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[C’est mon data] Les trois clés du vote FN aux régionales

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le 8 Déc 2015
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Loin devant la droite au premier tour, le FN a surtout viré en tête dans trois-quarts des communes de la région. Et les élections départementales ont montré qu'il disposait de réserves de voix au second tour. Suffisant pour l'emporter ? Tour d'horizon en une carte et deux graphes.

[C’est mon data] Les trois clés du vote FN aux régionales
[C’est mon data] Les trois clés du vote FN aux régionales

[C’est mon data] Les trois clés du vote FN aux régionales

40,5 %. Dimanche soir, le Front national a réalisé un score historique dans la région. L’aspect le plus évident est son avance de 14 points sur la liste de Christian Estrosi (Les Républicains), son adversaire en duel au second tour. Mais Marion Maréchal-Le Pen a surtout engrangé des bulletins de vote comme jamais. Avec 719 716 voix, elle améliore le record de 650 336 suffrages obtenus par sa tante Marine lors de la présidentielle 2012. Or, la participation de ce scrutin régional est bien moindre que l’élection phare de la 5e République, avec près d’un million d’électeurs de moins en Provence Alpes Côte d’Azur.

Si l’ampleur est exceptionnelle, le nombre de communes où le FN est arrivé en tête l’est encore plus. Le PS, mais aussi la droite sont distancés sur trois-quarts du territoire régional. Si le maire de Nice Christian Estrosi a sauvé les meubles dans sa ville, Toulon est largement passé au Front national, tout comme une bonne part du littoral varois et azuréen. Dans les Bouches-du-Rhône, les bastions communistes dont Martigues, Gardanne, Port-de-Bouc, Septèmes, Le Rove ou Arles ont vu le FN ravir la première place et de loin. Aix-en-Provence et ses voisines qui placent la droite en tête se trouvent bien isolées, tandis qu’à Marseille seuls trois arrondissements (les 1er, 6e et 8e) résistent à l’avancée du Front.

carte-FN-devantEn bleu, les communes où le FN est arrivé en tête au premier tour.

L’analyse de certains résultats livre ce qui est peut-être une des clés de ce scrutin local qui n’en est pas vraiment un. Candidat sur la liste Castaner (PS), le maire de Vitrolles Loïc Gachon  enregistre ainsi un piètre score dans sa ville : 21,5 % des voix. Le graphique ci-dessous montre bien comment son parti a fait le yo-yo au cours des quatre rendez-vous électoraux de 2014 et 2015. Dans le même temps, le FN est lui très peu sensible aux différences de participation et de mode de scrutin.

yoyo-ps-vitrolles

En plus de cette capacité à mobiliser voire à élargir son électorat au premier tour, le FN a montré lors des dernières départementales qu’il était aussi capable d’aller chercher des réserves au second tour. Ses suffrages ont ainsi grimpé de près de 9,5 % dans les cantons où il était qualifié – soit tous ceux des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse, la plupart de ceux des Alpes-maritimes et quelques cantons des Alpes-de-Haute-Provence. Et ce, avec une baisse de la participation de 1,6 %.

FN-progression-T2-dep

Comme le soulignait Loïc Gachon lors de notre reportage de campagne place de Provence, à Vitrolles, le FN a été balayé au second tour des départementales de mars. Seul qualifié, le binôme de droite Mallié-Dalbin a bénéficié d’un report des voix de gauche suffisant pour refaire son retard, malgré les 700 voix gagnées dans l’entre deux tours par le Front. Cela a aussi été le cas dans tous les duels droite-FN de la région.

Mais neuf mois plus tard, les données du problème sont compliquées pour Les Républicains “quand on a un FN déjà à 41 % au premier tour, avec des réserves de voix chez Bompard et peut-être un peu chez Debout la France”, analyse le politiste Joël Gombin dans un entretien avec Marsactu. Face à cette probable progression, une baisse marquée de la participation serait fatale à la droite. Autrement dit, “il faudra que les reports soient excellents pour que Christian Estrosi puisse l’emporter”, souligne le chercheur. Le candidat ne s’y est pas trompé, en convoquant pour la dernière ligne droite le souvenir du Conseil national de la résistance.

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Commentaires

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  1. JL41 JL41

    Ces cartes du vote FN sont parlantes, si ce n’est qu’on aurait pu un peu déborder de PACA à l’ouest pour l’intelligence de l’exercice. On est dans ces infographies qui s’arrêtent net à des frontières qui n’en sont pas en réalité. Même s’il s’agit d’élections régionales.
    Le vote FN traduit aussi un vote peu argumenté, un vote populaire, du genre « on ne veut plus de la gauche et de la droite qui nous ont menés ou laissés là où on en est ». Cette tribune ouverte dans le Figaro à Bertrand Chokrane parle bien de ce ras-le-bol, on trouve même l’article repris dans Mediapart : http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/12/06/31001-20151206ARTFIG00153-raz-de-maree-fn-a-force-de-prendre-les-electeurs-pour-des-imbeciles.php

    Les « trous » de Nice et d’Aix-en-Provence dans la carte témoignent d’une large représentation dans ces villes d’une droite plus éclairée, à la xénophobie plus policée. Il s’agit d’une population plus aisée aussi… y compris de gauche et de la gauche de la gauche. On n’est pas à Genève, mais la maire d’Aix préfère que les votants du FN et les cadres du FN restent à Marseille, une métropole reléguée à une fonction d’épouvantail, après qu’on ait réussi à lui sucer un peu de son tissu économique et de ses fonctions métropolitaines. Estrosi sait davantage que MM Le Pen ce qu’il fait, qu’il s’agisse de sa récente évocation de la Résistance avec Muselier ou de son programme sécuritaire, si dramatiquement exempt d’espérance (comme celui plus minimaliste de Martine Vassal au Conseil départemental) : https://marsactu.fr/bref/conseil-departemental-plan-securite/#comment-36321

    Le PS n’a pas su séduire au sein de son propre électorat, imposer ou composer dans notre région avec les pouvoirs en place pour sortir Marseille et sa région des handicaps qui en ont fait une zone plus ou moins reléguée. L’énorme subventionnement associatif à finalité électorale n’était pas la bonne clé. L’économie sociale et solidaire n’est pas non plus la bonne clé. Heureusement que de vrais emplois du secteur concurrentiel se sont développés à Marseille, mais pas assez, ce qui renvoie à une définition de la formation restée longtemps décalée par rapport aux besoins. Mais là aussi, comme dans la culture, le fonctionnement est clientéliste, favorisant ce qui est idéologiquement proche de la production intellectuelle d’une gauche qui ne se renouvelle pas, qui comme on l’a vu avec la liste coopérative Camard-Coppola, ne représente pas grand-chose (6,5 % des suffrages exprimés au 1er tour), même déguisée en « société civile » dans d’autres instances territoriales : http://destimed.fr/Elections-Paca-Imhotep-Guediguian-Christian-Poitevin-Philippe-Sanmarco-parmi

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    • julijo julijo

      Votre propos est très juste :
      Le vote FN traduit aussi un vote peu argumenté, un vote populaire, du genre « on ne veut plus de la gauche et de la droite qui nous ont menés ou laissés là où on en est ».
      Cependant je souhaite compléter, ce vote traduit également le besoin de changements de nos élites élues. En effet, la grande majorité des partis choisissent leurs candidats “entre-soi”
      On a déjà eu l’occasion de dire que la professionnalisation de la politique est une catastrophe. Nous avons des élus qui n’ont pas les pieds sur terre, et sont dénués de tout bon sens commun. Nous avons des familles entières, fils, neveux et cousins compris, nous avons des candidats qui sont en rupture de banc avec la justice (ou pas loin)…la liste est longue.
      La liste FN en paca est hétéroclite, peu de gens connus issus pour la plupart de la région, à part quelques uns plus aguerris qui sont justement présents pour manipuler les nouveaux…même la tête de liste ne sait pas répondre aux questions générales sur l’activité du Conseil régional….cependant ce sont des gens “comme tout le monde”, et les électeurs s’identifient d’autant plus volontiers que personne ne comprenant rien au CR et à son activité, le jeu sur les peurs, la nation, l’europe et l’islamisme marche à fond.
      Il faudrait -vœu profondément laïque- que nos élus, nos élites, nos spécialistes en politique, changent profondément leurs façon de procéder.
      Je ne crois pas que Estrosi gagnera ce combat dimanche prochain. Les électeurs ont surtout dit “IL Y EN A MARRE”. Il faut profondément réformer cette façon de gouverner (et pas à la manière de Macron-valls) c’est peut être trop tard, mais ce serait la seule façon de sortir de cet engrenage fascisant.

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