Le Grand Phénix Maritime de Marseille
Le phénix, petit rappel, est un oiseau légendaire persan qui a la capacité à renaître après avoir disparu dans les flammes, il est un symbole de résurrection. Le Port de Marseille, devenu Port Autonome puis Grand Port Maritime au grès des réformes, semble lui sur le point de renaître après une “annus horribilis” en 2010. Souvenez-vous…
La chute libre
Le 27 septembre 2010 commençait une grève, “encore une” pour certains habitués aux mouvements de ce port si particulier… Deux jours plus tard, déjà 16 navires étaient en rade, l’UFIP tirait la sonnette d’alarme “les mouvements sociaux, qui ne cessent d’entraver depuis plusieurs années le fonctionnement normal du Port de Marseille, compromettent la compétitivité et donc la pérennité du raffinage dans cette région.”
Début octobre, Reuters annonçait 39 bateaux en rade et le détournement des premiers paquebots de croisière vers Toulon et Sète.
Le 7 octobre, le “monde économique” contre attaque et lance le collectif “Touche pas à mon port !” : “Notre collectif rassemble tous les provençaux et marseillais, associations, salariés, entrepreneurs, professions libérales, artisans… qui ont décidé de s’opposer à la casse de notre port de Marseille par une poignée de nantis”. Une pub provoc et quelques jours plus tard, 50 bateaux sont en rade, et cette réaction fait polémique. Le conflit s’envenime sur fond de crainte d’une pénurie d’essence. Le 20 octobre, Sarkozy demande le déblocage de tous les dépôts de carburants.
21 octobre, près d’un mois de conflit social… La Croix titre “Les conteneurs se détournent du port de Marseille“, selon le collectif Touche pas à mon port, c’est 450 conteneurs qui sont perdus par le Port tous les jours ! Gênes, Sète et Barcelone se frottent les mains, des exportateurs locaux témoignent et expliquent pourquoi ils ont pris la décision de faire sans le Port de Marseille.
A ce stade, et après des décennies de perte de part de marché, on ne donne plus grand chose de ce qui fût le 4ème port mondial, admirablement décrit par Albert Londres dans “Porte du Sud”.
Le 30 octobre, la grève est terminée, 33 jours de conflit, 78 navires en rade, le GPPM tente de rassurer ses clients après une grève qui a “très fortement pénalisé les clients du port et la population, et fait peser de lourdes menaces sur l’avenir des sites industriels du territoire”. Mais ce n’est pas vraiment fini : la grève reprendra en février 2011 et la Cour des Comptes rendra public un rapport accablant sur le Port : l’occasion d’en remettre une couche sur la mauvaise gestion, les retards pris dans l’application de la réforme portuaire et la difficulté des entreprises locales à survivre.
“On se relève de tout, même des chutes sans fond”
Je sais, je l’ai déjà employée, c’est de Bertrand Cantat et j’aime beaucoup cette phrase. Pas sur que le Port soit tiré d’affaire, mais un an après la fin d’un conflit que tout le monde annonçait comme “la grève de trop”, celle qui tuera le port et l’économie locale, c’est le grand retour des bonnes nouvelles… Enfin, “plan plan ben plan”, ça ne fait qu’un mois qu’on ne trouve plus d’articles dénonçant le recul du trafic et des conteneurs.
Mi septembre, on annonce l’arrivée de Mattel et Maison du Monde. Fin octobre, La Provence : “Le grand port maritime reprend confiance malgré la crise“. Puis cette semaine, Les Echos titre “Le port de Marseille se réveille“, WK transport logistique parle de l’objectif client du Président de Marseille Europort, et le journal de la logistique en rajoute “Logistique : Lyon à la traîne, Marseille accélère” de bons résultats dus à l’activité portuaire et au retour du calme social.
Le directeur du port ne cesse de répéter que la question sociale est définitivement réglée et va prêcher la bonne parole pour tenter de récupérer des clients ayant jeté l’éponge ces dernières années. Et puis il y a le terminal croisières, Fos 2XL, 3XL etc.. on a envie d’y croire, de nouvelles lignes qui s’ouvrent, un trafic à la hausse, des emplois créés, des entreprises qui vont mieux… Le paradis ! On se dit qu’à Marseille, si le Port va, tout va, les problèmes de la ville n’ont-ils pas commencé avec le déclin du Port et la désindustrialisation qu’il provoqua ? L’âge d’or marseillais n’est-il pas contemporain d’un système industrialo-portuaire florissant ? Et pourquoi les marseillais s’étaient détournés de Napoléon à l’époque du Blocus Continental ?
Alors, oui, on a envie d’y croire. Mais on se dit que c’est pas réglé, que la CGT ne va pas abandonner comme ça, qu’il y a quelque chose d’anormal à voir l’industrie du loisir (Croisières, Centres commerciaux…) se substituer l’activité portuaire dans les bassins Est, qu’on se trompe peut-être, que l’âme de Marseille n’est pas là. Et on aimerait que les responsables locaux s’intéressent plus au Port, participent activement à sa gestion, à son rôle dans l’économie mais aussi dans le patrimoine historique, et donc l’image de marque de Marseille.
Je suis un optimiste de nature, mais il faudrait manipuler ce poussin-phénix avec soin…
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