SNCM

Bref
le 12 Sep 2012
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Si il y en a qui gagnent de l'argent dans le transport de passagers entre la Corse et le Continent, ce sont les avocats. Depuis des années, la Corsica Ferries poursuit son concurrent la Sncm devant les tribunaux de France et de Navarre, la soupçonnant d'avoir bénéficié d'aides déguisées de l'état, ce qui est , au nom de la libre concurrence est interdit par Bruxelles. Hier c'est au Luxembourg, où siège le tribunal de l'union européenne qu'un méchant coup de labé est venu frapper la compagnie du boulevard des Dames. Le tribunal a tout simplement annulé une décision de la commission européenne qui autorisait différents apports en cash de l'état français à la Sncm, afin de la recapitaliser. Pour la commission, ces financements de l'état ne pouvaient pas être considérés comme des aides publiques. Il s'agit en fait de plusieurs substantiels apports réalisés en 2002, et 2005, pour plusieurs dizaines de millions d'euros. On ne sait pas encore combien la Sncm devra rembourser, mais en tout cas, l'addition devrait être très salée. Une décision qui tombe également très mal, à un moment où la Sncm va devoir reconcourir à une nouvelle délégation de service public, et où son actionnaire majoritaire , Véolia , cherche à se débarrasser de cet encombrant héritage des années Proglio.

Du coup, la direction de la Sncm, dès la décision connue hier après-midi a rapidement fait le tour des rédactions pour chercher à dédramatiser la décision luxembourgeoise. " Pas d'impact financier à ce stade" et "nous allons faire appel de cette décision". Mais tard dans la soirée tombait un laconique communiqué signé des 3 ministres en charge du dossier les M&M's Moscovici et Montebourg de Bercy et Frédéric Cuvillier le ministre des transports, indiquant qu'ils prenaient acte de la décision du tribunal, qui pouvait remettre en cause les conditions dans lesquelles l' Etat en 2005, sous le gouvernement Villepin – c'était pas sa journée non plus- avait privatisé l'armateur marseillais, et qu'ils allaient examiner la possibilité de faire appel. Mais surtout qu' ils allaient regarder avec l'actionnaire majoritaire Véolia – l'état a toujours 20%-  "les conséquences de cette décision et les suites à lui donner" .

Par ce communiqué, le gouvernement Ayrault qui semblait pour l'instant plutôt absent de ce dossier, même si le management de la Sncm et son actionnaire Véolia ont été reçus récemment par le Ministre des Transports, montre qu'il souhaite peser et qu'il faudra compter sur lui pour la suite des événements. Le nouveau gouvernement ne sera pas un sleeping partner. Et Véolia devra prendre toutes ses responsabilités. Car aujourd'hui , même si "il n'y a pas d'impact financier direct", et si Véolia avait déjà provisionné dans ses comptes les éventuelles sommes à rembourser, anticipant une défavorable décision du tribunal, les suites juridiques peuvent être lourdes de conséquence, et remettre complètement en cause la privatisation de 2005. Ce qui ne veut pas dire que Véolia puisse sauter dans le premier caneau de sauvetage venu

Malgré les bons chiffres de l'été, liés à une stratégie commerciale très agressive sur un marché baissier et  qui du coup a fait beaucoup de mal à Corsica et à la Méridionale,  un plan stratégique de renouvellement de la flotte qui passerait par une commande de 800 millions d' euros auprès du bien-mal-en-point  chantier naval STX de Saint-Nazaire – politiquement malin, mais pas financé, la Sncm est repartie pour naviguer dans les prochaines semaines dans une mer démontée.   

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