Mobilisons-nous à Marseille et partout en France pour défendre la liberté d’informer

Tribune
le 3 Oct 2023
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Alors que les états généraux de l'information s'ouvrent ce mardi, le collectif de journalistes marseillais Presse papiers et l'association Prenons la une s’inquiètent de l'accumulation des atteintes au secret des sources et à la liberté d'informer. Marsactu publie leur appel à manifester ce 3 octobre à Marseille et s'y associe.

Manifestation devant l’hôtel de police de Marseille, le 19 septembre 2023, lors de la garde à vue d’Ariane Lavrilleux. Photo : Frédéric Munsch.

Les États généraux de la presse s’ouvrent ce mardi 3 octobre, dans un contexte inédit d’atteintes à la liberté de la presse en France. Comment croire les mots d’Emmanuel Macron : “La France sera toujours du côté de ceux qui luttent pour nous informer, qui se battent pour écrire la vérité”, alors que la justice de notre pays s’acharne contre des journalistes ? Les événements des dix derniers jours sont très inquiétants et remettent en cause les fondements mêmes de la liberté de la presse et de notre démocratie.

Il y a eu d’abord, mardi 19 septembre, la perquisition et les 39 h de garde à vue d’Ariane Lavrilleux, inquiétée pour “compromission du secret de la défense nationale” directement par la DGSI, les renseignements intérieurs. Ses enquêtes relèvent de l’intérêt général, en mettant en lumière l’implication de la France dans des crimes commis par la dictature égyptienne contre des civils, ainsi que des ventes d’armes à la Russie, l’Égypte et des pays du Golfe.

Durant la perquisition, de nombreux documents (mails, notes de travail…) ont été saisis. Un juge des libertés et de la détention (JLD) a estimé quelques jours plus tard qu’une telle enquête pouvait justifier cette atteinte impensable au secret des sources. La plupart des pièces ont été versées au dossier, ce qui constitue un précédent extrêmement inquiétant.

Jeudi 21 septembre, ce sont cette fois trois journalistes de Libération qui ont été convoqués par la police judiciaire de Lille comme “suspects” aux motifs notamment de “violation” et “recel” du secret de l’instruction, suite à leur travail sur l’affaire Amine Leknoun, un jeune homme de 23 ans tué dans le Nord par un policier de la BAC en août 2022. Dans leur enquête, les journalistes soulignaient les manquements de l’IGPN et de la juge d’instruction dans la conduite des investigations.

Dans le même temps, le gouvernement français s’active dans les coulisses de l’Union européenne avant l’adoption du “Media Freedom Act”, discuté à partir de ce lundi 2 octobre au Parlement européen. Son objectif : faire autoriser l’usage de logiciels espions contre des journalistes au titre de la “sauvegarde de la sécurité nationale”. En clair, ce texte permettra de généraliser les méthodes inédites employées contre Ariane Lavrilleux.

Menée sur plusieurs fronts, cette offensive vise de manière évidente à faire reculer la protection du secret des sources, soit la possibilité même pour les journalistes d’enquêter. Face à cette atteinte d’un pilier démocratique, les journalistes et les citoyens ne peuvent rester silencieux.

À Marseille, nous nous rassemblerons mardi 3 octobre à 18 h 30 devant le Palais de justice, place Monthyon (6e arrondissement), pour rappeler à la Justice qu’il est de son devoir de protéger les libertés publiques, dont la liberté de la presse.

Nous appelons les citoyen·nes, associations, élu·es et journalistes à organiser et à participer à d’autres rassemblements ce mardi 3 octobre partout en France. Le gouvernement doit renoncer à la chasse aux sources d’informations, à l’espionnage et aux enquêtes visant des journalistes

Commentaires

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  1. Avé Avé

    « Ses enquêtes relèvent de l’intérêt général, en mettant en lumière l’implication de la France dans des crimes commis par la dictature égyptienne contre des civils, ainsi que des ventes d’armes à la Russie, l’Égypte et des pays du Golfe ». C’est peut-être tentant de voir les choses sous cet angle, mais j’attendrai de voir le verdict dans cette affaire pour savoir quoi en penser. La France n’a pas dit à l’Egypte d’aller bombarder des civils. Qu’il y ait un équilibre entre des questions de sécurité nationale et la liberté d’informer n’est pas a priori choquant, c’est le fait de trop placer le curseur du côté de la sécurité qui peut l’être. Dans cette affaire, n’ayant lu que la position de ceux qui défendent Ariane Lavrilleux (ce qui en soi n’est pas critiquable), je trouve difficile d’avoir une opinion éclairée.

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