À MPM, le tour de vis budgétaire n'atteint pas le boulevard urbain Sud

À MPM, le tour de vis budgétaire n'atteint pas le boulevard urbain Sud

Jeudi, le duel était entre présidents de la communauté urbaine. Annoncée par Guy Teissier (UMP), le nouveau, la hausse des impôts (taxe d'habitation et taxe foncière) avait été critiquée par Eugène Caselli, l'ancien. Ce vendredi, en conseil communautaire, ce dernier a redit son désaccord sur le diagnostic comme le remède. Le débat aurait pu tourner à la répétition de la vieille s'il n'avait reçu des renforts des bancs de la gauche. Au nom du nouveau groupe "Pour un territoire solidaire", qui rassemble deux élus divers gauche et six communistes, le maire d'Ensuès-la-Redonne Michel Illac a dénoncé "une dramatisation quelque peu étonnante et très sélective quant au poids de la dette, ses origines et sa temporalité". À savoir 1,2 milliards en six ans de mandature Gaudin, 300 millions pour celle d'Eugène Caselli.

L'ancien président de la commission Finances, le socialiste Vincent Coulomb a embrayé. "Je suis surpris devant votre propre surprise Monsieur Teissier de la découverte des réalités financières de notre collectivité. Tous ces éléments étaient exposés très clairement dans les documents budgétaires […] Non, notre collectivité n'est pas au bord du gouffre, elle n'est pas en faillite et le préfet ne va pas nous mettre sous tutelle comme je l'ai entendu récemment."

Cela n'a pas empêché Laure-Agnès Caradec, présidente du groupe UMP, de fustiger l'"attitude irresponsable" de l'exécutif précédent sur cette question. Le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin s'en est tenu à un air connu : "Il y a 6 ans, la chambre régionale des comptes avait fait la radioscopie de MPM, sans concessions comme à son habitude. Puis vous avez fait un audit en arrivant en 2008. À aucun moment on n'a trouvé des choses qui auraient pu aller au parquet. C'est ma fierté de ne jamais avoir été dans cette situation". En aparté, Vincent Coulomb s'est dit un peu atterré par cette défense. "Pour lui, cela suffit de dire « on n'a pas truandé ». Mais le rapport de la CRC était très critique sur sa gestion financière !"

Le BUS en pole position

De manière très symbolique, le conseil a ensuite mis en route le prolongement du boulevard urbain Sud, resté en panne 600 mètres après son départ de la Pointe-Rouge en 2001. Le nouveau maire du 9/10 Lionel Royer-Perreaut (UMP) a mis en avant cet investissement pour "bien montrer que cette maîtrise des comptes publics ne signifie pas abandonner les grands projets structurants de notre agglomération". En tout cas pas ceux du Sud de la ville, a sussuré Marc Poggiale dans les rangs du groupe communiste. Ardemment défendu ces dernières années par le président Teissier, ce boulevard doit relier la future L2 et le littoral Sud, via Saint-Loup, Saint-Tronc, Mazargues…

En même temps que le "lancement de la concertation préalable" sur ce projet, la délibération adoptée ce matin ouvre la voie à la signature d'un partenariat public-privé (PPP), sur le modèle de celui de la L2. Il faudra d'abord passer par "l'évaluation préalable", étape légale obligatoire pour pouvoir recourir à ce type de contrat. Elle devra préciser "les motifs de caractère économique, financier, juridique et administratif".

Pour l'instant, l'argumentaire est très succinct. "Nos fonds propres ne nous le permettent pas", a avancé Guy Teissier. "C'est le seul moyen de faire le boulevard urbain Sud compte tenu des finances de la communauté urbaine", a approuvé Eugène Caselli. Vincent Coulomb s'étonne que l'on justifie ce recours au privé "parce qu'on n'aurait pas les moyens de souscrire un emprunt de 300 millions d'euros. Mais il va bien falloir le payer le PPP !" D'ailleurs, depuis 2011, les sommes dues au partenaire privé doivent être intégrées dans la dette au moment de la livraison de l'équipement.

Le PPP devra prouver sa légalité

La loi est d'ailleurs claire : l'argument des poches vides ne tient pas. Les PPP sont réservés à des projets particulièrement "complexes" ou présentant "un caractère d'urgence". À moins que la démonstration soit faite que cette solution est la plus économique. Mais il faut alors qu'"une analyse comparative de différentes options" le prouve. L'année dernière, la chambre régionale des comptes avait déjà tiqué sur la légèreté de la justification du choix du PPP pour le stade Vélodrome, s'attirant les foudres du maire de Marseille.

Un scénario se profile pour tenter de satisfaire à ces exigences : limiter le PPP au tronçon Florian – boulevard Paul Claudel. "Florian, c'est 100 millions d'euros environ, c'est la partie la plus chère car il faut faire des trémies (passerelles routières, ndlr)", a noté Eugène Caselli. Florian, c'est surtout l'échangeur sur lequel viendront buter tous les jours les milliers d'automobilistes en provenance de la L2, lorsqu'elle sera mise en service en 2016/2017. Ce qui pourrait être une bonne définition de "l'urgence". D'ici là, Guy Teissier a rendez-vous avec Jean-Noël Guérini, qui avait promis il y a un an de mettre au pot. L'État est bien entendu également attendu au tournant.

Lionel Royer-Perreaut est en tout cas pressé d'avancer d'ici à l'arrivée de la métropole au 1er janvier 2016 : "Je trouve très pertinent que nous soyons prêts sur les études et le financement au moment de la bascule, pour pouvoir directement entamer les travaux". Plus tard, il dira l'importance que le BUS "soit dans la corbeille de la mariée" de la future collectivité. Dans cette optique, un contrat bouclé et signé, avec des clauses de rétractation dissuasives, est une bonne manière de s'assurer que le chantier ne sera pas une nouvelle fois enterré, quitte à forcer la main de la nouvelle institution.