raymond Azoulay, un musicien marocain arabo-andalou qui s'installe à Marseille dans les années 60 et créé sa propre maison d'édition. 29 rue du Baignoir, le label Sonia Disques vend des disques de musique orientale et réédite un 33 tours de l'auteur-compositeur et interprète algérien de musique chaâbi Dahmane El Harachi, devenu célèbre pour son titre Ya Rayah, qui devient un tube internationale lors de la reprise de Rachid Taha en 1998. A la fin des années 70, le magasin déménage à Barbès. Si tous ces labels publient de la musique du Maghreb, Ararat lui, publie en 78 tours des compositions locales et notamment arméniennes jusque dans les années 80.

Les années 80, synonymes de l'arrivée des cassettes éclipsent les vinyles. "C'est aussi l'époque de la déferlante du raï", décrit Damien Taillard. "Cheb Mami et Cheb Khaled font leurs premières armes sur le territoire français à Marseille, après avoir connu le succès en Algérie et en particulier à Oran. Après, ils montent à Paris." Plus tard, comme un juste retour des choses, Belsunce connaît la notoriété nationale grâce à des artistes comme le rappeur marseillais Bouga avec son tube "Belsunce Breakdown".

Si Belsunce a longtemps été une place forte de la création musicale, le quartier reste avant tout connu pour être un marché de gros de prêt-à-porter. Parfois les deux se télescopent. Ainsi, alors que Bouga faisait bouger la France, un des commerçants du quartier, Nasser Sabeur, patron des magasins Papi, lançait tranquillement une gamme de t-shirts signés Belsunce Breakdown. Le rappeur avait oublié de déposer son titre comme une marque… 

 

 

 

Allez, en bonus, le scopitone de Salah Sadaoui :

 

 

 

Exposition les Sillons de Belsunce, bibliothèque de l'Alcazar, cours Belsunce, jusqu'au 13 février.

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Commentaires

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  1. Hacen BOUKHELIFA Hacen BOUKHELIFA

    Toute la musique que mon père écoutait avec le grand, l’immense Slimane AZEM. Merci MARSACTU !

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  2. nkh nkh

    Nora Akhazzane directrice de Maison de l’Algérie de section Bouches-du-Rhône a le plaisir de vous convier aux vœux de la communauté algérienne de Marseille qui auront lieu le jeudi 30 janvier 2014 à 18h00
    centre d’animation Sénac sis 9,rue Sénac 13001 Marseille

    En présence de Monsieur Patrick Mennucci ,Député Maire, Président du groupe d’amitié France Algérie
    Monsieur Abdehamid Saidi , Consul Général d’Algérie et de nombreux élus

    Venez fêter l’amitié entre Marseille et l’Algérie

    https://www.facebook.com/events/596107580444803/?source=1

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  3. Anonyme Anonyme

    En presence du President du groupe d’amitie France Algerie ?????????
    Un socialiste ami de l’Algerie ? Tiens ! Tiens! Incroyable ! Je ne peux y croire.
    A moins qu’il s’agisse d’un echange “bulletin de vote contre subvention?
    Reponse prochainement dans la rubrique faits divers.

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