Après notre tribune, l’embarras du salon Jeunes d’avenir pour comptabiliser les embauches
Le témoignage publié jeudi par Marsactu d'un travailleur social mettant en cause l'efficacité du salon Jeunes avenir n'est pas passé inaperçu. Organisateur et partenaires ont pris soin de justifier leur démarche lors du cocktail de fin d'événement. Mais ils reconnaissent que l'évaluation du nombre de contrats effectivement signés est difficile et mettent l'accent sur les autres aspects du salon.
Photo : Bruno Ruiz.
Au palais des évènements du parc Chanot, les gilets jaunes s’affairent en nombre impressionnant auprès des jeunes. Près d’une centaine d’entre eux sont des salariés de Pôle emploi et de la mission locale de Marseille, soit les deux tiers des troupes. Combien ont lu le coup de gueule de leur collègue, publié par Marsactu le matin même, qui met en doute l’efficacité de ce salon Jeunes d’avenir en terme d’embauches ?
Celui-ci n’a pas échappé aux cadres des deux services publics de l’emploi, présents en tant que partenaires de cette deuxième édition de Jeunes d’avenir pour faire le tour des stands avec l’organisateur AEF. “Je ne comprends pas qu’on puisse vouloir casser ça”, fulmine Brigitte Cavallaro, directrice de la mission locale de Marseille. Mais plus tard, à la tribune du cocktail de clôture, elle promet d’être “très attentive au retour, au nombre de postes”. Et le discours de la patronne de l’événement, la directrice générale du groupe AEF, Danielle Deruy, face à l’équipe du salon sonne comme une réponse indirecte. Longuement, elle explique les efforts faits par l’organisation pour comptabiliser les postes pourvus. Elle cite notamment l’événement bilan organisé le 15 septembre à la Cité des métiers, où les jeunes qui sont passés ce jeudi seront invités à faire un retour d’expérience.
En aparté, elle admet avoir entendu le directeur régional adjoint de Pôle emploi, Jérome Marchand-Arvier, s’interroger sur l’affichage du nombre d’offres proposées, sur l’air de “ça fait quantitatif”… Mais cela permet aussi de “vendre” l’événement auprès de la presse. “5000 emplois demain à Marseille”, titrait la une de La Provence l’année dernière. “8500 offres d’emplois rien que pour les jeunes”, surenchérissait l’article au lendemain du salon.
“Difficile à évaluer”
On revient à la question clé : pour combien d’embauches ? “En première édition, c’est très difficile à évaluer, nous répond Danielle Deruy. Mais arrivons aujourd’hui à bien le faire sur Paris.” Selon le bilan envoyé aux partenaires du salon parisien, qu’elle a accepté de nous faire parvenir, 9 % des jeunes déclarent avoir trouvé un emploi deux mois après leur passage, 11 % une formation. Et ils sont respectivement 27 % et 31 % à “penser en trouver”. Mais outre l’ambiguïté de la formulation “suite au salon” du questionnaire envoyé par AEF, le caractère représentatif de l’échantillon (400 jeunes ayant accepté de répondre sur environ 13 000) n’est pas garanti.
Mais pourquoi vouloir tenter d’atteindre des milliers de personne quand il suffirait d’interroger la centaine de recruteurs présents ? “Avec les entreprises, ce n’est pas la peine, on n’y arrive pas, justifie Danielle Deruy. À partir du moment où les candidats entrent dans le service ressources humaines, on perd l’origine du contact.” À Pôle emploi, Jérôme Marchand-Arvier confirme : “On essaie de faire cette évaluation dans nos forums, c’est compliqué. Les entreprises nous répondent « on s’est constitué un vivier ». Un vivier ça n’est pas un emploi…”
Parcours du combattant
Lui aussi promet d’être “attentif” au bilan qui sera effectué à l’automne, mais estime qu“‘en tant que service public de l’emploi, c’est notre place d’être ici. Des forums, on en organise presque quotidiennement, 200 par an dans la région. Jeunes d’avenir n’est pas un simple forum, il est pensé comme un parcours avec le bar à CV, les ateliers, le coaching.”
“Parcours”. À la mission locale, Brigitte Cavallaro tient également à ce terme. “Être écouté, accueilli par des DRH, des structures de l’emploi, rien que ça c’est positif pour un jeune. À ce niveau-là le résultat est atteint.” Une manière de dire que tous les visiteurs ne décrocheront pas le Graal du CDI… Qui ne constitue d’ailleurs qu’un tiers des offres. Dans ce parcours du combattant, “toute initiative est bonne à prendre”, insiste Jérôme Marchand-Arvier. Mais toute initiative demande des moyens, dont il n’est pas interdit d’interroger l’affectation.
Commentaires
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La mise en scène de toutes ces manifestations masque mal l’impossibilité dans laquelle se trouve notre système économique de créer suffisamment d’emplois. Il y a bien des emplois qui ne trouvent pas preneur, mais ce sont souvent des emplois peu intéressants et/ou mal payés, des postes de travail où le turn-over est important. Les demandeurs d’emploi placés là ressortent du marché du travail peu après, laissant place à d’autres placements du même type.
La bonne création d’entreprises et la bonne création d’emplois sont celles qui se font en direction de demandes montantes, qu’il faut évidemment identifier. Les formations en direction des laissés pour compte doit être très pédagogique pour réussir. Les évaluations qui sont faites permettent-elles d’en juger ? La formation en direction des qualifications nouvelles requises dans les domaines nouveaux, doit anticiper sur l’apparition de nouvelles demandes, pas être en retard.
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Il serait intéressant d’avoir une idée du coût d’un tel événement, la location du lieu, la communication, les salariés mis à disposition, la logistique (ordinateurs, cocktail, fournitures…).
On peut s’interroger sur le rapport entre l’investissement et la réelle plus value pour le public ciblé.
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Fredo, la cible de ces manifestations ne serait-elle pas plutôt l’opinion publique, pour lui montrer qu’on en fait un maximum pour l’insertion des demandeurs d’emploi ? Accessoirement, responsables de tous ces organismes et élus en charge de l’emploi, se produisent à la tribune, espérant un bénéfice de notoriété. Les médias les médias sont là pour répandre images et discours.
Combien ça coûte, quelle est l’efficacité réelle de ces manifestations, constituent effectivement de bonnes questions !
On aimerait d’ailleurs savoir quel est de budget de Pôle emploi, des Missions locales, de tous les organismes subventionnés et de toutes les actions financées par l’Etat, sans oublier l’université et les chercheurs qui travaillent sur les questions de l’emploi (et qu’ont-ils trouvé, on n’en entend jamais parler ?), enfin, combien de milliards sont sacrifiés sur l’autel du chômage. J’ai l’impression que si ces milliards étaient utilisés pour ouvrir des chantiers d’intérêt général dans les villes, aider les projets de création d’entreprise prometteurs d’emplois, alphabétiser et former les exclus du monde du travail, ce serait beaucoup d’emplois créés et de bonheur distribué.
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